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Le deuil périnatal : faire face à la douleur de perdre un bébé

Petit coeur s’est envolé. Avant même de (vraiment) atterrir. Perdre un enfant avant qu’il.elle ne naisse, ou tout de suite après sa naissance, c’est une douleur de parents, une perte qui bouleverse, terrasse. Et ce deuil a un nom : le deuil périnatal. Le monde, alors, se pare de nouvelles teintes inédites, incompréhensibles et illisibles, et il faut face à un chagrin immense qui ne semble pas avoir de prise sur la vie ; parce qu’il.elle n’a pas vécu, dans le sens traditionnel du terme. Mais la perte est là. Et le départ, il faut y faire face. L’abandon d’une vie rêvée pour lui.elle et pour ses parents. Un manque impalpable. Le deuil de tout ce qui n’adviendra plus.

Pour en parler et vous guider :  la psychologue clinicienne Safia Adamjee, qui œuvre au sein de La Maison des Étoiles (voir hors-texte). En préambule, elle partage cette citation de Françoise Chandernagor, femme de lettres et haut-fonctionnaire française : «Toute vie achevée est une vie accomplie : de même qu’une goutte d’eau contient déjà l’océan, les vies minuscules, avec leur début si bref, leur infime zénith, leur fin rapide, n’ont pas moins de sens que les longs parcours. Il faut seulement se pencher pour les voir, et les agrandir pour les raconter.»

 

«Deuil invisible». «La mort périnatale peut survenir en cours de grossesse, à la naissance, ou dans les heures ou les jours qui suivent l’accouchement. Elle peut être spontanée ou provoquée, suite à la découverte d’une anomalie fœtale grave. Selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), on parle de deuil périnatal lorsque des parents perdent leur bébé entre 22 semaines d’aménorrhée et le 7e jour après sa naissance. Le deuil périnatal est souvent qualifié de "deuil invisible". Plusieurs croient en effet que la perte est plus souvent facile à surmonter étant donné que les parents n’ont pas connu leur enfant.»

 

Douleur et perte. «Plusieurs études ont toutefois démontré que le deuil périnatal est un deuil particulièrement difficile pour les raisons suivantes :
- Le décès survient souvent de façon inattendue ;
- La mort du bébé entraîne plusieurs autres pertes, comme la perte de l’estime de soi, du statut de parent et des projets d’avenir ;
- Les parents reçoivent peu de reconnaissance sociale (pas d’actes de naissance et de décès, pas de funérailles, un deuil minimisé par l’entourage).»

 

Une difficile alternance. «Ce deuil se vit plutôt comme des montagnes russes. Ainsi, les parents en deuil alternent entre être centrés sur leur perte et être centrés sur le fait de se reconstruire et de s’engager dans de nouveaux projets. Les va-et-vient entre ces deux états peuvent surprendre, mais sont tout à fait normaux.  Certaines recherches montrent que les hommes et les femmes vivent les mêmes émotions lors d’un décès périnatal. L’intensité de ces émotions ou la manière de les exprimer peut toutefois être différente. Les émotions et réactions suivantes sont souvent observées :
- Tristesse, colère, sentiment d’injustice et d’impuissance
- Sentiment de perte de contrôle
- Sensation de vide ou d’avoir perdu une partie d’elle-même (chez la mère)
- Sentiment d’échec, de honte ou de culpabilité de ne pas avoir réussi à avoir un enfant
- Doutes des parents sur leur capacité à concevoir un enfant, anxiété par rapport à une future grossesse.»

 

Faire face avec bienveillance. «Le deuil s’accompagne souvent de sentiments anxieux ou dépressifs. Si ceux-ci deviennent trop présents, il est important d’en parler à un professionnel de la santé. Mettre en mots sa souffrance peut parfois être difficile, mais réussir à le faire, même brièvement, soulage et rapproche. Les façons de vivre un deuil sont propres à chaque personne. Réfléchissez à ce qui pourrait vous aider à vivre cette épreuve. Est-ce de vous entourer de vos proches ? De vous confier à quelqu’un ? De faire un sport ? De réaliser des rituels autour de la mort du bébé ? D’échanger avec des parents qui ont vécu la même chose ? De marcher dans la nature ? De tenir un journal ? De lire sur le deuil ? De faire du yoga ou de la méditation ? Il n’y a pas une bonne manière de composer avec les émotions du deuil. Chacun doit découvrir ce qui lui fait du bien. C’est un moment pour vous traiter avec bienveillance et, surtout, ne pas vous juger.»

 

«Les actions et mots à dire ou à éviter»

Faire face au deuil d’une personne qui souffre, ce n’est pas toujours facile. Alors Safia Adamjee vous conseille sur «les actions et mots à dire ou à éviter» si vous devez accompagner une personne qui fait face à un deuil périnatal.

 

- «Exprimer votre empathie et votre soutien. «Je suis tellement désolé(e) pour votre perte. Je suis là pour vous soutenir.»

- Offrir une écoute attentive. «Si vous avez besoin de parler ou simplement d’être entendu(e), je suis là pour vous, même si c’est juste pour écouter en silence. »

- Reconnaître la perte. «Votre bébé était aimé et sera toujours dans nos pensées.»

- Utiliser le nom de l’enfant si les parents l’ont choisi. «Comment vous sentez-vous par rapport à la perte de (nom de l’enfant) ?»

- Proposer de l’aide concrète. « Y a-t-il quelque chose de spécifique que je puisse faire pour vous aider en ce moment ?»

- Rappeler que le deuil est un processus individuel. «Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de traverser cela. Prenez le temps dont vous avez besoin.»

- Éviter les clichés et les phrases toutes faites. «C’était peut-être pour le mieux» ou «Vous pouvez toujours avoir d’autres enfants».

- Éviter de minimiser la douleur. «Tout n’est pas perdu, au moins vous pouvez essayer de nouveau» ou « C’était juste un accident».

- Éviter de donner des conseils. «Vous devriez penser à adopter» ou « Vous devez vous remettre rapidement».

- Ne pas ignorer la perte. Ignorer le sujet ou ne pas en parler par peur de faire mal est souvent plus nuisible que bénéfique. 

- Ne pas imposer ses propres croyances ou expériences. Éviter de dire «Je sais ce que vous ressentez…» car chaque deuil est unique.

- Éviter de juger les réactions des parents. Le deuil périnatal peut provoquer une grande variété de réactions émotionnelles au sein d’un couple, toutes valides.»

 

À votre agenda !

 

Vous souhaitez participer à une soirée autour du deuil à La Maison des Étoiles ? La prochaine rencontre aura lieu le 14 mars, de 18 heures à 20 heures, à l’Institut Cardinal Jean-Margéot qui se trouve à Rose-Hill.

 

La Maison des Étoiles ; pour ne pas être seul/e

 

Des mains tendues dans le chagrin. Amélie V. Audibert, Mindset Coach et Certified Grief Educator, a fondé, avec Brigitte Koenig, la Maison des Étoiles en avril 2022. Cette association s’est donné pour mission «de rendre visible et compréhensible le processus de deuil au sein de la communauté mauricienne et rodriguaise, afin de briser les tabous, de mieux consoler, de permettre un espace de parole et de soutien». Les deux femmes travaillent en collaboration avec une communauté d’accompagnateurs. Des rencontres sont organisées régulièrement et il est possible de rejoindre des groupes de soutien. Pour en savoir plus, connectez-vous à la page Facebook suivante : https://bit.ly/maisondesetoiles. Ou envoyez un message à ce numéro : 5835 6880.