Père Fabien
Points de presse, pétititon déposée au bureau du PM... Des prêtres catholiques des basses Plaines-Wilhems ne sont pas restés insensibles aux scandales qui secouent le pays. Des actions qui ont fait réagir le Premier ministre. «Ils disent : il faut faire ca, il faut faire ça… Si Dieu n’a pas réussi à le faire, comment vais-je y arriver, moi ?», s’est exclamé Navin Ramgoolam. L’un des prêtres en question, le Père Fabien, s’explique …
Un groupe de prêtres qui se fait entendre. Pourquoi maintenant ?
Nous nous sommes exprimés sur des questions d’ordre social et économique. Car la situation actuelle s’y prête. Il y a, en ce moment, une corruption rampante. Il y a des enquêtes policières qui ne sont pas vraiment faites ou qui n’aboutissent jamais. Il y a, également, une certaine peur ambiante. Je vais donner des exemples pour m’expliquer : Le premier concerne l’affaire Varma : personne n’a osé venir de l’avant pour témoigner. Il a fallu l’intervention du Premier ministre, il a fallu qu’il rassure, pour que des gens acceptent de déposer. Un autre : bon nombre de personnes ont refusé de signer notre pétition parce qu’elles ont peur pour leur emploi car elles travaillent au sein de la fonction publique. Et puis il y a aussi les inondations meurtrières, l’accident de Sorèze qui font que les gens ne se sentent pas bien.
Est-ce que ce sentiment est justifié ou pas ? Je ne sais pas. Mais il existe.
La situation est-elle alarmante ?
Non. Mais la situation est telle, qu’on estime qu’il est nécessaire d’appeler à la vigilance.
Lors du Congrès de la jeunesse du PTr, Navin Ramgoolam a accusé les religieux de demander l’impossible et de s’occuper des choses qui ne les concernent pas. Qu’en pensez-vous ?
Les propos de Navin Ramgoolam ne m’étonnent pas. C’est sa manière de comprendre nos prises de position sur les questions qui touchent notre pays. Il s’est exprimé de la même façon que le président de son parti, Patrick Assirvaden, il y a quelque temps. Ils ne font que se répéter. Nous sommes habitués au fait que nous ne sommes pas très bien compris. Ça ne me gêne pas. La réaction de Navin Ramgoolam ne m’émeut pas beaucoup.
Est-ce que vos points de presse sont des sorties contre le gouvernement ?
Absolument pas. Nous n’y avons jamais pensé en ce sens. Ce que nous avons dit, nous l’avions fait remarquer lorsque le MMM était au pouvoir. Et si demain, c’est un autre parti qui est à la tête du pays, nous répéterons la même chose si cela s’avère nécessaire.
Certaines personnes estiment qu’être prêtre et prendre position publiquement sont incompatibles. Votre réaction ?
Ils ne savent pas grand-chose de la prêtrise. Mais je peux comprendre leur étonnement. Si on prend le cas de Jésus, on voit qu’il avait pris position contre les autorités politiques et religieuses de son pays. S’il y a un climat de dominer, d’injustice, les prêtres doivent se faire entendre. C’est une tradition de s’exprimer sur tout ce qui fait du mal à l’homme. Desmond Tutu et Nelson Mandela ont dénoncé des injustices au nom de leur foi, par exemple.