Deux des étudiants relatant leur «cauchemar».
Le guruji Makesh Jhummun (2e à g.) entouré de quelques Népalais.
Ils veulent qu’on leur rembourse l’argent qu’ils ont déboursé pour payer leurs cours au Dimensions International Education Group (DIEG), une institution qu’ils accusent de les avoir escroqués. Ces étudiants népalais, qui disent vivre un véritable cauchemar depuis leur arrivée chez nous, sont soutenus par plusieurs Mauriciens.
«L’herbe est plus verte ailleurs», dit l’adage. C’est ce que croyaient des Népalais venus à Maurice pour suivre des cours au Dimensions International Education Group (DIEG), situé à Pamplemousses. Mais ils auraient vite déchanté. Ils allèguent qu’ils ont été victimes d’escroquerie de la part de cette institution tertiaire. Aujourd’hui, ils ne veulent qu’une chose : être remboursés et rentrer chez eux. Ils sont soutenus dans leur combat par le guruji Makesh Jhummun, qui a entamé une grève de la faim au jardin de la Compagnie, ainsi que d’autres Mauriciens, à l’instar de l’engagé social Jeff Lingaya.
Ce dernier se dit révolté par la situation de ces étudiants étrangers. «Avant même de poser leurs bagages à Maurice, les étudiants ont dû débourser environ Rs 114 000 chacun, dont Rs 70 000 pour les cours», explique Jeff Lingaya. Une somme qui a été versée au DIEG, dirigé par le Dr Shweta Sharma et Kumar Kantilall, des ressortissants indiens.
Selon les étudiants népalais, la somme déboursée devait aussi servir à payer leur hébergement à Maurice. Mais alors qu’ils s’attendaient à un logement convenable, ils seraient tombés de haut en apprenant qu’ils allaient résider dans une pension de famille située à Grand-Baie, où ils allaient devoir partager une chambre à quatre et payer un loyer qui s’élevait à Rs 6 000 mensuellement. De plus, disent-ils, ils auraient appris qu’ils n’auraient pas de stage payant, comme
il aurait été convenu au moment des inscriptions.
C’est sur la base de tout cela qu’une trentaine d’étudiants, s’estimant bernés par le DIEG, ont enclenché un mouvement de protestation et réclament le remboursement de la somme payée pour les cours. D’autant, disent-ils, qu’ils n’ont plus de quoi subvenir à leurs besoins, leurs économies ayant servi à payer leur loyer. Certains de leurs amis sont d’ailleurs déjà rentrés au Népal, dégoûtés par la situation. «Les étudiants ont suivi des cours durant deux mois, donc, ils demandent à ce que la direction du DIEG déduise le coût de ces deux mois de cours et leur rembourse le reste», précise Jeff Lingaya.
C’est en apprenant le calvaire vécu par les étudiants népalais que le guruji Makesh Jhummun est venu leur apporter son soutien. Il leur a rendu visite tous les soirs pendant un mois, tout en leur apportant à dîner. Mais comme les étudiants couraient le risque d’être déportés, il a entamé une grève de la faim à Bon-Accueil, le 30 août. Le lundi 2 septembre, il a assiégé le jardin de la Compagnie pour continuer sa grève de la faim et sensibiliser l’opinion à leur calvaire. Il compte poursuivre son mouvement jusqu’à ce que les autorités concernées et la direction du DIEG réagissent. D’autres Mauriciens sont venus le soutenir ainsi que les étudiants népalais.
Darren Govinden, directeur d’Universal Adventure, est de ceux-là. Ce n’est que vendredi, dit-il, que les étudiants népalais ont averti leurs proches de leur situation à Maurice. «Après une discussion avec les étudiants, il a été convenu qu’ils préviennent leurs parents de leur situation. Mais ce n’est pas évident. Il faut savoir que leurs proches ont fait beaucoup de sacrifices ; ils ont vendu leurs terres, leurs bijoux et ont même pris des emprunts pour permettre à ces jeunes de venir étudier à Maurice.»
Massila Patten, qui est également venu apporter son soutien aux étudiants, explique, quant à lui, qu’il y a deux jeunes mariés parmi eux. «Ils ont tout vendu sauf leur alliance et, à leur arrivée, ils ont dû partager leur chambre avec deux autres personnes. Plusieurs députés sont venus voir les étudiants. Mais depuis, on n’a plus eu de nouvelles d’eux.»
Nous avons essayé de joindre le Dr Sharma, directrice de l’institution, au téléphone, mais un homme a répondu et nous a déclaré qu’elle ne se sentait pas bien et qu’elle n’était pas en état de nous parler. Il nous a demandé d’appeler l’avocat de l’institution, Me Sanjeev Teeluckdharry. Celui-ci nous a alors fait la déclaration suivante : «Une réunion a eu lieu mercredi, à Pamplemousses, entre les étudiants, la direction du DIEG et la Mauritius Qualifications Authority (MQA), en vue de leur rembourser les frais encourus pour les cours au prorata. Mais les étudiants ne se sont pas montrés intéressés.» Et, selon lui, les étudiants auraient adressé une lettre de menace à la direction. Ce que ces derniers nient catégoriquement (voir hors-texte).
Jeff Lingaya : «On veut faire croire que ces jeunes sont violents»
Le mercredi 4 septembre, la direction du DIEG aurait reçu une lettre de menace disant qu’il y avait une bombe dans l’établissement. Selon elle, ce sont les étudiants népalais qui en sont les auteurs. Toutefois, Jeff Lingaya affirme qu’il n’en est rien. «On veut faire croire que ces étudiants sont violents. Mais ils ne savent même pas où se trouve la poste à Port-Louis. Ils ignorent tout concernant cette lettre de menace. D’ailleurs, n’importe qui aurait pu envoyer cette lettre.» Selon Jeff Lingaya, ces étudiants sont traités commes des terroristes par la direction alors qu’ils sont là seulement pour suivre des études et travailler à Maurice. Néanmoins, poursuit-il, ils ont vu leur rêve se transformer en cauchemar lorsqu’ils se sont rendu compte que le DIEG les aurait bercés d’illusion.
Dr Rajah Madhewoo, directeur de l’Unicorn Health and Social Care : «Je suis prêt à payer des professeurs pour leur donner des cours»
Il a été sensible au calvaire vécu par ces jeunes. Le Dr Rajah Madhewoo, directeur de l’Unicorn Health and Social Care, se dit disposé à aider les étudiants népalais. «L’institution que je gère est enregistrée à la MQA et je suis prêt à payer des professeurs pour qu’ils donnent des cours à ces étudiants afin qu’ils retournent dans leur pays avec un certificat.» Mais, précise-t-il, il ne pourra pas entreprendre ces démarches avant trois semaines, vu qu’il quitte le pays ce soir.