Quelque 200 élèves qui ont suivi le programme «Prevokbek» ont reçu leurs attestations. Le Head of Department of Applied Pedagogy de l’Institut Cardinal Jean Margéot nous parle de ce projet et revient sur les changements apportés à ce programme par le ministère de l’Éducation.
Comme chaque année, le programme Prevokbek célèbre la Journée internationale de la Litéracie. Quelle est l’importance d’un tel événement ?
Depuis 2006, nous célébrons cette journée et nous procédons, ce jour-là, à la remise des certificats aux élèves qui ont suivi le programme Prevokbek. La cérémonie réunit les étudiants, les profs, les recteurs et les parents des différents collèges catholiques. Et c’est l’établissement hôte qui accueille. La Journée internationale de la Litéracie a toute son importance, car l’UNESCO veut, à travers elle, saluer et encourager les efforts effectués dans différents pays pour amener les personnes à savoir lire, écrire et compter. La litéracie est le moteur du développement d’un pays. Comme le souligne Irina Bokova, directrice de l’UNESCO, la litéracie permet l’intercompréhension des peuples.
Rappelez-nous l’essence même du programme Prevokbek ?
Lancé en 2004, le programme est utilisé pour maîtriser le reading, writing and arithmetic dans sa langue maternelle, c’est-à-dire le kreol morisien. Depuis neuf ans, il a évolué en une «mother tongue based curriculum alongside multilingual education». L’anglais et le français y figurent aussi comme langues d’apprentissage.
Nous avons également développé des manuels bilingues anglais-kréol et un mode d’évaluation bilingue anglais-kréol. Ce qui nous a valu l’honneur d’être parmi les dix finalistes du Commonwealth Good Education Award Practice en 2012. Cette année, nous publions un manuel de français utilisant La Méthode Alpha. Le Prevokbek est devenu une éducation alternative, notamment de par la tenue de son Sports/Fun Day tous les deux ans. Ce 20 septembre, nous serons au Stade Sir Gaëtan Duval à Rose-Hill.
Le thème choisi pour la Graduation Ceremony de cette année est Prevok : Enn Ledikasion pou Developman Dirab ? Pouvez-vous nous l’expliquer ?
Le développement durable est une thématique qui fait son chemin dans le domaine éducatif sur le plan international. En choisissant un tel thème, nous voulons placer l’éducation préprofessionnelle sur la carte du développement de notre pays. Le développement durable n’est pas qu’une question de traitement de déchets et de protection de l’environnement. C’est plus que ça. On ne peut avoir un développement qui dure si toute une génération continue à avoir des difficultés en lecture, écriture et calcul.
Nous pensons aussi que la formation professionnelle ne doit pas miser que sur les «skills », mais aussi sur les qualités à développer chez la personne. Le formateur n’est pas qu’un trainer. Il est aussi un éducateur. Et c’est pourquoi, à l’Institut Cardinal Jean Margéot, nous sommes d’avis que la formation préprofessionnelle et professionnelle doit revenir aux établissements secondaires, afin d’assurer ce développement holistique.
Le ministère de l’Éducation a, depuis le début de l’année, mis en place un nouveau système. Qu’en est-il exactement ?
Nous avons été les premiers à saluer la décision du ministère de donner la possibilité aux élèves des écoles prévocationnelles de poursuivre leur quatrième année au collège. Mais la mise en pratique de cette décision est chaotique. Les élèves se perdent entre les deux jours passés au collège et les trois autres dans un centre du MITD, ou vice versa.
Beaucoup de profs disent qu’ils ne reconnaissent plus leurs élèves quand ils reviennent de ce centre. Indiscipline, problème de coordination, confusion dans les communications officielles avec le MITD d’un côté, et la PSSA de l’autre. Dans une lettre ouverte au président de la République, il y a quelques mois, j’avais parlé de Stolen Generation s’agissant de ces enfants du prévoc. Le programme lui-même n’est pas adapté. Les centres sont censés faire plus de vocational, mais ils font de la grammaire et d’autres choses qui n’intéressent pas les jeunes.
Même les officiels du ministère reconnaissent qu’il y a un fort taux d’absentéisme et d’abandon. Ce qui fait que la meilleure des choses serait que le ministre de l’Éducation revoie de fond en comble la politique de l’éducation préprofessionnelle au lieu d’entrer dans le déni ou la self-complacency. C’est pourquoi il faudrait que le gouvernement envisage d’aider plutôt les établissements secondaires qui veulent s’équiper et développer eux-mêmes une filière vocational.