L’homme de 52 ans sur son lit d’hôpital.
Cet homme de 52 ans est resté impuissant devant le groupe mené, dit-il, par son gendre habitant Vallée-des-Prêtres et venu, «kidnapper» ses deux petits-enfants. Le mari de sa fille et ses proches auraient également saccagé sa maison et agressé tous ceux présents. Bilan : dix blessés dont un dans un état critique.
Il se remet lentement de ses blessures et du choc. Muslim Khan Abdoolakhan a une entaille au cou après avoir reçu un coup de poignard, dans la nuit du jeudi 22 mars. Il a toutefois été autorisé à quitter l’hôpital hier matin. L’homme de 52 ans revient sur cette soirée fatidique où sa famille et lui ont vécu l’horreur. Un moment de joie – la fille de Muslim, Nabila, fêtait ses 22 ans – qui s’est transformé en bagarre sanglante.
Bilan : huit blessés dans sa famille dont un dans un état critique aux soins intensifs de l’hôpital du Nord. Un inspecteur de police et un journaliste ont également été agressés par un groupe de personnes mené, selon Muslim Khan, par Azam Sayed, l’époux de Nabila. Ils sont séparés depuis le 12 mars. Azam Sayed, aidé des siens, aurait d’abord kidnappé ses deux enfants une fillette d’un an et demi et un garçonnet de quatre mois. Ensuite, la bande se serait attaquée à tous ceux présents au domicile des Abdoolakhan et aurait saccagé la maison.
Vers 22h50 ce soir-là, la police a été mandée au domicile des Abdoolakhan suite à une requête sur le 999. Quand les représentants des forces de l’ordre sont arrivés sur place, ils ont trouvé Mamode Sayed et ses deux fils Azam et Sabeer devant la maison. Les trois hommes étaient hostiles, à en croire les policiers qui les connaissent bien car ils seraient tous trois fichés. Selon une source policière, l’un d’eux vient d’être libéré sous caution dans une affaire de bearing offensive weapons.
La police aurait tenté de les ramener à l’ordre, en vain. Peu après, un groupe d’au moins 20 personnes les aurait rejoints, aux dires des policiers présents sur place. Sabeer Sayed aurait alors commencé à saccager un fourgon de la police qui était en stationnement. Les autres auraient, quant à elle, lancé des pierres sur la maison avant d’agresser ses occupants.
Muslim Khan Abdoolakhan qui se trouvait à l’intérieur souligne que la scène était cauchemardesque : ««Ils avait des poignards et d’autres armes tranchantes avec eux. Il n’y avait que trois policiers au début. La Special Supporting Unit est arrivée deux heures plus tard. Un policier a été blessé en voulant nous protéger. Mon beau-frère est sorti pour tenter de faire entendre raison à Azam et aux siens mais mon gendre lui a dit “to dernier zour zordi”, avant de l’agresser avec une brique. C’est lui qui se trouve aujourd’hui aux soins intensifs. Les autres l’ont ensuite roué de coups avant de pénétrer dans la maison pour kidnapper les deux enfants de ma fille.»
Muslim Khan, son épouse Bibi Nooreza, leurs filles Tanzeela et Nabila ont aussi reçu des coups de même que trois autres personnes présentes : Kiran Etwaroo, son cousin Raja, et Ananda Ramoodoo.
Azam et les siens seraient venus sur place car ils auraient eu vent qu’une petite fête avait été organisée pour les 22 ans de Nabila et que les Etwaroo étaient là. «Azam qui veut que ma fille retourne chez lui, croit qu’elle sort avec un des garçons Etwaroo. Ce n’est pas son problème. Kiran Etwaroo et les deux autres travaillent comme maçons. Je les ai conviés chez moi après le travail pour fêter l’anniversaire de ma fille. Je profitai aussi de l’occasion pour les remercier pour le boulot formidable qu’ils ont fait lors de la construction d’une maison à l’étage», précise Muslim Khan.
Un mari «violent»
Il précise aussi que sa fille a quitté son époux, avec qui elle avait fait un nikah trois ans auparavant, parce que celui-ci l’aurait frappée à plusieurs reprises. Après leur dernière dispute, le 12 mars, Azam aurait déposé Nabila chez son père avec ses enfants et ses bagages.
Ce 12 mars, Muslim Khan avait d’ailleurs porté plainte contre son gendre et le frère de celui-ci, Sabeer, pour tentative de meurtre. Azam avait voulu, allègue-t-il, le tuer à l’aide d’une voiture qu’il conduisait. Il aurait également tabassé l’épouse de Muslim Khan qui s’était, par la suite, rendue à l’hôpital Jeetoo avec un Form 58.
Et selon Muslim Khan, ce n’est pas la première fois qu’Azam fait un «kidnapping» : «Il avait forcé ma fille à le suivre. Puis, il a contracté un nikah avec elle. À l’époque, j’avais été admis à l’unité des soins intensifs pendant cinq jours après avoir eu un grand choc émotionnel. Mes ennuis avec mon gendre ont commencé à partir de là.»
À l’heure où nous mettions sous presse hier, Azam Sayed, qui est chauffeur de taxi, ainsi que son père et son frère étaient toujours recherchés par la police. Et Nabila n’avait toujours pas retrouvé ses enfants.
Un policier et un journaliste également agressés
Ils ont reçu des coups dans l’exercice de leurs fonctions. L’inspecteur Narain Deehoo, affecté à la District Supporting Unit de Port-Louis Nord, a dû se faire poser plusieurs points de suture à la tête après avoir reçu un coup avec une arme tranchante lors des incidents à cité Martial jeudi. Son entourage explique qu’il a eu beaucoup de chance car ce coup aurait pu lui être fatal s’il avait été porté cinq centimètres plus bas. Toujours selon son entourage, il a fait de son mieux pour éviter le pire.
Florian Lepoigneur, journaliste à l’express.mu, a lui aussi été agressé. Il tentait de prendre des photos de ceux présents devant la maison des Abdoolakhan quand il a reçu des coups à la tête et au visage. Il doit son salut à de bons Samaritains qui sont venus à son secours. L’Union syndicale des employés de presse, par le biais de son président Patrick Yvon, a vivement condamné l’agression de notre confrère dans un communiqué.
Le service de presse de la police : «La police a agi avec efficacité»
Le Police Press & Relations Office est catégorique : «La police a agi avec efficacité.» Cela fait suite aux nombreuses rumeurs disant que la Special Supporting Unit (SSU) a trop tardé à intervenir à cité Martial. Le PC Mooroogan apporte des éclaircissements : «La police a d’abord tenté de négocier avec les manifestants comme le veut la procédure. Nous avons donc assess la situation avant de faire un déploiement. Je précise que l’Emergency Response Service et la District Supporting Unit se trouvaient sur place 15 minutes après l’appel à l’aide sur le 999. Les policiers de Plainte-Verte et de Vallée-Pitot les ont rejoints. La police a agi vite après cette requête. Il y avait déjà des gens là-bas lorsque la police est arrivée. Je précise aussi qu’une unité complète de la SSU a été mandée sur place pour ramener l’ordre. Il y avait plus de 100 policiers. La Special Mobile Force était également en mode sentry.»