Est-ce qu’une alternative politique sera meilleure pour Maurice ? L’atmosphère polluée par les scandales en tous genres depuis le début de l’année, l’inquiétude exprimée par Arnaud Lagesse, CEO de GML, sur le leadership du pays (Business Magazine), traduisant le mood du milieu des affaires et le choc provoqué par les révélations scandaleuses dans le judiciaire, suscitent des réflexions sur un nécessaire changement de gouvernement. Comme toujours, on brûle ce qu’on a adoré hier, des éléments rouge-bleu virant, semble-t-il, au mauve-orange ces jours-ci.
En l’absence d’une troisième force visible sur l’échiquier politique, l’unique alternative demeure donc l’opposition parlementaire. Sauf que le bloc MMM-MSM est loin d’être crédible et n’incarne ni un renouvellement d’hommes/d’idées, ni l’espoir d’une meilleure gestion de Maurice. Au contraire, le citoyen lambda a le sentiment que l’alliance des Jugnauth-Bérenger, dans l’éventualité d’une victoire aux élections, ne fera que pratiquer une politique de continuité tout en étant assujettie aux mêmes contraintes auxquelles fait face aujourd’hui Ramgoolam.
Or, les Mauriciens s’attendent à une rupture de la politique telle qu’elle est pratiquée jusqu’ici. La jeune génération qui veut garder l’espérance d’un avenir meilleur, rêve de transparence, d’innovation, d’idées audacieuses/neuves, de nouvelles règles venant d’individus engagés ayant foi dans une certaine morale de la politique. «Il faut un renouveau salutaire qui embrase les esprits, crée un nouveau dynamisme», disait Mohamad Vayid avant de tirer sa révérence. Une autre réflexion du brillant observateur nous revient à la veille des longues vacances parlementaires : «Nous ne pouvons plus avoir des membres du Parlement à temps partiel. Quand on considère ce qu’ils coûtent aux contribuables avec leurs interminables vacances qui retardent le passage des lois et provoquent des certificats d’urgence, leurs réunions une fois la semaine pendant à peine sept mois de l’année, leurs salaires, leurs privilèges, leurs pensions, leurs voitures hors taxes, nous n’en avons pas pour notre argent. Une réforme est impérative.» Une remarque pertinente sur laquelle députés et ministres gagneraient à réfléchir pendant leur prochain long congé.
Cela dit, est-ce que dans l’éventualité d’une prise de pouvoir, le remake 2000 apporterait une évolution à ce niveau ? On en doute. Tout comme on doute que les challengers de l’équipe Ramgoolam aient un plan pour sortir l’économie de l’impasse, combattre le chômage, la pauvreté, le communalisme, la corruption, les replis identitaires, etc. Si actuellement l’alliance MMM-MSM est dans son rôle et agit plutôt efficacement comme groupe de pression à l’Assemblée nationale et en critiquant les travers du gouvernement chaque samedi, il est grand temps que ceux qui veulent incarner l’alternance nous disent en quoi ils seraient d’éventuels meilleurs gestionnaires demain.
Le public aurait aimé savoir quels traitements les dirigeants de l’alliance MMM-MSM auraient accordé à ces maux qui épuisent le pays. Qu’auraient-ils fait s’ils étaient au pouvoir et que les scandales avaient lieu sous leur leadership ? Comment auraient-ils géré les inondations ? Est-ce qu’ils auraient demandé à leur ministre du Transport de démissionner après l’accident de Sorèze ? Si un nominé proche de l’alliance MMM-MSM, impliqué dans une affaire de corruption alléguée, s’accrochait indécemment, façon Maurice Allet, à son siège, est-ce que le tandem SAJ/Bérenger l’aurait révoqué ?
En l’absence de propositions claires de la part de l’opposition sur les grands enjeux du pays, nous serions tentés de croire que la réforme électorale, son fameux white paper, ses séances koz koze bientôt, viendront balayer toutes les critiques formulées par le MMM à l’égard du PTr, dans la perspective d’une nouvelle alliance rouge-mauve…