À l’heure où une éventuelle démission de Bérenger comme député entraîne la délicate question de sa succession à la tête du MMM, à l’heure où quelques esprits voient déjà un fils remplacer son père dans la circonscription No 19, à l’heure où plusieurs ministres du gouvernement sont éclaboussés par divers scandales, à l’heure où le PTR veut, paraît-il, assurer la relève à travers son aile jeune, l’obligation d’un renouvellement politique est plus que jamais actuelle. Oui, mais qu’est-ce que cela signifie réellement ? Remplacer la vieille garde par du sang neuf ? Faut-il rappeler qu’on n’a pas que des anciens à l’Assemblée nationale en ce moment.
Prenons Jim Seetaram et Mireille Martin… Voilà deux trentenaires faisant partie de la nouvelle génération et qui auraient pu être des role models en politique. Mais quelle perception a-t-on de ces deux transfuges ? Qu’à la première occasion, ils ont préféré un maroquin ministériel au respect du vote des électeurs. Que constatons-nous avec l’affaire Varma, un autre jeune qui aurait pu être un exemple ? Qu’un ministre de la Justice peut être accusé de brutalité physique sans que cela ne l’empêche de continuer à assumer tranquillement ses fonctions et sans que cela n’affecte ses autres collègues du cabinet, encore moins le Premier ministre. Tout ça pour dire que le renouvellement à lui seul ne suffit pas. Et la jeunesse n’est pas le seul critère au regard des exemples cités plus haut.
Tant qu’il n’y aura aucune rupture avec la politique telle qu’elle est pratiquée jusqu’à présent, tant qu’il n’y aura pas de nouvelles règles issues d’idées neuves, tant qu’il n’y aura pas un vrai engagement qui passe nécessairement par une moralisation de la politique, nous serons toujours dans la logique «vire qui tourne, tourne qui vire, même zafer». Changer oui, mais c’est tout le système politique qui mérite un total changement. Le renouvellement de personnes n’est pas une garantie en soi.
Ailleurs, aux États-Unis, les potentiels candidats politiciens font face à une série d’enquêtes avant d’être recrutés. En France, Hollande a exigé de ses dirigeants la signature à une charte de déontologie, lors de son premier Conseil des ministres. Mais l’affaire Cahuzac est venue démontrer qu’une signature n’est pas signe de probité. C’est dire qu’on peut avoir les meilleures intentions, créer des garde-fous, prévenir d’éventuels conflits d’intérêts, au fond tout dépend de la qualité et de la conscience des hommes et des femmes qui nous représentent au parlement. Pourquoi fait-on de la politique ? Au nom de quelles valeurs, de quels idéaux ? Que doit-on espérer en choisissant d’y faire carrière ?
Des questions que les citoyens se posent en regardant le spectacle affligeant qui s’offre à eux chaque semaine à l’Assemblée nationale quand les grandes causes nationales sont sacrifiées sur l’autel de la politicaillerie bon marché. Faut-il donc s’étonner d’un manque de confiance de la population envers la classe politique ? D’où vient cette impression que les politiciens sont tous les mêmes ? Que tout se résume au pouvoir ? Qu’ils nous promettent le bien-être de l’intérêt collectif en campagne électorale mais, qu’une fois élus, l’intérêt se voit au singulier et devient étrangement personnel ? Plus que jamais, le renouvellement de la classe politique est une nécessité. Encore faut-il des hommes et des femmes honnêtes, intègres, qui croient dans la notion de service qu’implique la politique, qui acceptent de nouveaux principes, codifiés s’il le faut par des lois, qui jouent la carte de la transparence, qui ont de l’ambition saine, et qui ne manquent pas de courage quand ils sont confrontés à leur conscience. Est-ce un projet trop audacieux ?