comme une impression d’abus de pouvoir, comme une ambiance d’un État dominer... On finirait par croire que dans les allées du pouvoir, les puissants ont perdu la raison. Le citoyen, ces jours-ci, est dépassé, ne reconnaît plus son île, ses dirigeants, ses institutions. Par où commencer ? L’accident de Sorèze ? Les inondations ? L’épisode Yatin Varma ? Les femmes grévistes de la faim? Ou par la dernière surprise en date : l’incroyable arrestation de la psychologue Pascale Bodet dans la fameuse affaire MITD ? Cette histoire dégage une étrange odeur de soufre.
Voilà donc une psychologue, dont le travail est de soutenir les étudiants, qui a recueilli les confidences d’une jeune fille, qui a fait son rapport, l’a soumis et qui se retrouve aujourd’hui au banc des accusés. Le monde à l’envers ! Le délit ? Tout aussi impensable : usage de faux et complot. Si on suit la logique de ce qu’on veut nous faire accroire, cette psychologue a donc sciemment tout inventé. Elle a menti en connaissance de cause. Pourquoi ? Parce qu’elle a de bonnes raisons de comploter ! Tout comme Sudha Singh, l’enseignante, qui avait dans un premier temps recueilli les confidences de l’élève et qui a été jugée coupable d’avoir terni l’image du MITD. Résultat : elle a été licenciée. Comme ça, tout simplement !
À croire que Maurice s’est transformée en jungle où les plus forts gagnent forcément. Cette affaire est grave, très grave d’autant que la politique s’y est mêlée dès le début. Curieusement, l’enseignant montré du doigt, nullement inquiété parce que blanchi par un fact-finding committee, avait trouvé en le ministre de l’Éducation, Vasant Bunwaree, un excellent avocat. Mais il n’y avait pas que lui. L’on se souvient avec quel enthousiasme l’aile féminine du PTr avait animé un point de presse dès les résultats du fact-finding committee connus. Comme s’il n’y avait pas d’autres causes à défendre, que celle-là.
Bientôt, on nous fera croire que Pascale Bodet roule pour l’opposition. Faut dire que le plat du coup monté contre le gouvernement, on nous le sert très souvent. Rappelez-vous le député Khamajeet, sa liste, ses propos indignes. Patrick Assirvaden y entrevoyait alors un complot du MSM. Avant les élections municipales, Nita Deerpalsing tentait de justifier l’absence de certains types d’émissions sur les ondes libres parce que les radios privées, disait-elle, font «des matchs arranzé». Dans l’affaire Soornack, c’était une cabale de la presse contre le gouvernement. Et depuis la semaine dernière, Yatin Varma, actuellement au cœur d’une affaire d’agression physique sur un jeune habitant de Quatre-Bornes, accuse l’opposition d’être derrière.
Comme dans l’affaire Bodet, si on suit le raisonnement du ministre de la Justice cette fois, le jeune Florent Jeannot, celui qui l’accuse, a tout prémédité. Samedi dernier, cet habitant de Flic-en-Flac est sorti de chez lui avec une idée fixe en tête. D’abord, il s’est volontairement donné des coups au visage, a pris sa voiture, a attendu patiemment que l’Attorney General passe devant lui pour provoquer délibérément un accident. Tout ça pourquoi ? Pour faire le jeu de l’opposition ! Et les témoins ? Eh bien, ils complotent aussi ! En attendant, on ne répond pas aux bonnes questions. Le public ne sait toujours pas si Yatin Varma a été interrogé par la police, si oui, dans quelles conditions et si non, pour quelles raisons. Les ministres de Ramgoolam ont tort de se comporter comme des princes du jour. Tout comme ils ont tort de croire qu’ils sont au-dessus des lois et n’ont aucun compte à rendre. Les citoyens détestent l’injustice, l’abus de pouvoir, l’État dominer…