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Survivre au paradis

L’auteur évoque la cherté de la vie et les incertitudes quant à l’avenir et à la capacité de chacun.e de se poser les bonnes questions. 

T’as vu ça toi ? Quoi ?! Mais le prix de vivre ici, dans ce pays, dans ce monde, dans cet univers ! Il faut la payer bien chère cette existence qui a des relents de margoz grillé ! Un tour au supermarché et le salaire prend les jambes à son cou. Passage en caisse des factures et il se la joue papa-ado au moment de l’annonce de la grossesse ; il disparaît aussi vite qu’un ministre quand il n’y a pas d’argent. Bah ouais ! C’est brutal, mais il faut le dire. Le zafer santi pi !

Le nouveau caviar ? Le corned-beef ! Le luxe 2024 ? Une bouteille d’huile qui ne pue pas. Le summum du summum en mode jet-set ? Un pot de pâte à tartiner dont je ne citerai pas la marque (c’est tout choco, c’est tout bon). Le raisin sur le poudinn may ? Une tranche de giraumon, une moitié de chouchou, un morceau de calebasse. Et si tu as des enfants, bour an dezord ! Tu l’as dans le Lu (oui, j’ai tu le C).

La surpopulation, ce ne sera plus un problème, hein. Toute une génération sera sacrifiée sur l’autel de la malbouffe (ça coûte moins cher), bourrée aux hormones, aux additifs, aux sucres cachées (tant qu’on peut se le payer) ! Si par-dessus tu rajoutes une bonne dose de vaccin expérimental servi à la va-vite : l’équation est simple à en crever. Je ne vais pas en dire plus, je vais faire confiance à ton sens de la déduction.

Qu’advient-il d’une population qui s’échigne pour, tout simplement, se nourrir ? L’asservissement, l’abêtissement. Et bam, tu mets une couche d’intelligence artificielle gratuite et hyper disponible, bah on va tous finir cons ! T’as vu comment tu t’angoisses, tu réfléchis, tu t’épuises à trouver assez de ressources pour boucler les fins de mois ? Comment veux-tu réfléchir si tu n’as pas d’espace mental pour le faire ? Si tu passes ton temps à te demander comment tu vas faire pour payer le prochain bill de CEB sans vendre ton rein ?

Le gouvernement peut bien donner des ti kass ici et là pour te venir en aide, à toi et à ta famille, ce n’est pas Rs 1 000 qui vont changer ta vie, non ? Avec Rs 1 000 de plus tu peux acheter quoi ? Une boîte de lait et un paquet de couche et une boîte de sardines (get pri-la, ou kapav ziss aste sar ou bizin kit din !). Il y a un problème là non ?

Si tu ne gagnes pas assez bien ta vie parce que les salaires sont merdiques face à tout ce qui augmente, mais que le gouvernement a assez de fric pour te faire des dons ici et là -  de ton propre cash hein qu’il te pompe de partout -, tu dois quand même te poser des questions concernant ton présent et, peut-être même, ton avenir.

Cela voudrait dire qu’il te prend ce que tu lui donnes en taxe pour te redonner un tigit. Et qu’il donne tigit à beaucoup, ça fait beaucoup. Et que, du coup, il doit prendre dans ses réserves, non ? Enfin pas «ses», on parle des réserves du pays. Que c’est une espèce de Ponzi Scheme et que tout peut s’écrouler, que tu peux te retrouver sans retraite quand le moment viendra pour toi de mett tilipie lor gro lipie, que tes enfants vont galérer comme jamais pour joindre la moitié des deux bouts et que le soi-disant welfare state est en route direct pour le crash le plus monumental qui soit.

Le «Front Monétaire International» l’a dit il y a quelques jours : il faut que le gouvernement mauricien recommence à constituer des réserves à nouveau.  Que tu sois fan ou pas des grandes puissances et de leurs décisions à la con, les yeux fixés sur leur propre nombril, bah, ça te fait réfléchir quand même, non ? Je sais, t’as pas vraiment le temps de brasser aussi grand, large et incompréhensible, mais quand même. Quelque part, tu y penses, j’en suis sûr. Parce que c’est difficile de ne pas s’alarmer.

On vit dans un paradis, nous ? Ah bon ? Quand t’as un salaire de misère et que tu ne vis pas d’amour, d’idéalisme et d’eau de mer, ça n’a rien de paradisiaque ce qui se passe actuellement. Quand ton salaire ne suffit pas et que tu dois te tuer au boulot et rentrer chez toi pour te tuer à tout nettoyer, tout gérer (parce que ce n’est plus possible de payer de l’aide tellement c’est devenu cher, ça aussi), ça fait rêver non ! Ouais, ouais. Trop même.

 

SÉBASTIEN