On aura beau dénoncer les dysfonctionnements de la société, on ressassera encore une fois l’importance de l’éducation sexuelle chez les ados, on s’attristera devant l’absence de boussole sociale. Et on dira qu’il faut sanctionner les coupables, muscler les lois. La vérité demeure. Elle est implacable, ignoble. Une petite fille de 4 ans a été violée et jetée dans les toilettes. Retrouvée à temps par sa mère, l’enfant, transportée à l’hôpital de Crève-Cœur, Rodrigues, où elle serait hors de danger, ne peut toujours pas s’alimenter, son système digestif ayant été endommagé. Rien que cette semaine, huit cas d’agression sexuelle sur mineurs ont été rapportés à la police.
Nous racontons, dans notre édition d’aujourd’hui, la maternité précoce d’une adolescente de 16 ans qui dit avoir ignoré qu’elle était enceinte, jusqu’à l’arrivée surprise de son bébé dont elle a accouché à son domicile un matin, alors qu’elle se préparait pour l’école. Vous lirez, dans l’article, le témoignage de l’accusé qui n’en est pas à ses premières relations sexuelles avec une mineure. Il s’en était sorti, ayant réussi le coup de ce qu’il appelle un «arrangement». C’est ce qu’il recherche une nouvelle fois. Tout simplement. Pour lui, adulte de 25 ans, la chose semble banale. On couche avec des mineures, après on vit avec elles pour éviter la justice. Ensuite, on part après avoir découvert une autre proie fragile. Facile, classique. Et l’histoire recommencera.
Jeunes corps, plaisirs malsains, prédateurs… La semaine dernière, les Mauriciens découvraient un réseau de prostitution infantile, des proxénètes au-dessus de tout soupçon, des entremetteuses qui se faisaient de l’argent facile en arrangeant des rencontres interdites et la grossière histoire d’une mère de famille qui avoue avoir vendu sa fille (nous relatons un autre récit semblable en pages 8-9 cette semaine). Si l’on peut tenter de comprendre qu’il y a des raisons, financières ou autres, poussant des femmes adultes à se prostituer, il est inacceptable qu’une mère vende sa fille en évoquant la pauvreté. Si on accepte ce raisonnement, toutes les misérables du pays seraient condamnées à exploiter leurs petits corps. Bien sûr, la misère, les familles en détresse, le chômage, une certaine fatalité pourraient expliquer quelques perditions. Mais des parents sont censés protéger leurs enfants, pas les vendre. Qu’on soit riche ou pauvre.
Ce qui doit nous alerter dans cette affaire de prostitution sur l’axe Mont- Choisy-Cité La Cure, c’est qu’on en aurait rien su s’il n’y avait pas eu une dénonciation de la part d’un citoyen qui soupçonnait ce business. Si cette personne ne s’était pas rendue à la police, les trois adolescentes, à l’heure qu’il est, seraient toujours en train de pratiquer tranquillement ce vieux métier, tout en contribuant à développer un tourisme sexuel. Un tourisme qui se propage de plus en plus dans certaines régions, avec la complicité d’adultes sans scrupule qui savent qu’à 14, 15 et 17 ans (c’est l’âge des ados entraînées dans le réseau), on n’a pas la maturité nécessaire pour distinguer le bien du mal. C’est l’âge où l’on écoute sa mère quand elle dit qu’il n’y a pas de mal à se prostituer car ça rapporte.
Ce que les pédophiles, les prédateurs, les esprits pervers/manipulateurs ne diront pas, ce sont les répercussions de ces violences sexuelles. Parfois, les victimes sont tout simplement coupables de naïveté, à l’exemple de ces jeunes entraînées dans le réseau de prostitution infantile après avoir fait confiance à des âmes insensibles. D’autres fois, il s’agit d’enfants bien trop jeunes pour se défendre, à l’exemple de la petite Rodriguaise de 4 ans. Alors, on les maltraite physiquement, on les broie psychologiquement, on leur vole leur innocence, leur insouciance, leurs rêves d’enfants…