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À quoi s’attendre lorsqu’on va consulter en thérapie sexuelle? (3e partie)

Une fois que les entrevues d’évaluation sexologique sont terminées, le thérapeute expose à son ou ses clients sa compréhension des difficultés rencontrées. C’est ce qu’on appelle une «compréhension clinique». Chaque personne ayant son propre vécu, on ne peut expliquer chaque problème similaire de manière identique d’une personne à l’autre et ce, même s’il y a souvent des dénominateurs communs à une même problématique. Voici un exemple pour illustrer ce fait :

Un problème de vaginisme chez deux femmes peut comporter des causes identiques ainsi que des causes différentes. Rappelons que le vaginisme est un «spasme involontaire répété ou persistant de la musculature du tiers externe du vagin, perturbant ou empêchant le coït». Or, la première femme a pu être victime d’un abus sexuel dans son enfance et ce traumatisme constitue l’origine du problème. Autrement dit, les contractions involontaires de sa musculature vaginale sont un mécanisme réflexe de protection contre un danger potentiel. Même si la femme aime son partenaire et désire réellement avoir une relation sexuelle avec pénétration avec lui, son corps est en mode défensif contre toute forme d’intrusion dans son vagin, qui a été jadis été la proie d’un agresseur.

Quant à la deuxième femme, l’origine de son trouble sexuel peut être attribué à une éducation religieuse stricte à l’égard de la sexualité et le fait de s’être fait répéter par ses parents qu’une bonne fille ne doit pas avoir de relation sexuelle avant le mariage et que les filles qui aiment le sexe sont des putes, etc. Elle a pu aussi recevoir des messages apeurants au sujet de la première relation sexuelle qui, selon les dires de certaines amies, est très douloureuse. Or, si cette femme enfreint les valeurs morales qui lui ont été transmises en ayant une relation sexuelle avec son amoureux avant le mariage, le fort ancrage des messages qu’elle a reçus est suffisant pour provoquer un vaginisme. Même si elle désire son partenaire, sa culpabilité peut être suffisamment puissante pour l’empêcher de s’ouvrir sexuellement à lui. La peur de la douleur étant aussi un facteur qui vient renforcer le réflexe involontaire des spasmes vaginaux.

Sur le plan physiologique, les tensions corporelles et les réflexes de se contracter sont des facteurs impliqués dans la cause et le maintien du problème de ces deux femmes et d’ailleurs, de toute femme souffrant de vaginisme. Il est également possible qu’elles aient toutes les deux des peurs d’anticipation de la douleur à l’approche de la pénétration qui viennent contribuer au problème. Leurs différentes pensées et croyances entourant les hommes, les femmes et la sexualité peuvent être teintées de leurs expériences réciproques et contribuer à leur problème, du fait qu’elles sont irréalistes. Par exemple, l’une peut percevoir les hommes comme étant tous des agresseurs potentiels indignes de confiance, ne pensant qu’à l’assouvissement de leur propre plaisir et considérant la femme comme étant un objet servant à répondre à leurs besoins sexuels. Même si elle sait consciemment que son amoureux l’aime réellement et qu’elle peut lui faire confiance, la profondeur de son traumatisme est plus forte que son rationnel et maintient son vaginisme.

Quant à l’autre femme, elle a pu apprendre de sa mère dès son adolescence, de se méfier des jeunes hommes qui peuvent la mettre enceinte et la laisser ensuite, que les garçons à cet âge ne pensent qu’au sexe et ne veulent pas s’engager réellement et que même plus tard, il faudra se méfier d’eux parce que tous les hommes ont un penchant pour le sexe et se montrent souvent infidèles… Pour renforcer cette croyance, elle a pu connaître des jeunes femmes qui ont été trahies par leur petit ami. Sa méfiance envers les hommes et sa peur de se faire avoir par eux, associées aux autres facteurs mentionnés plus tôt, contribuent aussi à son vaginisme. Avec ce parallèle entre deux femmes souffrant de vaginisme, nous sommes donc à même de constater des liens communs dans l’origine de leur problème, de même que des distinctions. Bien d’autres éléments auraient pu être soulevés car il y a tout un éventail de facteurs à considérer qui sont impliqués dans une problématique sexuelle.

Or, lorsque le thérapeute présente sa compréhension clinique, il dégage tous les liens qu’il fait pour expliquer le problème présenté. Qu’est-ce qui l’a déclenché à l’origine? Quels sont les différents facteurs qui y ont contribué? Quels sont les facteurs qui par la suite s’y sont ajoutés et qui contribuent soit à maintenir le problème en place ou à l’aggraver? Des «facteurs déclencheurs», des «facteurs causals » et des «facteurs de maintien» sont donc identifiés par le thérapeute. Et ces facteurs peuvent être de tout ordre, comme nous l’avons vu à travers les informations recueillies lors de l’évaluation. On peut dégager ces facteurs selon différentes dimensions de l’être humain :

l Comportements: apprentissages faits au cours des différentes expériences sexuelles, gestes et attitudes diverses impliqués dans la vie sexuelle.

l Cognitions : connaissances acquises, pensées, croyances, perceptions, valeurs, fantasmes…

l Émotions : Colère, peine, joie, anxiété (en lien avec les cognitions et les comportements)

l Sensations : sensations physiques reliées au toucher, sensations corporelles reliées aux émotions.

l Relation : dynamique relationnelle entre les partenaires, communication, intimité, engagement, passion, etc.

l Organique : tout ce qui a trait à l’aspect physique et biomédical.

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