Ça bouillonne sur le terrain
Réunions nocturnes, rassemblements, congrès, sorties et porte-à-porte dans les quatre coins de l’île. Sur le terrain, la campagne électorale bat son plein et l’ambiance bouillonne. Dans chacune des circonscriptions, les partisans s’activent pour afficher leur couleur et courtiser l’électorat. Tout au long de la semaine, les différents partis politiques ont mobilisé les troupes et occupé massivement le terrain. En effet, avec l’échéance du scrutin qui approche, les candidats donnent le tout pour le tout pour se faire voir, se faire entendre et convaincre l’électorat. Au cœur de ce rythme effréné, les leaders des principaux blocs politiques maintiennent la cadence pour livrer à chaque sortie des plaidoyers faits de piques contre les adversaires, et de bilans, de critiques et de promesses pour convaincre les électeurs.
Ils ont dit cette semaine
Paul Bérenger : «Le MSM utilise le poison communal pour diviser, mais nous devons rester unis.»
Navin Ramgoolam : «Les candidats contre l’Alliance du Changement font le jeu du MSM.»
Pravind Jugnauth : «Si mo pa amenn 3-0, li ve dir monn fel kom enn lider. Si mo fel, mo pou ale.»
Propos jugés déplacés à l’encontre de Karen Foo Kune : «Mind your language Mr Bhadain!»
Un dérapage qui a suscité colère et indignation. Lors du congrès de Linion Reform à Beau-Bassin dans la circonscription no 20 (Beau-Bassin–Petite-Rivière) dimanche dernier, Roshi Bhadain avait lancé à l’encontre de Kate Foo Kune, candidate de l’Alliance du Changement : «Eski li pou kapav res enn-erd-tan dan enn lasam ek Navin Ramgoolam. Si li resi res enn-erd-tan dan lasam ek Navin Ramgoolam, nou vot li.» Des propos jugés déplacés et insultants qui ont attiré les foudres des citoyens. Face à la polémique, Roshi Bhadain s’est défendu dans une vidéo, publiée le mardi 29 octobre, sur sa page Facebook affirmant que ses propos avaient été mal interprétés et qu’il avait voulu la mettre en garde contre un prédateur, sans pour autant rabaisser la femme.
Aujourd’hui, plusieurs jours après que Roshi Bhadain a retiré ses propos, Karen Foo Kune les a toujours en travers de la gorge. «Il y a une grande différence entre withdraw et apologies. Il est avocat et il sait très bien la portée des mots. Il n’a pas de regret par rapport aux torts qu’il a causés. On se demande comment Roshi Bhadain, qui aspire à être Premier ministre de ce pays, peut dénigrer ainsi la femme.» Le préjudice causé à sa famille, nous confie-t-elle, est réel. «Il a tout écrasé sur son passage et ma famille a été extrêmement blessée. En tant que femme, fille, maman et épouse, ça fait très mal. Heureusement que mon enfant n’a que 3 ans et ne comprend pas ce qui a été dit.»
Néanmoins, aujourd’hui, lance Karen Foo Kune, elle préfère s’attarder sur ce que ces propos représentent. «C’est une personne qui n’a aucun respect pour son prochain encore moins pour les femmes qui constituent 52 % de la population. Ce n’est pas la première fois. Lors de la partielle, il avait dit, à propos d’une candidate, li bon zis pou fer poupet. Il pense que les femmes, épouses, filles, sœurs ne sont que des objets. C’est désolant.» Pour elle, cela démontre la dangerosité de cette personne.
Navin Ramgoolam-Pravind Jugnauth : le match à distance
Ça clash et ça s’affronte. Entre Navin Ramgoolam et Pravind Jugnauth, les piques et les attaques se lancent sans prendre des pincettes. Cette semaine, les deux leaders se sont affrontés sur l’existence d’éventuels comptes offshore à l’étranger. C’est lors de la présentation du manifeste électoral de l’Alliance du Changement que le leader du Parti travailliste a insinué que Pravind Jugnauth détenait des comptes bancaires à l’étranger, tout en démentant en détenir lui-même : «Il fait croire que je détiens de gros comptes à l’étranger. Maintenant, moi, je lui pose la question : est-ce qu’il possède un compte à Hong-Kong, à Singapour ou encore à Dubaï ? Dites-lui de répondre !»
La veille, le leader du Mouvement socialiste militant (MSM), qui avait lui aussi affirmé n’avoir aucun compte offshore, avait lancé un ultimatum à Navin Ramgoolam, lui demandant de révéler combien de comptes il détenait à l’étranger et combien d’argent ils contenaient. «Si li pa reponn, mo pou reponn pou li le 3 novam», avait lancé Pravind Jugnauth lors d’un congrès à Moka.
L’Alliance du Changement présente son manifeste électoral : des mesures pour repartir sur de nouvelles bases ?
«Un pont entre le passé et l’avenir.» C’est en ces termes que Navin Ramgoolam a qualifié le manifeste électoral de l’Alliance du Changement, qui a été officiellement présenté le 29 octobre. Un manifeste qui repose sur sept axes prioritaires qui sont : la relance l’économie pour lutter contre la hausse des prix et réduire le coût de la vie ; le combat contre le trafic de drogue et l’insécurité ; la refonte du système éducatif ; l’accès à un système de santé équitable, fiable et de haute qualité ; la lutte contre la corruption et la restauration de la démocratie ; le développement durable et la protection de l’environnement, et une attention particulière aux pensionnés et aux aînés. Face à un MSM qui a plongé le pays dans un «précipice», l’Alliance du Changement entend rebâtir le pays sur de nouvelles bases afin que «les Mauriciens puissent être fiers d’eux-mêmes et de leur pays. Notre priorité, c’est notre nation». Parmi les mesures phares proposés par l’Alliance du Changement : la lutte contre la hausse des prix avec la baisse immédiate du prix des carburants ; l’internet gratuit pour toutes les familles ; la réduction du prix de l’électricité ; le transport gratuit pour tous, y compris les vans scolaires, et l’augmentation progressive des pensions, allocations et aides sociales à Rs 21 500 durant le mandat. Par ailleurs, Shakeel Mohamed a été présenté comme numéro 3 du gouvernement si l’Alliance du Changement remportait les élections. Une décision pour laquelle il se dit reconnaissant. «Ce n’est pas simplement un chiffre, mais aussi une grande responsabilité. La population attend beaucoup de changements.»
Linion Reform présente son manifeste pour «enn meyer moris»
C’est le vendredi 1er octobre que Linion Reform a officiellement présenté son manifeste électoral reposant sur un modèle où «tous les Mauriciens seront gagnants». La présentation a été faite par Dev Sunnasy qui a énuméré les mesures phares qu’ils proposent. Linion Reform prône une réindustrialisation massive multisectorielle en apportant des changements en profondeur pour diversifier notre économie, où les petites et moyennes entreprises seront au cœur du développement économique, tout en jetant les bases d’une société moderne et durable. La vision est de créer de nouveaux emplois, faire grimper les salaires et partager équitablement la richesse.
Dans son manifeste, plusieurs mesures : une taxe sur la valeur ajoutée de 12 % applicable sur les produits de première nécessité ; la création de 100 000 emplois ; le transport gratuit pour tous ; la baisse des prix des médicaments ; zéro dépôt pour une maison de la National Housing Development Company, et un repas chaud pour tous les enfants à l’école, entre autres. Linion Reform propose aussi plusieurs réformes pour faire revivre notre démocratie, dont un maximum de deux mandats pour le Premier ministre et pour les postes constitutionnels, la date des élections inscrites dans la Constitution, un comité constitutionnel pour choisir les nominés, la réduction des ministres, l’abolition du poste de Parliamentary Private Secretary et bien d’autres.
Zahid Nazurally lance Peace March
Après avoir déposé sa candidature en tant qu'indépendant le 22 octobre, Zahid Nazurally, ex-Deputy Speaker de l’Assemblée nationale et député sortant de la circonscription n° 10 (Montagne-Blanche–Grande-Rivière-Sud-Est) a lancé, le mercredi 30 octobre, Peace March, une plateforme qui regroupe plusieurs candidats indépendants afin de «défendre les plus bas de la société» et «combattre les injustices». Ce collectif qui regroupe cinq candidats, outre Zahid Nazurally, soit le Dr Sameer Edun du n° 5, Vednarainsingh Bijloll du n° 6, Abhishake Kassee Jugoo du n° 9 et Mohammud Ziad Chetty du n° 15, a choisi le symbole du drapeau blanc symbole de paix. Lors d’une conférence de presse tenue le mercredi 30 octobre, Zahid Nazurally a expliqué la motivation de la création de ce groupement. «Nous ne sommes contre personne, ni contre un groupe politique en particulier, mais en faveur du développement de la nation. Mes collègues et moi partageons un respect mutuel, sans agenda caché, et nous voulons mettre notre savoir-faire au service de la population. Peace March n’est pas un parti politique, mais une vague d’idées.»
Olivier Thomas et d'autres quittent le navire
Il a démissionné des instances du MSM avec effet immédiat. Olivier Thomas, président du conseil d’administration du centre Nelson Mandela, l’a annoncé lui-même sur sa page Facebook, le vendredi 1er novembre. Dans sa lettre de démission, il explique avoir rejoint le MSM avec l’intention de contribuer de manière positive à notre société sans compromettre ses valeurs, sauf qu’aujourd’hui, ce n’est plus le cas. «Après un examen approfondi, il m’apparaît que mes convictions personnelles ne correspondent plus pleinement aux orientations actuelles du parti.» Une décision qui a suscité une vague de réactions de la part des internautes.
Si certains ont salué cette décision en le félicitant d’avoir pris une «décision courageuse», de nombreux autres l’ont allégrement critiqué. Une autre démission est intervenue ce vendredi. Il s’agit de Didier Sam-Fat, président du National Cybersecurity Committee, indigné après la décision de l’Information and Communication Technologies Authority de suspendre l’accès aux réseaux sociaux. «J’ai dit ça suffit. C’est catastrophique. Les entrepreneurs qui dépendent des réseaux sociaux pour leur activité en pâtissent directement», a-t-il fait savoir. Samedi après-midi, c’est un autre membre du MSM qui a claqué la porte. Il s’agit de Darmarajen Veerasamy (Navinen) qui a démissionné du parti et aussi en tant que Chairperson de la National Art Gallery.