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Amrita : «Mon époux a été tué par vengeance»

Le lieu où le cadavre a été retrouvé.

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Le suspect Rocky après son arrestation.

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Le lieu où le cadavre a été retrouvé.

Pour elle, c’est un long différend entre son époux et son neveu Ajay qui aurait conduit à l’assassinat du premier. Les limiers considèrent d’ailleurs ce policier de 42 ans, qui est actuellement suspendu de ses fonctions, comme étant le présumé commanditaire dans cette horrible affaire de meurtre.

Dans la tête d’Amrita Rumon, il n’y a pas de doute. Ajay Rumon, le neveu de son époux, qui habite non loin de chez eux, a quelque chose à voir avec l’assassinat de ce dernier. C’est aussi ce que pensent les enquêteurs qui, à l’heure où nous mettions sous presse, recherchaient toujours ce policier car ils le soupçonnent d’être le commanditaire du meurtre de Dan Rumon. Selon une source, le suspect devrait se constituter prisonnier demain accompagné de son avocat.

Dan Rumon était porté manquant depuis le samedi 8 juin et son cadavre a pu être retrouvé, mercredi, dans un champ de cannes à Martinière, Surinam, après bien des recherches. Le rapport d’autopsie indique que la victime, qui habitait Chemin-Grenier, a rendu l’âme après avoir été égorgée et poignardée à plusieurs reprises. L’entrepreneur en bâtiment avait également plusieurs côtes fracturées. Quatre suspects, habitant tous Surinam, ont déjà été arrêtés dans cette affaire : Satyam Nundoo, alias Rocky, 32 ans, sa compagne, Pavdevi Bhunjun, 43 ans, Deepak Nundoo, 39 ans, et Rakesh Bhunjun, 35 ans.

C’est le suspect Rocky, connu des services de police, qui a aidé les enquêteurs à voir plus clair dans cette affaire. Dans sa déposition, ce récidiviste notoire a allégué que c’est le policier Ajay Rumon qui a commandité l’assassinat de son oncle Dan. Il a également déclaré que c’est le policier lui-même qui aurait tranché la gorge de la victime. Le policier aurait promis de payer Rs 700 000 à ses hommes de main pour tuer son oncle.

Rocky a aussi permis aux limiers de retrouver deux armes tranchantes qui auraient servi au meurtre. Parmi les pièces à conviction, il y a aussi des vêtements et une pioche maculés de sang qui ont été retrouvés près d’une rivière, au lendemain de la disparition de l’habitant de Chemin-Grenier. La police a également retrouvé sur place des morceaux du portable de Dan Rumon ainsi qu’une carte à puce. C’est d’ailleurs cette puce qui a permis aux enquêteurs de remonter jusqu’aux suspects car le dernier appel que la victime a reçu proviendrait d’un téléphone appartenant à Pavdevi Bhunjun. Pour l’heure, seul le suspect Rocky a avoué avoir participé à l’assassinat de Dan Rumon.

Amrita Rumon a su, dès le dimanche 9 juin, soit au lendemain de la disparition de son époux, que quelque chose de grave s’était produit : «Et lorsque la police a retrouvé des vêtements et une pioche maculés de sang, j’ai perdu tout espoir de le retrouver vivant. Mes soupçons se sont tout de suite portés sur Ajay, avec qui mon époux n’était pas en bons termes. Ce n’était un secret pour personne que le fils de mon beau-frère était à couteaux tirés avec mon époux. C’est pour cela que depuis le début, je dis que mon époux a été tué par vengeance.»
Tout commence en 2009, raconte la veuve. Dan utilisait un terrain familial, situé à l’arrière de la maison de son neveu Ajay, pour y élever des cabris. Chose que le policier n’appréciait pas, selon Amrita. Il reprochait aussi à son oncle, ajoute-t-elle, de brûler des détritus à cet endroit. Les deux hommes ont eu, dit-elle, de multiples altercations et Dan Rumon a même été arrêté après l’une d’elles.

«C’était en avril 2009. Ajay avait porté plainte contre mon époux et la police l’avait arrêté pour arson à la suite d’un différend concernant toujours le terrain qu’occupait mon époux. Se enn problem zalouzi kinn, deteriore. Après une altercation, Ajay a dit à Dan “atann mo fer ferm twa la”. Peu après, il est entré chez lui. On a entendu du bruit et on a vu de la fumée. Il a, par la suite, dit à la police que mon époux avait mis le feu à sa maison. Ce qui est totalement faux. Nos deux fils, Arvesh et Sailesh, avaient assisté à toute la scène», raconte Amrita. Elle précise que Dan était toutefois en bons termes avec le père d’Ajay.

Un autre incident grave aurait opposé les deux familles le 23 décembre 2011. «C’était un matin. J’ai entendu quelqu’un frapper mon chien. Lorsque je suis sortie, je suis tombée sur Ajay qui s’est mis à m’insulter. Il a commencé à devenir violent lorsqu’il a vu mon fils aîné. Il lui a demandé où était Dan qui était déjà sorti pour aller travailler.»

«Peur des représailles»

Après être rentré du boulot dans la journée, Dan s’est rendu à la police pour porter plainte contre son neveu pour insulte. Mais celui-ci l’avait devancé. «Ajay avait lui aussi porté plainte contre mon fils et moi, nous accusant d’avoir mis le feu une fois de plus à sa maison. On s’est rendu à la police le lendemain et on a dû verser une caution de Rs 7 000», s’insurge Amrita.

La veuve de Dan Rumon soutient que d’autres membres de la famille ont aussi régulièrement des problèmes avec Ajay, mais que ces derniers n’ont pas alerté la police par peur des représailles. La quadragénaire précise aussi que son fils Sailesh et elle ont consigné plusieurs dépositions au Police Complaints Investigation Bureau, à Rose-Hill, à l’encontre d’Ajay.

Le dernier différend entre Ajay et son oncle Dan remonterait au 3 octobre 2012. «Ce jour-là, Ajay avait agressé mon époux dans un but précis. Celui-ci devait déposer en cour le 4 octobre dans le cadre du procès où mon fils et moi étions accusés d’avoir mis le feu à la maison d’Ajay. Il devait aussi accompagner notre fils qui était encore mineur à cette époque. L’affaire a, heureusement, été rayée en cour malgré l’absence de mon époux», soutient Amrita. Suite à cette agression, dit-elle, son mari, blessé, avait passé six jours à l’hôpital et son neveu avait été suspendu de ses fonctions.

Son fils Sailesh, ajoute-t-elle, a été arrêté le 24 avril suite à une autre plainte de son cousin Ajay, l’accusant de l’avoir insulté et menacé avec une arme tranchante. «Cette affaire a été montée de toutes pièces. Il était venu chez nous pour provoquer mon fils. Il avait remis un sabre à ses collègues policiers en leur faisant croire que l’arme en question appartenait à mon fils. On a dû payer une caution de Rs 4 000 et retenir les services d’un avocat pour le faire libérer. Ce n’est pas un hasard si mon époux a mystérieusement disparu le samedi 8 juin. Il devait témoigner en cour, le lundi 10 juin, dans un autre procès intenté à Ajay», explique Amrita.

Le jour de sa disparition, Dan avait quitté sa maison dans la matinée après avoir reçu un appel téléphonique, lui demandant de se rendre à Martinière, Surinam, pour un travail. Le défunt est très connu dans le Sud car depuis 30 ans, il loue des plaques servant à couler les dalles en béton. Il avait aussi rendez-vous à Balance, une autre région de Surinam.

Amrita et les siens ont commencé à se faire un sang d’encre vers 15 heures. «J’ai voulu avoir mon père sur son portable, en vain. Le téléphone sonnait mais il ne décrochait pas. J’ai essayé quelques secondes plus tard mais le portable était hors service. Ma mère est allée alors porter plainte à la police», explique Arvesh, le fils cadet de la victime.

Les proches de Dan Rumon ont également trouvé très bizarre qu’Ajay ait déserté sa maison depuis le mercredi 12 juin, soit le jour où la police a retrouvé la dépouille de son oncle. C’est maintenant à la police d’agir, pour que justice soit rendue, disent-ils, tout en pleurant amèrement cet être cher qui leur a été arraché si brutalement.
Jean Marie Gangaram

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