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«Un jeune informé jouit pleinement de son droit à la santé sexuelle»

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Sangeet Jooseery

Certains sont pour, d’autres non ! Alors que l’éducation sexuelle dans les écoles suscite beaucoup d’interrogations, nous donnons la parole à Sangeet Jooseery, spécialiste de la santé sexuelle et reproductive, ex-directeur exécutif de la Mauritius Family Planning & Welfare Association avant d’être directeur exécutif d’une organisation des Nations unies, à New York.

Que pensez-vous de l’instauration de l’enseignement sexuel dans le programme scolaire ?

C’est une très bonne initiative et nous devons féliciter le gouvernement pour sa mise en place. D’ailleurs, j’ai écrit au Premier ministre et au ministre de l’Éducation pour les féliciter de cette démarche. En réponse aux grands changements sociaux qui se produisent à Maurice et face au nombre croissant de cas d’abus sexuels et de violence qui sont signalés presque quotidiennement, chacun d’entre nous – les éducateurs, les chercheurs, les décideurs et les parents – se sent de plus en plus concerné et admet la nécessité d’éduquer nos jeunes et l’importance de ces cours afin de répondre aux besoins des jeunes. Nous devons adapter nos politiques aux besoins émergents et l’introduction de l’éducation sexuelle va dans ce sens. La qualité et la quantité de recherches dans ce domaine se sont considérablement améliorées au cours de la dernière décennie. Et il y a maintenant des preuves évidentes que les programmes d’éducation à la sexualité peuvent aider les jeunes à retarder l’activité sexuelle et à rehausser l’utilisation de la contraception. Nous ne devons pas retarder davantage cela.

Comment est-ce que ces cours devraient se dérouler selon vous ?

L’éducation sexuelle doit être factuelle, intègre, claire mais aussi contextuelle. Nous devons être francs et honnêtes, et nous ouvrir à nos jeunes. Cependant, nous devons être prudents. Nous devons savoir quoi et comment enseigner et à qui. Nous devrions nous référer aux guidelines, les «Principes directeurs internationaux sur l’Éducation sexuelle» mis en place en 2011 par l’UNESCO et les «Normes pour l’Éducation sexuelle» élaborées par l’OMS. Celles-ci pourraient être de précieuses ressources qui nous permettraient de définir le programme d’éducation sexuelle dans le contexte mauricien et aussi de répondre aux besoins de nos jeunes selon leur groupe d’âge. Les États-Unis ont adapté ces lignes directrices pour développer leurs approches qui consistent de deux volets, à savoir «l’Approche à l’abstinence» et d’autre part «l’Approche complète». Cette dernière consiste à tout enseigner aux élèves, tous âges confondus, y compris les contraceptifs. «L’Approche à l’abstinence» prône, elle, la privation de l’acte sexuel avant le mariage, ce qui est très soutenu par l’Église catholique et les conservateurs. Aux États-Unis, «l’Approche à l’abstinence» est adoptée pour les enfants alors que «l’Approche complète» vise les étudiants plus matures. Il y a encore un grand débat à ce sujet et ce fut le cas même pendant la dernière élection présidentielle aux USA. Une étude menée récemment par l’Institut Guttmacher estime que l’adoption de «l’Approche complète» est plus efficace. Les sondages d’opinion réalisés au cours des dernières années ont montré que la majorité des Américains sont plus favorables à «l’Approche complète». À Maurice, une approche mixte adaptée à la réalité locale et à l’âge des élèves est souhaitable.

Certains craignent que ces enseignements soient réduits à de simples cours sur l’anatomie et de l’homme et de la femme. Qu’en pensez-vous ?

Réduire l’éducation sexuelle à un simple cours d’anatomie serait réduire l’éducateur à n’être qu’un professeur de biologie. La sexualité est beaucoup plus complexe et comprend une pléiade de permutations à laquelle le professeur de biologie ne pourrait répondre s’il n’est pas renseigné et formé.

Depuis quelque temps, beaucoup s’inquiètent de l’hyperactivité sexuelle de nos jeunes. Votre réaction ?

Le droit à la santé sexuelle et à la santé de la reproduction est un droit humain universel, et doit être respecté. Il est vrai que nos jeunes sont confrontés à de grands défis pour lesquels ils ne sont pas bien préparés. Quand ils ne sont pas informés ou qu’ils sont mal informés, ils deviennent des proies faciles des comportements irresponsables. Un jeune éclairé et informé jouit pleinement de son droit à la sante sexuelle et reproductive.

Est-ce qu’exposer trop tôt les jeunes à la sexualité ne va pas les inciter à passer à l’acte plus tôt ?

Pas du tout ! Il n’existe aucune étude de nos jours qui démontre que l’éducation sexuelle incite les jeunes à devenir plus
actifs sexuellement.

Est-ce que l’homosexualité devra être abordée dans ces cours ?

Oui, bien sûr. L’homosexualité ne doit pas être perçue comme une malédiction. Nous devons en parler ouvertement et le plus tôt possible. Il ne faut pas oublier que l’homosexualité peut être développée à tout âge. L’attitude et la perception des gens sur l’homosexualité devraient être plus positives.

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