L’ex-enseignante avance qu’elle ira jusqu’au bout de sa lutte.
Celle qui a permis de faire éclater l’affaire MITD se retrouve actuellement sur le banc des accusés pour complot. Mais l’ex-enseignante de cette institution se dit plus «sereine» que jamais.
Elle ne se laisse pas abattre. Sudha Singh, ex-enseignante du Mauritius Institute of Training and Development (MITD), a été arrêtée lundi et traduite en justice en début de semaine sous une charge de complot dans le cadre des allégations de relations sexuelles entre un enseignant de l’institution et une mineure de 14 ans. L’étudiante en question lui aurait fait des confessions, à la suite desquelles elle a référé le cas à la psychologue du MITD, Pascale Bodet. Cette dernière avait été suspendue de ses fonctions, puis arrêtée pour complot et usage de faux dans cette même affaire. Les deux jeunes femmes ont été relâchées sous caution.
Sudha Singh, également licenciée de son poste au MITD le 26 avril, clame haut et fort son innocence. Et depuis quelques jours, elle a pris l’initiative de donner un statement à la police pour revenir sur toutes les étapes de cette affaire. «Je n’ai fait que mon travail», dit-elle sereinement. Et de poursuivre : «Au début de l’enquête, j’avoue que j’avais un peu peur, car c’est la première fois que j’ai affaire à la police. Mais je n’ai rien à me reprocher. Je n’ai fait que suivre les procédures et, par-dessus tout, protéger une mineure. J’ai des preuves, je suis sereine», soutient l’ex-enseignante. Si un Fact Finding Committee (FFC) a été mis en place pour faire la lumière sur cette affaire, Sudha Singh, elle, se demande pourquoi c’est un médecin de la police qui a effectué l’examen médical de la jeune fille.
«Contradictoire»
«Pourquoi n’a-t-on pas pris un médecin du privé pour le faire ? Car l’intervention de la police n’entre pas en compte dans un FFC. Or dans ce cas, c’est un médecin de la police qui s’est chargé d’examiner la fille. C’est très contradictoire. On va voir comment les choses se passent dans les jours à venir. Si besoin est, nous allons faire une demande pour que l’ado soit examinée par un autre médecin», précise Sudha Singh qui poursuit : «Cette affaire est purement politique. Je me demande pourquoi la jeune fille a changé de version au final. Alors qu’avec plusieurs personnes qui l’ont écoutée, elle a affirmé avoir eu des relations sexuelles avec l’enseignant en question. Il doit y avoir une personne qui tire les ficelles», avance-t-elle.
Par ailleurs, elle se demande pourquoi c’est l’Acting Divisional Manager de la MITD, Yogendranath Servansingh, qui a porté plainte contre elle et Pascal Bodet au Central CID, alors qu’il n’est pas le supérieur hiérarchique de cet établissement. «De plus, il est allé au CCID avec des conclusions de la FFC alors que le rapport est confidentiel. Comment l’a-t-il eu ?» s’interroge notre interlocutrice.
En tout cas, Sudha Singh, bien qu’elle ait été licenciée, arrêtée par la police, traduite devant la justice et libérée sous caution, compte aller jusqu’au bout de sa lutte. «Si c’était à refaire, je le referai. Je n’ai plus peur. J’ai agi en tant que professionnelle et je ne suis pas coupable de ce qu’on m’accuse», clame-t-elle, haut et fort.
Hemandar Madhow écope d’une deuxième suspension
Quinze jours après avoir réintégré son poste au MITD, il écope d’une nouvelle suspension. Il lui est reproché d’avoir terni l’image du MITD suite à une interview accordée dans la presse et d’avoir mis en cause les conclusions du Fact Finding Committee. Hemandar Madhow, lui se défend et estime qu’il a parlé en tant que syndicaliste de l’institution en question. «J’ai été suspendu le 21 janvier pour avoir dévoilé les dysfonctionnements du MITD. J’ai été réintégré le 29 avril. Et voilà que j’écope de nouveau d’une autre suspension. Moi je dis que Vasant Bunwaree doit démissionner», avance Hemandar Madhow. «Il n’y a pas de liberté d’expression alors que le PM dit qu’il faut venir de l’avant pour dénoncer. Je suis convoqué au CCID ce lundi. Je serai accompagné de mon avocat, Me Kishore Pertab.» Il dénonce le fait que le principal concerné de cette affaire ne soit pas du tout inquiété par la police. «Jusqu’ici tous ceux qui ont dénoncé cette affaire, comme Sudha Singh et Pascal Bodet,ont été arrêtés et suspendus de leurs fonctions. Alors que le présumé pédophile dort sur ses deux oreilles. Ce n’est pas normal. C’est une justice à deux vitesses.»