«Quand l’être humain est malheureux, il cherche à s’évader à travers la consommation d’alcool»
Les meurtres, les agressions, les vols et autres passages à tabac sont de plus en plus fréquents. Qu’est-ce qui ne va pas dans notre société ? La parole à la psychologue Virginie Bissessur-Corsini.
Il y a actuellement de nombreux cas de meurtre. Comment analysez-vous ces faits divers ?
Une recrudescence de la violence s’affiche de façon ostentatoire dans nos médias. On pourrait presque dire, malheureusement, que nos criminels ne manquent pas de théâtralisme. La société mauricienne vit de nombreux clivages, surtout en ce qui concerne le fossé entre les riches et les pauvres. La richesse s’affiche sans complexe et la pauvreté est plus durement ressentie et vécue par nos cités, voire nos campagnes. La pauvreté, le manque d’éducation, d’ouverture à l’autre… tout cela fait que la violence est la réponse aux frustrations accumulées. Ajoutez à cela l’alcool, la drogue, le jeu... Le cocktail est détonant ! Maurice semble se réveiller tous les matins avec de nouveaux faits divers impressionnants et on réalise à quel point notre société se clive de plus en plus. Nous ne sommes pas à l’abri dans des maisons en dur, ni dans des voitures climatisées...
Le coût de la vie ou encore le chômage occasionnent-ils ce genre de situation ?
Le coût de la vie trop élevé, le chômage, l’alcool et le manque de communication dans les familles font qu’une vie peut vite devenir amère et cela peut se transmettre de génération en génération. Quand l’être humain est malheureux, il cherche à s’évader à travers la consommation d’alcool, en prenant de la drogue ou en commettant l’adultère... Tout cela lui attire souvent des problèmes, voile son jugement et le pousse à passer à l’acte.
Comment faut-il réagir lorsqu’on se retrouve impliqué dans une dispute ?
Même si on n’aime pas le conflit, il y a des fois où on n’arrive pas à l’éviter. Une mise à jour est parfois nécessaire. Mais il ne faut quand même pas franchir certaines limites : l’insulte, les hurlements… bref, le manque de respect ! Quand on sent cela venir, il vaut mieux aller faire un tour, laisser la pression retomber. Si cela est possible, il faut arriver à dire stop à notre violence verbale, voire physique, et remettre l’explication à plus tard. Arriver à le faire est souvent difficile et c’est la preuve d’une grande maîtrise de soi.
Que faudrait-il pour faire reculer la criminalité ?
Je ne sais pas par quoi commencer : arrêter d’être égoïste, écouter les autres, comprendre que personne ne mérite d’être pauvre et d’en souffrir... Bref, on constate que l’aspect social et médical est négligé à Maurice au profit de l’aspect financier et économique. Les organisations de Corporate Social Responsibility ne peuvent pas tout faire. Il faut une volonté politique concrète et palpable de mettre l’accent sur la qualité des services sociaux et médicaux afin que le suivi des familles vulnérables soit enfin effectif.