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Parole aux associations socioculturelles

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Somduth Dulthumun estime que la proposition de Nita Deerpalsing est «ridicule».

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La députée espère que le mot «séculier» sera inscrit dans la Constitution.

Un rêve. Celui de Nita Deerpalsing, mais aussi celui de nombreux Mauriciens. Un message d’espoir, un message d’unité. Et c’est au Parlement, il y a quelques jours, que la députée de la majorité a fait sa proposition. Elle espère, dit-elle, une ligne de démarcation entre la religion et la politique. Et l’apparition du mot «séculier» dans la Constitution. Dans son discours, la présidente de l’aile jeune du Labour Party a également fait part de son souhait : que le financement des religions et des associations socioculturelles par l’État soit revu et qu’un code of conduct soit mis en place pour les politiciens et les religieux, afin d’éviter les dérives comme les consignes de vote à la veille des élections.

De quoi faire jaser les principaux concernés ! Mais pas forcément ouvertement ; nous avons tenté, en vain, de faire réagir le père Jocelyn Grégoire, président de la Fédération des Créoles mauriciens, et Krit Manohur, président de la Voice of Hindu. Un sujet qui dérange ? Peut-être. Mais qui ne dérange pas Somduth Dulthumun. Le président de la Mauritius Sanathan Dharma Temples Federation estime que Nita Deerpalsing «est tombée sur la tête». Il ne mâche pas ses mots concernant la députée de Belle-Rose/Quatre-Bornes : «Elle est toute seule à penser ainsi.»

Il est d’avis que les religieux «vivent idéalement» et que s’il faut mettre en place un code de conduite, ce serait pour les politiciens comme elle : «Ce sont eux qui vont de maison en maison sur la base de la communauté et de la caste.» De plus, il ne comprend pas pourquoi une personnalité devrait se taire à l’approche des élections : «Chaque personne a droit à son opinion. Et si quelqu’un est un role model et que des gens ont décidé de le suivre, il a aussi droit à la liberté d’expression. On ne peut pas empêcher les gens de s’exprimer.» Concernant la fin du financement des associations socioculturelles, il est catégorique : «C’est complètement stupide.»

Somduth Dulthumun estime que les gouvernements «des pays développés» dépensent des milliards en armes alors qu’à Maurice, le financement de groupes qui travaillent pour le bien-être de la société est remis en question. «C’est aberrant ! Nous œuvrons pour la stabilité et la paix. Et nous sommes là à chaque étape de la construction d’un individu, lors de la formation du citoyen de demain. C’est grâce à ces bons citoyens que Maurice est un pays où il fait bon vivre», fait-il ressortir.

C’est quoi ?

D’ailleurs, dit Somduth Dulthumun, cette Private Members Motion est «ridicule». Alors, il n’y fait pas vraiment attention : «Nous évoluons déjà comme un état séculier. Ce n’est pas nécessaire de tout mentionner dans la constitution ! En plus, Nita Deerpalsing demande que soit mis en place un comité afin de définir le terme ‘‘séculier’’ ! Elle et les autres ne savent pas ce que ça veut dire ou quoi ?» En fait, la députée a demandé que soit institué un Select Committee qui sera appelé à décider «de quelle forme d’État séculier nous avons besoin».

Une décision qui ne dérange pas Rafick Samtaly, président de la Muslim Youth Federation : «Nous sommes d’accord sur le fond.» La religion et la politique doivent être séparées, estime-t-il : «Au moment des élections, ce sont les politiciens qui font le pas vers nous. Nous ne demandons rien, nous. Mais bon, c’est un autre débat.» D’ailleurs, explique-t-il, son mouvement n’a jamais donné de consigne de vote : «Je pense que les Mauriciens ont assez de maturité et d’ouverture d’esprit, grâce au développement de l’informatique et des technologies, afin d’avoir leur propre opinion. De nos jours, je crois que les consignes de vote n’ont aucune réelle influence.»

D’ailleurs, explique-t-il, dans son association, il y a «presque toutes les tendances politiques» : «Et nous œuvrons tous pour une meilleure île Maurice.» C’est pour cela qu’il estime que des associations comme la sienne méritent un financement : «Nous faisons le plus gros du travail sur le terrain. Le gouvernement a ses ministères et ses policies pour aider les déshérités. Mais nous, nous sommes plus proches des personnes défavorisées. Et nous faisons beaucoup de travail social. Néanmoins, nous sommes pour un contrôle afin qu’il n’y ait pas d’abus.»

Il avance qu’un code de conduite n’est pas forcément nécessaire, tant que les associations et le gouvernement travaillent en partnership pour une meilleure société : «Mais il ne faut pas encourager le sectarisme ou le communalisme.»

Le Grupman Larkansiel Kreol abonde dans ce sens. C’est dans un communiqué que l’association a précisé sa position face à la proposition de Nita Deerpalsing, dont elle salue «la témérité et le courage politique» : «Une initiative qui va dans le sens de la modernité (…) prônant la séparation étanche de la sphère privée, notamment religieuse, des affaires publiques, donc politiques».

C’est l’aspect historique de la démarche qui est salué par cette association qui soutient la députée… et son rêve.

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