Sabrina Jean raconte sa vie à Crawley.
C’est à Crawley que vivent la plupart des Chagossiens qui sont partis s’établir au Royaume-Uni. Alors que le Parlement britannique a annoncé qu’il allait mener une étude sur une possible réinstallation de ces exilés dans leur pays d’origine, ceux qui vivent en Angleterre nous racontent leur nouvelle vie…
Comme une grande famille. Une grande communauté où tout le monde connaît tout le monde, où chacun s’épaule et écrit la même histoire. Celle d’un combat ou encore d’un rêve : retrouver un jour leurs terres perdues. Et même s’ils ont quitté Maurice pour s’installer en Angleterre, ces frères et sœurs chagossiens croient toujours en leur cause et continuent d’être à l’affût de la moindre information concernant leur paradis, duquel leurs ancêtres ont été déracinés.
Tous les jours, ils vivent dans l’espoir. Une lueur qui s’est d’ailleurs ravivée cette semaine avec une déclaration de Mark Simmonds, le ministre britannique des Affaires étrangères. Ce dernier a indiqué, lundi, au Parlement, que son pays allait mener une étude de faisabilité sur un possible relogement du peuple déraciné dans son archipel. Un développement qui concerne particulièrement Sabrina Jean, 40 ans. Voilà sept ans qu’elle s’est installée en Angleterre. «J’y suis allée, car j’ai un passeport britannique. Mais si j’avais le droit de vivre sur la terre de mes ancêtres, je serais aux Chagos aujourd’hui», confie-t-elle. C’est à Crawley, une ville du comté du Sussex à l’ouest du Royaume-Uni, qu’elle a installé son petit nid, avec sa famille.
Là-bas, les Chagossiens sont tous plus ou moins voisins et ils sont très soudés, même si chacun a aujourd’hui trouvé ses repères. Sabrina, traductrice et interprète, en sait quelque chose : «Mes journées se passent au boulot et quand je ne travaille pas, je m’occupe du combat et j’aide les Chagossiens qui ont des difficultés en Angleterre.»
Bien sûr, tout n’est pas facile. «La vie n’est pas toute rose. Il faut bosser dur pour gagner son pain, comme c’est le cas partout d’ailleurs. La location est très chère, mais ce qui est bien pour nos enfants, c’est la qualité et le niveau de l’éducation», poursuit Sabrina qui est également la présidente du Chagos Refugees UK Group. Dans leur nouvelle vie sous d’autres cieux, les Chagossiens restent mobilisés : «On vit en communauté, même si nos idées ne sont pas les mêmes. Car nous luttons pour la même cause.»
Clifford Volfrin, 51 ans, vit aussi la même réalité que Sabrina depuis le 4 février 2008. Il reconnaît que l’herbe n’est pas forcément plus verte en Angleterre, mais avoue que la vie à Crawley offre beaucoup de possibilités : «Avec la livre sterling, nous avons quand même un certain pouvoir d’achat.»
Et chaque jour qui passe, raconte-t-il, est fait de défis : «En ce moment, j’apprends à parler l’anglais.» Tout en vivant là où se passent les affaires judiciaires concernant le retour dans son petit paradis, Clifford poursuit son petit bonhomme de chemin dans son pays d’adoption où, avec ses frères et sœurs chagossiens, ils vivent tous comme une grande famille…