Sébastien Rousset
Le Collectif Citoyen Maurice Environnement a lancé, cette semaine, la campagne «Gérizon komens par twa !» Sébastien Rousset, membre du mouvement, nous parle de ce projet.
Quelle est l’idée derrière «Gérizon komens par twa !» ?
Cette idée a vu le jour il y a un an, après une visite de l’exposition de la cité des sciences de Paris, actuellement visible à l’Aventure du Sucre. Une aile est consacrée à la biodiversité de Maurice. Le constat était très alarmant, et pour reprendre une phrase de Jacques Chirac au sommet de la Terre, à Johannesburg, en 2002, «our house is burning and we are looking elsewhere.»
En tant que citoyens conscients des problèmes liés à l’environnement et de leur impact sur nous, les humains, nous avons pris l’initiative de faire quelque chose pour alerter nos concitoyens. Une campagne de publicité a donc vu le jour avec l’aide de l’agence Facto WE. La deuxième phase met en avant, dans la presse et à la radio, des ONG et des personnalités qui ont des débuts de solutions à proposer, et la troisième consiste à commencer nous-mêmes une action concrète – le nettoyage de certains sites avec l’aide de l’association d’étudiants AIESEC – afin de joindre l’action à la parole.
Pensez-vous que les Mauriciens sont suffisamment informés sur la nécessité de vivre dans un environnement sain ?
Les Mauriciens, dans leur grande majorité, n’ont pas idée de l’impact de la pollution sur la terre et par ricochet sur eux-mêmes. Tel est d’ailleurs le cas dans de nombreux pays. C’est une véritable bombe à retardement dont nous commençons à peine à ressentir les effets. Mais nos enfants, eux, vont en faire les frais. Cette campagne a pour but d’attirer l’attention sur ces problèmes. Chacun doit faire face à lui-même devant le choix suivant : soit on continue à faire l’autruche, soit on commence à modifier nos comportements et nos modes de vie.
Estimez-vous que les Mauriciens se sentent concernés par les ravages de la pollution ?
Depuis 30 ans, le Mauricien s’est engagé dans un mode de vie de plus en plus égoïste et une course à l’argent et aux biens matériels. Aujourd’hui, c’est chacun pour soi. Cette façon d’agir nous mène droit dans le mur et les phénomènes sociaux (vols, meurtres, corruptions etc.) sont une des conséquences de ce mode de vie destructeur pour la société, mais aussi pour l’environnement.
Les inondations de Port-Louis ont montré ce que cela donne quand on agit égoïstement et qu’on salit partout sans réfléchir. Combien de catastrophes de ce genre faudra-t-il pour que nous comprenions que nous ne vivons pas seuls sur cette île et que nos actions doivent aussi prendre en compte le bien-être de tous et pas seulement le nôtre ?
Depuis longtemps, il y a des campagnes pour sensibiliser la population aux dangers de la pollution. Malgré tout, le problème perdure. Qu’est-ce qui ne marche pas, selon vous ?
Changer les mentalités est une chose qui demande de la patience. De plus, on ne peut pas obliger les gens à changer. Il faut que la personne soit consciente et que le changement vienne de son cœur pour qu’il soit durable et non pas un feu de paille. L’obstacle majeur aujourd’hui demeure, sans doute, la léthargie dans laquelle le matérialisme nous a embourbés.
Pourquoi pensez-vous que la campagne «Gérizon komens par twa» fera réagir les Mauriciens ?
Il n’existe pas de baguette magique pour faire changer les mentalités. Il faut arroser la plante. Notre campagne a la vocation de faire un pas de plus pour gravir la montagne qui est devant nous. Toutefois, à un certain moment, le fruit est mûr et nous avons l’espoir que la conscience collective mauricienne n’est pas loin de se réveiller et de prendre ces problèmes d’environnement à bras-le-corps.
En quoi le pays bénéficiera-t-il de cette campagne ?
Plus personne ne pourra dire «mo pa ti kone» quand le boomerang sera revenu à son point de départ et que nous ferons face à de grands problèmes environnementaux et sanitaires. Si, à la suite de cette campagne, un seul Mauricien commence à se poser la question des conséquences de ses actes sur l’environnement et commence à changer ses habitudes de façon à moins polluer, eh bien, la campagne n’aura pas été vaine !
Que fait le Collectif Citoyen Maurice Environnement ?
Le collectif est composé de trois personnes : Aisha Mosaheb, Edwige Gufflet et moi-même. Cette campagne est la première action que nous menons. La troisième phase, l’action nettoyage de terrains, est en train de prendre de l’ampleur.