Les ministres et députés lors de la dernière présentation du budget.
Si certains estiment qu’ils touchent le «gros lot», les députés et ministres, entre autres, estiment que cette majoration est justifiée. Ceux interrogés expliquent pourquoi…
Pour quelque milliers de roupies de plus, ça jase, ça peste et ça polémique ! Et les membres de la majorité gouvernementale interrogés ne comprennent pas le pourquoi de tout ce remue-ménage, disent-ils. Alors que ceux de l’opposition abondent dans le même sens que ceux qui font entendre des critiques, oubliant presque qu’ils en sont également la cible.
Depuis la présentation, au Conseil des ministres, ce vendredi 14 juin, des nouveaux salaires des parlementaires (voir la nouvelle grille salariale en hors-texte), les commentaires fusent de toutes parts. Et cela, avant même qu’ils n’entrent en vigueur (pour que ces différentes hausses soient effectives, deux amendements devront être votés au Parlement ce mardi 18 juin).
Par mois, le président touchera désormais Rs 288 000, alors que le Premier ministre gagnera Rs 282 000. Le leader de l’opposition touchera, lui, Rs 150 000. Une majoration de 30 %, en moyenne, qui concernera également les salaires des Private Parliamentary Secretaries (PPS), du vice-président, du vice-Premier ministre, du speaker, du deputy speaker, des ministres et des députés, entre autres. Concernant les différentes allocations, ce sera à un High-Powered Committee de décider du montant de l’augmentation.
Il s’agit là d’«une bonne nouvelle», affirme Tassarajen Pillay Chedumbrum, ministre des TIC. Et c’est en philosophe qu’il revient sur les nombreuses critiques entendues ces dernières heures sur les radios privées et lues sur les forums : «Les gens sont un peu agacés. J’essaie de les comprendre. S’ils étaient à ma place, ils seraient contents. Et si j’étais à la leur, je ne l’aurais peut-être pas été. Mais tout le monde doit travailler, c’est comme ça.»
Et les commentaires acerbes sur le sujet ne sont pas près de se tarir. Nombreux sont ceux qui se demandent comment une telle majoration peut avoir lieu alors que le pays vit des moments difficiles sur le plan économique et que la population est obligée de «ser syntir». D’autres s’interrogent sur cette augmentation alors que la performance de certains ministres est remise en cause au sein même de la majorité. Il y a quelques semaines, Reza Issack, député rouge, déclarait, dans une interview accordée à l’express dimanche : «Nous avons quelques ministres vraiment médiocres.»
Pour Tassarajen Pillay Chedumbrum, les parlementaires travaillent pour «la bonne cause» : «En tant que professionnels, nous gagnerons plus que le salaire de ministre que nous recevons. Nous œuvrons pour le bien de notre pays». Le ministre explique également qu’un élu a de nombreuses dépenses quand il œuvre pour sa circonscription : «Avoir de bonnes relations avec ses mandants implique de nombreuses dépenses. Les gens comptent sur nous. Et c’est de notre devoir de les aider financièrement.»
La PPS Kalyanee Juggoo estime, elle, que cette hausse est un plus pour les habitants des régions dont elle s’occupe : «Nous devons avoir suffisamment de moyens afin d’aider les autres. Cet argent ne sert pas uniquement à nos dépenses personnelles. Quand il y a une catastrophe, un enterrement, un événement heureux, un mariage, une naissance, nous nous devons de venir en aide aux personnes qui en ont besoin.» De plus, elle estime que cette majoration n’est pas «exagérée» et qu’elle n’est pas indécente malgré le contexte économique actuel : «C’est une décision juste.»
Des travailleurs comme les autres
Pour la secrétaire général du Labour Party, les parlementaires sont des travailleurs comme les autres : «Comme tout le monde, nous allons au supermarché. Pour nous aussi, les prix augmentent. Nous avons de nombreuses dépenses. Alors comme tous les travailleurs, notre salaire se doit d’être revu.» Des explications qu’elle donne afin de répondre à ceux qui polémiquent autour de cette majoration. Néanmoins, tous les parlementaires ne sont pas heureux de se «justifier».
À l’instar du ministre des Collectivités locales qui n’a pas caché son agacement face à ces nombreuses réactions négatives. Interrogé quant à son regard sur les critiques autour de cette majoration, Hervé Aimé a déclaré : «De toute façon, il y a des polémiques tous les jours. Alors !» Et d’ajouter, avant de mettre brusquement fin à la conversation : «Je ne vais pas faire de commentaires»
Du côté de l’opposition, on estime que l’augmentation «récompense l’incompétence du gouvernement», comme l’explique Franco Quirin, député du MMM : «Semaine après semaine, les membres de la majorité gouvernementale nous prouvent leur incompétence. Leur hausse de salaires n’est pas justifiée. Et nous pouvons comprendre la colère des Mauriciens.» Néanmoins, cette «colère» n’est pas uniquement dirigée vers les élus de l’alliance PTr-PMSD.
Certaines critiques soulignent le manque d’action des membres du Remake 2000 et le fait qu’ils cautionnent cette augmentation car elle leur est favorable. Cela, alors qu’ils ne cessent de critiquer les actions des membres de la majorité gouvernementale. Françoise Labelle, députée de l’opposition, dit ne pas avoir entendu ces attaques : «On parle uniquement des salaires des ministres. Et je comprends l’indignation des Mauriciens car, en ce moment, l’incompétence des ministres est à son apogée.» Une «indignation» qu’elle partage : «J’ai une pensée spéciale pour les employés du secteur privé qui n’ont rien reçu à travers le National Remuneration Board et qui ont des conditions d’emploi précaires. Nous allons tous à la même boutique. Nous payons les mêmes prix…»
Néanmoins, elle ne parlera pas de son augmentation, dit-elle : «Sur ce point, je ne ferai pas de commentaire.» Franco Quirin, lui, est plus loquace. Même si l’augmentation profite à des «incompétents», elle récompense également le vrai travail, explique-t-il. Celui de l’opposition, bien entendu. Une façon de se justifier et de répondre aux critiques : «Si le gouvernement ne mérite pas cette majoration, au niveau de l’opposition, nous faisons notre travail. Et c’est tout à fait normal que l’on soit rémunéré à la mesure de notre travail». De plus, Franco Quirin estime que la disparité entre les salaires des PPS et des députés est une aberration : «Sur le terrain, la charge de travail est la même. En tant qu’élus, nous avons les mêmes dépenses, nous nous devons de venir en aide à nos mandants.»
Comme lui, Françoise Labelle espérait que ce gouffre entre les salaires soit réduit. Elle espérait, certainement, quelque milliers de roupies de plus…
La nouvelle grille de salaire
Président de la République
2003 - 125 500
2008 - 215 000
2013 - 288 000
Premier ministre
2003 - 117 250
2008 - 210 000
2013 - 282 000
Vice-Président de la République
2003 - 90 000
2008 - 150 000
2013 - 198 000
Vice-Premier ministre (Deputy PM)
2003 - 86 850
2008 - 150 000
2013 - 198 000
Ministre
2003 - 82 025
2008 - 145 000
2013 - 192 000
Speaker
2003 - 82 025
2008 - 145 000
2013 - 192 000
Leader de l’Opposition
2003 - 65 140
2008 - 115 000
2013 - 150 000
Whip du gouvernement
2003 - 54 040
2008 - 105 000
2013 - 138 000
Parliamentary Private Secretary
2003 - 54 040
2008 - 100 000
2013 - 132 000
Deputy Speaker
2003 - 44 630
2008 - 100 000
2013 - 132 000
Whip de l’Opposition
2003 - 44 630
2008 - 77 500
2013 - 96 000
Deputy Chairman
of Committees
2003 - 42 220
2008 - 68 000
2013 - 84 000
Deputy Chief Whip
2003 - 42 220
2008 - 68 000
2013 - 84 000
Chairman Public
Accounts Committee
2003 - 42 220
2008 - 68 000
2013 - 84 000
Député
2003 - 33 775
2008 - 50 000
2013 - 68 400
Nouveau poste:
Vice-Prime Minister :
Rs 195 000