Munien Munusami souhaitait que personne n’oublie le drame.
Il était la mémoire vivante de la fusillade du 27 septembre 1943. Cette date noire dans l’histoire de l’île Maurice, il l’avait connue. Munien Munusami, 84 ans, le «seul rescapé» du massacre qui avait vu quatre personnes tomber sous les balles, dont Anjalay Coopen, après une grève, s’est éteint lundi dernier. «Il est parti avec tous ses souvenirs. Il était très malade ces derniers temps», déclare Vassoo, l’aîné de ses cinq enfants.
«Anjalay était ma cousine. C’est une tranche de mon existence qui m’a toujours suivi», nous avait-il déclaré en octobre dernier lors d’un reportage. Malgré les soixante-trois années qui s’étaient écoulées, l’image d’Anjalay Coopen en sang le hantait toujours. Il n’avait qu’à fermer les yeux pour revivre ces moments. «Cette femme croyait en ses droits et en ceux des femmes. Elle a lutté jusqu’au bout, croyant fermement en ses convictions : plus d’égalité et plus de droits aux laboureurs. Une manifestation, une fusillade et, en un clin d’œil, elle a perdu la vie. Toute l’histoire, toute la scène, toute la tragédie s’est passée devant moi», nous avait-il dit.
Après une longue période de maladie, Munien est maintenant parti la rejoindre, laisse échapper son fils. «J’espère que vous transmettrez à la jeune génération mon histoire», avait-il dit à ses proches avant de s’éteindre…