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SOS de papas… en détresse

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Darmen Appadoo affirme se battre au quotidien pour être un père pour ses enfants.

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Une réunion avec Mireille Martin, la ministre de l’Égalité des genres, a permis au président de l’association d’exposer les préoccupations et les difficultés des papas divorcés.

Ils ont parfois l’impression d’être oubliés, d’être mis de côté. Pourtant ces pères divorcés ne souhaitent qu’une chose : avoir une place de choix dans la vie de leurs enfants.

Le premier sourire de son fils… Il en a rêvé des nuits entières. Il s’est imaginé le moment où son enfant se tournerait vers lui et ferait naître, à son tour et sans le savoir, le sourire dans ses yeux à lui. Il a vécu des centaines de fois ce moment qu’il imaginait heureux dans sa tête. Pourtant, Darmen Appadoo a dû attendre plusieurs mois avant de pouvoir tenir son enfant dans ses bras. Il ne l’a pas vu naître. Il ne l’a pas vu découvrir le monde. Divorcé de la maman de son petit prince, avant même la naissance de ce dernier, l’homme a connu la plus vive des douleurs… La douleur d’un père.

Et c’est ce sentiment destructeur, explique-t-il, qui l’a poussé à lancer une association pas comme les autres : SOS Papa. Elle regroupe des papas divorcés qui ont des difficultés à obtenir un droit de visite et qui ont besoin d’aide pour les nombreuses démarches en cour. Elle rassemble ces pères qui partagent la même souffrance : celle de ne pas voir grandir leurs enfants.

Il y a quelques jours, des représentants de SOS Papa ont obtenu une rencontre avec Mireille Martin, la ministre de l’Égalité des genres. Un moment pour discuter de tout ce qui, dans le système légal mauricien, prive le père du droit de «s’occuper de son enfant», explique le président de l’association (voir hors-texte).

Darmen est bien placé pour aider les pères qui viennent vers lui. Aujourd’hui, son fils aîné a 13 ans : «Il m’a fallu attendre plus d’un an après sa venue au monde pour le voir. Avant que la cour ne décide de m’accorder un droit de visite, je n’avais pas la possibilité de m’approcher de lui.» Et c’est avec beaucoup de difficulté qu’il a pu tisser un lien avec lui. Malgré la distance, malgré les absences, il essaie d’être un «bon» père : «C’est mon rôle.»

Et les années qui passent ne rendent pas plus facile sa «mission» : «Je ne vois pas mon fils depuis des mois.» En ce mercredi 21 mars, alors que nous le rencontrons chez lui à Port-Louis, il se prépare pour aller à un rendez-vous à la Family Protection Unit. Pour continuer à avoir un lien avec son garçon, le combat est perpétuel : «L’aliénation parentale… On n’en parle pas. Pourtant, c’est un énorme problème qui cause des dégâts importants à la relation avec nos enfants.»

La faute du mari

Ce n’est pas parce qu’une histoire d’amour prend fin, estime-t-il, que le père doit être mis à l’écart dans le cheminement de son enfant. Ce n’est pas parce qu’un couple se brise que c’est la faute du mari : «Nous sommes stigmatisés. C’est toujours de notre faute. Personne n’est là pour entendre notre voix.»

Pour voir ses deux autres enfants, de 7 ans et 5 ans, issus d’une autre union, il s’est aussi longtemps battu : «Avoir un ordre de la cour, ça prend du temps et ça nécessite de l’argent pour les frais d’avocat et d’avoué.» Mais, de toute façon, quatre heures par semaine à passer avec ses trésors, ce n’est pas suffisant, estime-t-il. Impossible de tout rattraper, de tout vivre, de tout découvrir alors que les minutes s’égrènent si rapidement. Darmen se dit victime d’un système qui met, selon lui, les droits de la femme au centre de tout : «Elle a droit a une pension alimentaire, obtient naturellement la garde des enfants… Où nous situons-nous, nous les pères ?»

De l’amertume, beaucoup d’amertume. Denis partage également ce sentiment. Il ne fait pas partie de l’association SOS Papa mais il y pense : «Ce n’est pas trop dans ma nature de parler de mes problèmes. Mais je trouve l’initiative bonne.» C’est vrai que comme beaucoup d’autres hommes, Denis ne souhaite pas se dévoiler : «Ce n’est pas une honte mais bon…Je n’ai pas envie que les gens me reconnaissent.» Pourtant, selon Darmen, plus d’hommes devraient venir de l’avant – comme lui – pour faire avancer la cause des papas divorcés.

Cela fait deux ans que Denis s’est séparé de sa femme et voit sa fille quelques heures par semaine : «Elle grandit trop vite. Parfois, j’ai l’impression d’être un étranger.» Nouvelle vie, nouvelle donne : il n’est plus là tous les matins pour la réveiller : «C’est dur.» Au quotidien, il est conscient de manquer de centaines de petites choses : «L’achat de son dernier sac à dos Hannah Montana, par exemple. Ce n’est peut-être rien. Mais pour moi ça veut dire beaucoup. Je ne sais pas pourquoi.»

Son histoire ? Rien de plus banal : «Je suis tombé amoureux de quelqu’une d’autre et je suis parti.» Au final, il a perdu sa maison et doit louer un appartement : «Il me faudra encore du temps pour investir dans une nouvelle construction.» Il a également perdu la relation privilégiée qu’il entretenait avec sa princesse de 8 ans : «Je ne sais pas ce que sa mère lui raconte ! Mais, entre nous, ce n’est plus la même chose.» En sa présence, elle se montre parfois timide, parfois réticente aux câlins : «J’essaie de combler avec les cadeaux et les sorties mais je sens bien que ça ne suffit plus.»

Parfois, il regrette même son choix : «Est-ce que partir pour un coup de cœur vaut la peine, au final ?» Difficile pour lui de répondre à cette question. Dans la balance des sentiments, il n’y a pas de juste mesure. Il est amoureux, oui. Mais rien ne semble effacer sa douleur de père.

Une rencontre, de l’espoir

Discuter avec les autorités. C’était le souhait de l’association SOS Papa, qui compte une cinquantaine de membres. Elle l’avait fait savoir lors d’une protestation pacifique qui s’était tenue en face des locaux du ministère de l’Égalité des genres, le 6 décembre 2011. Il y a quelques jours, Darmen Appadoo a donc rencontré la ministre de tutelle, Mireille Martin. «Une bonne rencontre dans une atmosphère cordiale», nous dit-il. Néanmoins, pour l’instant, il n’y a pas de retombées positives ni de décisions prises : «J’ai exprimé le point de vue de l’association, nos problèmes et nos préoccupations.»

Difficulté d’obtenir la garde d’un enfant si on est un papa, problèmes liés au droit de visite et à la pension alimentaire, manque d’encadrement pour le père et préoccupations concernant l’épanouissement des enfants dans leur milieu… Ce sont les différents sujets qui ont été abordés lors de cette rencontre. «Nous avons vu des cas où l’enfant a été tué par le nouveau concubin de la mère. Et si l’enfant est confié au papa quand la maman ne peut assumer son rôle ? Ce doit être possible plus souvent», a préconisé Darmen.

Cette rencontre est un pas en avant pour l’association : «Peut-être que désormais les choses bougeront un peu.»

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