L’ex-détenue souhaite désormais sensibiliser les jeunes aux dangers de la drogue.
Elle s’apprête à écrire un nouveau chapitre de sa vie. Après dix années d’incarcération à la prison des femmes à Maurice, cette Sud-Africaine espère prendre un nouveau départ.
Rêve de liberté… De sa cellule à la prison des femmes à Beau-Bassin, Rose (prénom fictif), regardait inlassablement le monde extérieur. Elle s’imaginait à quoi ressemblerait sa nouvelle vie une fois qu’elle serait enfin sortie de ces quatre murs qui l’ont emprisonnée pendant dix ans. Elle pensait à sa famille qui l’a toujours soutenue, à son fiancé qui l’attend depuis toutes ces années, à son pays, l’Afrique du Sud.
Le rêve de Rose, condamnée pour importation d’héroïne en 2002, est aujourd’hui en passe de devenir réalité. Cette Sud-Africaine de 38 ans rentre dans son pays rejoindre les siens avec une relaxe de 27 mois sur sa peine qui devait normalement prendre fin en 2014. Enfin, elle pourra les revoir, les serrer dans ses bras en femme libre. Ses sentiments sont confus. Le bonheur d’être de nouveau libre est une douce sensation vite rattrapée par la peur de se retrouver de nouveau dans la société civile sans repères et la tristesse de quitter les autres prisonnières devenues au fil du temps sa nouvelle famille.
Au cours de ces longues années d’emprisonnement, elle a connu de nombreuses difficultés, celle de la barrière de la langue d’abord mais aussi celle de l’adaptation avec les prisonnières venant de différentes cultures : «J’ai dû me battre pour me faire respecter et ne pas subir la domination de certains gangs. J’ai appris plusieurs choses en prison : que quelqu’un qui vous sourit n’est pas nécessairement votre ami et quelqu’un qui vous donne quelque chose n’a pas forcément une bonne intention.»
Rose a aussi été marquée, à son entrée en prison en 2002, par le manque d’hygiène et les punaises : «À l’époque, nous n’avions pas de toilettes, mais avec le temps il y a eu beaucoup de changements. Nous avons aujourd’hui la possibilité de téléphoner à nos proches, ce qui n’était pas possible au début de mon incarcération.»
De son passé en Afrique du Sud et des raisons qui l’ont conduite en prison, nous ne saurons que peu de choses sinon qu’elle travaillait à l’époque comme help-desk operator dans une société informatique après avoir après décroché un certificat en Computer Technology et qu’elle n’est pas, affirme-t-elle, une consommatrice de drogue : «Je suis une victime de dealers de drogue. Je suivais depuis l’adolescence un traitement psychiatrique car j’étais très agressive et dépressive.» Elle n’en dira pas plus.
Réhabilitation
Rose préfère en rester à ses 10 ans de prison à Beau-Bassin, revenir sur ses journées routinières à la prison de Beau-Bassin. Réveil à 6h15 du matin, puis nettoyage, thé, bain, activités, déjeuner à 11 heures, dîner à 15h30, et retour en cellule à 17 heures. Malgré l’emprisonnement, la jeune femme dit n’avoir jamais baissé les bras et remercie l’administration pénitentiaire de lui avoir donné les facilités nécessaires pour persévérer.
C’est ainsi que grâce aux classes de réhabilitation offertes par l’administration pénitentiaire, elle a décroché un National Trade Certificate level 3 (NTC3) avec double distinction dans la confection de vêtements. Les barreaux ne l’auront pas empêchée de poursuivre ses études. Elle enchaîne ensuite avec des études de loi à distance, financées par son père – pendant trois ans à l’UNISA, une université d’Afrique du Sud – mais devra finalement y mettre un terme suite à un problème financier.
Aujourd’hui, Rose se dit consciente du mal qu’elle a causé à sa famille : «Je me sens coupable d’avoir déçu mes proches mais j’ai payé pour ma faute et cela restera à jamais gravé dans ma mémoire.» Épuisée par ses dix années d’incarcération, elle préfère toutefois se concentrer sur l’avenir. Consciente de la seconde chance qui s’offre à elle, Rose nourrit désormais de grands projets pour son avenir : «La première chose que je ferai une fois à la maison sera de profiter de ma famille et des gens que j’aime.»
Forte de son vécu et de son expérience derrière les barreaux, elle veut mettre à contribution sa propre histoire afin de sensibiliser les jeunes face aux dangers de la drogue : «Je veux mener des campagnes de sensibilisation dans les écoles et les universités, témoigner de ma propre histoire, comment je me suis fait prendre, les conséquences de mon acte afin que les autres ne fassent pas la même erreur.»
Aujourd’hui libre, Rose compte prendre sa vie à bras le corps et profiter de sa nouvelle liberté et de sa nouvelle vie.…