Ils étaient nombreux hier à défiler dans les rues de Port-Louis pour une nouvelle île Maurice.
«We have a dream», disent-elles. Quelques centaines de personnes ont marché hier dans les rues de la capitale pour dire qu’elles veulent d’une autre île Maurice.
Un changement. Pour une république meilleure. C’est ce qu’ont réclamé ceux qui ont participé à une marche qui est partie de Bell-Village pour rejoindre l’hôtel du gouvernement hier, samedi 10 mars. Ils étaient quelque centaines à avoir répondu à l’appel des organisateurs de cette manifestation pacifique, ayant pour thème Ver enn nouvo repiblik, qui avait été précédée d’une campagne sur Facebook.
Lors de la marche, des petits pamplets sont distribués, où chacun doit écrire son rêve pour une nouvelle république. Ils seront ensuite mis dans une boîte qui ira aux quatre coins de l’île. Et les panneaux s’élèvent fièrement : We have a dream, Ar nou non, Real democracy now.
Artistes, travailleurs sociaux et simples citoyens sont là ainsi que plusieurs associations et syndicats : la Confédération Syndicale de gauche, le Blok 104, Resistanz ek Alternativ, la General Workers Federation. Bruno Beessela, Vasen Ponosawmy et Sundar Ramnarain sont là aussi. «Nous cherchons notre liberté.Outre notre combat pour le port, nous sommes ici pour que les choses bougent», dit le premier.
D’autres, comme Manoj Boojhawon répondent toujours présents : «Je suis là pour la plupart des marches, si c’est pour la bonne cause, je suis là !» Lauv Mungur, 29 ans, rempli et aussi son devoir de «citoyen»: «Je suis confiant qu’une marche symbolique comme celle-ci peut commencer à faire bouger les choses.»
De son côté, Shimanda Mungur, 27 ans, occupée à faire du face painting aux couleurs de notre quadricolore, lance : «Nous sommes contre le cloisonnement, et pour la culture mauricienne, qui est pour moi une culture de mélange.»
Djouneid Fatteemamode, 28 ans, qui a porté la fameuse boîte durant toute la marche, surenchérit : «Cette marche est symbolique, toutes les composantes de notre nation s’y trouvent, c’est déjà très bien.» Stephan Gua du Blok 104 approuve : «Regardez combien de gens il y a, venant de toutes les communautés, pour supporter le processus !» Aussi du Blok 104, l’écrivaine Shenaz Patel insiste, elle, sur le fait que «ce n’est pas une marche d’indignation, c’est une marche pour la construction de quelque chose».
Et alors que Sheila Bunwaree, chargée de cours à l’université de Maurice, met l’accent sur «une remise en question du système, en prenant en compte la justice sociale surtout», le travailleur social Danny Philippe souligne qu’«il fallait venir supporter cette marche, car nous sommes nombreux à vouloir des changements, concernant notamment le communalisme».
À 16 heures, deux heures après le début de cette marche, émaillée de sons de djembés, de guitares, de batterie (Jeff Lingaya et son kit à l’arrière d’un 2x4 !), de slogans (Pa pran nou pou toutou, Kominalis nou pa lé !), Ashok Subron, l’un des chefs de file, affiche le sourire. «Je suis très satisfait, mais il ne faut pas oublier que les activités pour Enn nouvo repiblik continuent. La boîte remplie de rêves va faire le tour de l’île, il y aura des causeries et des forums dans différents quartiers, qui vont culminer en un grand forum le 1er septembre.»
La marche n’est pas finie. En fait, il semble qu’elle vient tout juste de commencer…
Deux arrestations cependant…
Deux personnes ont été arrêtées après la marche, avons-nous appris de source sûre. L’arrestation serait survenue après que l’un des deux a refusé à bouger un véhicule devant l’hôtel du gouvernement. L’autre serait intervenue et la police a finalement arrêté les deux. Elles ont été relâchées sur parole par la suite mais deux charges pèsent sur elles : obstructing a passageway et obstructing a police officer in the performance of his duty.