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Paul Bérenger, le socialisme en cinq leçons

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Le leader des Mauves a retracé l’historique du mouvement socialiste.

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Le leader du Remake 2000, Sir Anerood Jugnauth, et celui du MSM, Pravind Jugnauth, étaient aux côtés des Mauves pour écouter Paul Bérenger.

C’était la première d’une (longue ?) série. Le leader des Mauves a animé une conférence-débat aux allures de cours magistral…

Sa casquette de politicien est rangée au placard. D’ailleurs, il le dit, il ne va pas commenter l’actualité, en ce samedi 17 août. Paul Bérenger a sorti le regard sévère et la posture du prof. Lors de sa causerie, plutôt un cours magistral, à la municipalité de Quatre-Bornes sur le thème Le Socialisme Aujourd’hui, le leader des Mauves a retracé les grands mouvements historiques qui ont mené au socialisme et il a également fait part des cinq idées clés qui sont le fondement même du socialisme de nos jours, selon lui : la démocratie, la moralité, la justice sociale, le réalisme économique et l’internationalisme. Puis, l’homme a répondu à quelques questions de l’assemblée avant de mettre fin à sa conférence-débat. En tout son event a duré un peu plus de deux heures.

Et à 14 heures, la salle de la municipalité, où se tenait la causerie, commençait à se remplir. Et on s’était, visiblement, donné le mot. Le dress code devait avoir pour thématique : «something purple». Une barrette, une chemise, un pashmina, un pantalon, un gilet, un cardigan ; la couleur tendance de ce début d’après-midi était, sans aucun doute, le mauve. Des carreaux, des rayures, du mauve tirant sur le rose et en version strass : il y en avait pour tous les goûts ! à bien y regarder, il y avait également quelques petites touches d’orange. Une teinte moins en vogue mais présente. D’ailleurs, dans l’assistance, on pouvait apercevoir Nando Bodha ou encore Maya Hanoomanjee.

Dix minutes plus tard. Sir Anerood Jugnauth faisait son apparition sous des applaudissements mitigés. Les militants étaient plus occupés à parler de leur «camarad Paul» : «Il aurait dû faire ça toutes les semaines, il nourrit notre esprit», lançait l’un deux. Justement, le «nourrisseur» d’esprit devait faire son apparition quelques minutes plus tard, avec son habituel porte-documents rouge. Assis derrière un pupitre transparent, avec comme toile de fond de sa prestation, une banderole annonçant son thème, l’homme que tous attendaient s’est lancé. Voix posée et «discours» exempt de l’habituel verve du politicien, Paul Bérenger était, a-t-il expliqué, dans une démarche éducative.

Et les premières 45 minutes de sa conférence – il a, à ce moment, perdu quelques fans qui n’ont pas résisté à l’appel d’une petite sieste –, Paul Bérenger les a consacrées à l’histoire du socialisme et aux mouvements de liberté qui ont existé avant que cette idéologie politique ne voit le jour. Un devoir de mémoire important surtout à ce moment, explique-t-il, où le socialisme, est d’actualité. Il a également demandé aux militantes et militants de suivre l’actualité du socialisme dans divers pays (notamment la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne) mais également la situation politique, en lien avec le socialisme, en Chine, en Inde ou aux Etats-Unis. Pour soutenir son «cours», il a aussi donné plusieurs références bibliographiques.

«Core values»
Ayant situé son propos, le leader des Mauves s’est ensuite attaqué au cœur de son sujet : les cinq idées clés, ou plutôt les core values, terme qu’il préfère, qui doivent être au centre de la pensée socialiste. Selon lui, il s’agit là de cinq pistes de réflexion qui permettent de situer si «une personne ou une organisation» s’inscrit ou pas dans la mouvance socialiste. Il a d’abord évoqué l’idée que le socialisme est synonyme de démocratie : «À Maurice, on ne peut pas parler de démocratie si on ne se débarrasse pas du communalisme, si on n’enclenche pas de nombreuses réformes concernant, notamment, la MBC, les administrations locales et la loi sur le financement des partis.»
Puis, il a déclaré que le socialisme allait de pair avec la moralité : «C’est zéro tolérance vis-à-vis de la corruption et des passe-droits. C’est l’exemple que donne l’opposition, aujourd’hui.» Mais aussi avec la justice sociale : «L’élimination de la pauvreté, la réduction de l’écart entre les riches et les pauvres, la promotion de l’éducation afin d’aider les plus démunis et la consolidation d’un welfare state solide et moderne.» Paul Bérenger a indiqué qu’il serait intéressant de s’inspirer du modèle scandinave «avec beaucoup de lucidité». Le leader des Mauves a, également, plaidé en faveur du réalisme économique : «Les socialistes sont généreux. Mais il faut prendre en compte les difficultés économiques. Néanmoins, il est nécessaire de toujours agir en faveur des plus nécessiteux.»

Son dernier point, il l’a consacré à l’internationalisme : «Un vrai socialiste est tourné vers le monde. Il s’inquiète de ce qu’il va laisser à ses enfants.» Le réchauffement climatique, le nucléaire, le danger d’une crise alimentaire, la réforme de la mondialisation afin qu’elle soit plus humaine et celle du Conseil de sécurité des Nations unies pour qu’il accueille plus de membres sont des axes où il faut agir, a estimé Paul Bérenger. Après avoir énuméré ces cinq points, l’homme s’est quand même laissé aller à une petite pique politique : «Il faut désormais savoir si le PTr se retrouve encore dans l’idéologie du socialisme.»

Le politicien a, aussi, précisé, avant de laisser la parole aux intervenants, qu’il est difficile de trouver l’équilibre entre ses principes et le pouvoir lorsqu’on est appelé à gouverner : «C’est un exercice périlleux.» Les 45 dernières minutes de sa conférence a vu la participation de militants mais aussi de membres du parti soleil, à l’instar de Nando Bodha. Malheureusement, les réponses de Paul Bérenger sont restées assez évasives concernant l’application, dans la pratique, de ce modèle idéologique du socialisme d’aujourd’hui.

Un ancien militant s’est même lancé dans l’exercice fastidieux de faire l’historique du MMM à Maurice (intervention interrompue à la demande de Paul Bérenger). Néanmoins, difficile de passer à côté du bonheur de l’homme de retrouver son leader dans ses exercices de formation populaire. Et on peut retenir le souvenir ému qu’il a partagé : «à l’époque, dans les années 70, c’était l’université politique. Je me rappelle de tous ces débats, de toutes ces discussions…» C’est le MMM qu’il aime. Et Paul Bérenger qu’il admire.

Ce n’est pas fini !

Il compte remettre ça. Eh oui ! Paul Bérenger veut continuer ses conférences. D’ailleurs, il a annoncé que dans deux semaines, il se trouvera à la municipalité de Port-Louis pour discuter sur le thème :
La Chine et la démocratie. Il prévoit, également, de consacrer une causerie sur la problématique des Chagos.

Avis de jeunes…

Ils n’étaient pas nombreux lors la conférence-débat de Paul Bérenger. Mais ils étaient là ! Nous avons demandé à certains d’entre eux ce qu’ils avaient retenu de cette causerie. Mission difficile. Certains membres de la Jeunesse militante ont décidé qu’ils ne souhaitaient, tout simplement, pas s’exprimer.

Laurent Pyndiah

«Je ne partage pas l’idéologie de Paul Bérenger mais je peux dire que l’exposé était clair et d’une certaine richesse historique. Je voulais poser une question mais je n’en ai pas eu l’occasion. Je lui aurais demandé comment il estimait que le socialisme pouvait s’accommoder du réalisme et du libéralisme économiques tout en lui faisant remarquer que ce courant politique a servi de prétexte pour de nombreuses atteintes aux libertés.»

Karen Foo Kune

«Je me retrouve parfaitement dans les cinq core values. D’ailleurs, c’est pour cela que je fais partie du MMM. J’attends avec impatience que nous soyons au gouvernement afin de pouvoir mettre en pratique tous ces enseignements.»

Yann Charlotte

«Je suis déçu. Son discours manquait de fond. Il n’y avait rien de concret concernant la réelle mise en pratique de ses idées. Je ne suis pas pour l’égalité des classes : si c’est le cas dans un pays, il va stagner. La notion de classes est nécessaire afin de permettre aux gens de vouloir et de pouvoir grimper l’échelle sociale.»

Chandini Sumaruth

«J’ai retenu de nombreuses dates intéressantes mais aussi divers points clés. Ça a été une belle expérience pour moi de pouvoir participer à cette conférence. Et je me retrouve pleinement dans le discours de Paul Bérenger et dans les valeurs du MMM.»

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