Racontez-nous votre engagement pour la communauté LGBTQ+ ?
J’ai toujours été révolté contre toutes les formes d’injustice. J’ai rejoint le Collectif Arc-En-Ciel en 2009, quand j’ai vu la pride pour la première fois. Cela tombait à pic car je pensais être le/la seul(e) à être différent(e). Puis, cela m’a semblé flagrant, évident, de se battre pour des humains qui ne veulent qu’aimer librement et exister sans être jugés et en étant respectés, pas juste tolérés comme on tolère un embouteillage, un mal de dent. Je ne suis pas quelque chose de négatif. Je suis un humain et je demande qu’on me respecte. Pour moi, l’amour, c’est un beau sentiment, si ce n’est le plus beau de tous, et pour moi, c’est incompréhensible qu’en 2020, il y ait besoin d’une organisation, d’une marche, pour se battre afin de pouvoir aimer librement. Comment est-ce possible qu’en 2020, l’article 250 existe et empêche deux adultes consentants de s’aimer et d’exprimer leur amour ? Comment est-ce possible qu’en 2020, les crimes haineux basés sur l’orientation sexuelle ou l’identité du genre ne soient pas punis et que les personnes homosexuelles ou transgenres ne soient pas protégées par les lois, alors que ce sont des Mauriciens qui contribuent à l'économie ?
La marche des fiertés devait avoir lieu le 6 juin mais a été annulée à cause de la crise sanitaire. Quelle est l’importance de cette Pride Month pour les personnes de la communauté LGBTQ+ ?
Cette Pride Month est encore plus importante cette année. Les personnes trans sont plus vulnérables. Il faut donc donner une grande visibilité à cette minorité qui subit des discriminations de manière quotidienne. Cette Pride Month est le moment de donner plus de visibilité et de mettre en lumière non seulement les violences physiques mais aussi les violences morales, émotionnelles et financières. Par exemple, quand on refuse un emploi à une personne trans, c’est une violence émotionnelle et financière. Quand on refuse à un couple de filles d’ouvrir un compte joint, dans plusieurs banques, c’est encore une violence financière et émotionnelle. Quand on se met à siffler, à passer des «petits commentaires» ou à dire «that's so gay», ce qui est péjoratif, c’est encore une fois de la violence. Quand une femme masculine subit tous les jours des remarques du genre «to enn tifi ou enn garson», c’est encore une fois une forme de violence. Donc, c’est le mois pour dénoncer tout ça. Que tous nos alliés et toutes les personnes qui croient aux droits humains nous soutiennent et dénoncent aussi.
Quels sont vos principaux combats ?
Que l’article 250 soit abrogé car c’est une loi qui existe depuis l’époque coloniale ! Qu’on s’émancipe de cette loi coloniale ! Car c'est une loi qui «justifie» les discriminations homophobes.
Que l’orientation sexuelle et l’identité du genre soient reconnues et que les lois protègent les personnes qui ont une orientation sexuelle, une identité ou une expression du genre différente !
Qu’aucun jeune de la communauté LGBTQ+ ne soit mis hors de chez lui par ses parents !
Qu’on forme et éduque la société mauricienne sur l’orientation sexuelle, l’identité et l’expression du genre ! Que plus de personnes ne se sentent pas obligée de passer par l’étape de coming out car ça crée un stress !
Que la marche des fiertés devienne une marche de célébration et non une marche de revendications ! En gros, je souhaite voir une île Maurice où tous les citoyens sont égaux, peu importe leur couleur de peau, leur orientation sexuelle, leur identité et leur expression du genre.
Avez-vous un message dans le cadre de la Pride Month ?
Mon message s’adresse à toutes les personnes de la communauté LGBTQ+ : vous n’êtes pas seules, vous méritez d’être vous-mêmes, sans peur d’être jugées. N’oubliez pas qu’il y a des personnes qui se battent pour vos droits. Croyez-moi, il y a un jour où vous vous accepterez, où vous vous aimerez et je vous assure qu’il y a des gens qui n’attendent qu’à vous accueillir les bras grands ouverts et vous aimer.