Le père fondateur de l’express a tiré sa révérence. Le Dr Philippe Forget est décédé le lundi 9 septembre à l’âge de 85 ans. Ceux qui l’ont côtoyé gardent un souvenir ému de l’homme qu’il était, tout en saluant sa contribution au journalisme et au développement du pays. Ceux qui l’ont lu reconnaissent que les prises de position de l’éditorialiste n’ont jamais été aussi actuelles.
Le Best Loser System était déjà décrié par le Dr Philippe Forget, qui s’est battu en faveur de l’Indépendance de l’île et de la liberté de la presse, dans l’édition de l’express du 5 juillet 1966. De plus, dans une interview accordée à l’express en date du 7 mai 2006, il plaidait déjà pour un code d’éthique à l’intention des politiciens : «J’entends parler de démocratie et d’éthique et je me demande si les politiciens ne devraient pas commencer par un code d’éthique pour politiciens.»
Le 27 avril, il avait fêté les 50 ans de l’express par un retour dans les locaux de La Sentinelle. C’est dans l’unité de presse, là où sont imprimés les titres du groupe, qu’il avait célébré, en compagnie de sa famille, de ses anciens collaborateurs et de ses proches, ce jubilé d’or. Il avait confié, alors, en se souvenant de ces années à la tête du quotidien et de ses anciens collaborateurs : «Je suis fier d’avoir partagé leur labeur. Ils demeureront toujours associés à mes plus chers souvenirs.»
Ce jour-là, un recueil d’éditos «L’avenir seul choix possible», une sélection d’éditoriaux publiés par le Dr Forget entre 1963 et 1984, avait été lancé. Les écrits d’un homme qui ont façonné l’avenir de l’express, de La Sentinelle mais aussi celui de Maurice. «On ne doit pas sous-estimer l’influence capitale que l’express 1963-1984 a eue sur ce pays, sur ses choix, sur ses aspirations collectives, ses normes», avait alors confié son fils, Philippe Forget, président exécutif du Conseil d’administration de La Sentinelle.
Le Dr Philippe Forget avait une vision de la vie. Et il l’a partagée dans l’interview du 7 mai 2006 : «Toute la vie est une mouvance. Il n’y a rien qui soit statique. Entre la naissance et la mort d’un homme, il y a de multiples phases gouvernées par les circonstances, gouvernées par la volonté, mais uniques et surtout changeantes. Il faut assumer le tout. Si on accepte cette vision de mouvance, à n’importe quel point de la courbe, on a derrière soi un passé et devant soi un avenir. Nous sommes donc le commencé de ce que nous allons être plus tard. Et c’est valable pour les pays, c’est valable pour les sociétés, les professions. Rien n’est statique.»
À la famille du Dr Philippe Forget, 5-Plus dimanche présente ses plus vives sympathies.