Allez, passons sur l’anecdotique déclaration de Nita Deerpalsing qui affirme, avec toute la conviction qu’on lui connaît, que c’est Ramgoolam, l’élément fédérateur, et non le gourou Robin qui a attiré la foule au congrès des jeunes du PTr. Sharma appréciera… ou s’en moquera… en ayant les yeux fixés sur ses honoraires et sa nouvelle identité mauricienne.
Allez, passons également sur l’inutile palabre autour de la robe de Deerpalsing qui a alimenté les conversations pour de mauvaises raisons. Non, mais allô quoi, comme dirait l’autre. T’es une femme et t’as pas le droit de porter une robe ? Revers du féminisme ou dangereux réflexe machisme ? Allez savoir. Mais quittons l’accessoire et soyons sérieux.
Voyons ce qu’on retient du discours du PM. Que le taux de criminalité a baissé, comparé à 2000, 2001, 2002, 2005, 2010 et que cela continue de baisser après que son gouvernement a pris des mesures pour réorganiser la police, en mettant à la disposition de celle-ci de nouvelles technologies pour élucider les crimes, etc. Ah bon ? Et toutes ces agressions qui noircissent les colonnes des journaux ? Eh bien, des inventions de la presse, nous dit le PM. Et continue-t-il, les médias publient des faussetés pour faire de la sensation. On veut bien croire que les statistiques traduisent moins de crimes que dans le passé. Mais le Premier ministre a tort de croire que les chiffres suffisent à rassurer.
Quoi qu’on en dise, le sentiment d’insécurité est réel. Et ce n’est pas uniquement une histoire de perception des médias. Les faits sont têtus. Y a-t-il une seule semaine qui passe sans apporter son lot d’agressions ? Et ce, de toutes sortes. Que n’a-t-on pas entendu depuis le début de cette année, année qui avait d’ailleurs mal commencé avec l’assassinat d’un jeune homme de 18 ans à Bois-Marchand ? Ici, elle commandite le meurtre de son époux, celui-ci viole et tue une vieille de 80 ans. Là, il tue sa petite amie de seulement 15 ans avant de se donner la mort. Lui donne 30 coups de couteau à son ex-épouse. Ce jeune homme venu masser un client finit par le tuer et s’empare de son coffre-fort. Ce ne sont là qu’une poignée d’exemples parmi tant d’autres.
Au-delà de ces crimes sanglants, les agressions se présentent également sous d’autres formes. Pédophilie, incestes, viols. Dans notre édition de la semaine dernière, nous dénoncions plusieurs cas d’agression sur des mineurs. Il y a quinze jours, les Mauriciens découvraient un réseau de prostitution infantile, soit une autre manière d’agresser nos enfants. Cette semaine, nous témoignons de la brutalité domestique sur plusieurs victimes. Au fond, le citoyen a le sentiment d’une banalisation de la violence. Tuer, agresser deviennent des actes faciles, gratuits. Parfois en toute impunité.
D’autres fois, il y a une impression d’une rapide libération sous caution des agresseurs. Alors que les proches des victimes attendent des années avant de voir les accusés jugés. Souvenons-nous du crime horrible des belles-sœurs Jhurry. Souvenons-nous de ce vieil homme de 76 ans, mari et frère des victimes, qui a attendu sept longues années avant de voir juger le coupable (qui avait obtenu sa libération conditionnelle deux mois après le meurtre). N’oublions pas non plus ces impossibles deuils : Michaella Harte, Nadine Dantier, Anshee Itoo, Tagoresing Sandoram… dont les agresseurs courent toujours dans la nature.
Alors oui, les chiffres sont implacables. Mais non, l’inquiétude des Mauriciens sur le plan du law and order ne baisse pas…