Pas d’affrontement. Pas de duel. Pas de guerre des foules. Pas de colère post-1er Mai. L’alliance gouvernementale ne participe pas aux habituelles rencontres politiques de ce jour férié. C’est le Premier ministre qui l’a annoncé, en fin de semaine. Alors, dans quelques jours, la fête du travail aura une toute autre saveur. Mais en attendant les meetings qu’organiseront les syndicalistes et le Remake 2000
ce mercredi, la joute verbale est engagée ailleurs. Dans les journaux, à la radio, sur Internet, les membres des deux formations politiques s’envoient des piques…
Et c’est la décision de Navin Ramgoolam de ne pas organiser de meeting du 1er Mai qui a lancé de nouvelles hostilités. Le chef du gouvernement, lors d’un point de presse, estime que ce n’est pas le moment de faire du «tam-tam» et des «palabres», à cause des événements tragiques survenus le 30 mars. Une rupture totale avec la tradition ou un changement ponctuel ? Il s’agirait plutôt de la deuxième option, estime un député rouge : «Le pays est actuellement en deuil. C’est un geste symbolique pour cette année.»
En 2014, à un an des législatives prévues pour 2015, il est peu probable que Navin Ramgoolam rate l’occasion de montrer sa force. Mais pour le président du Labour Party, ce n’est pas le propos. Lors d’une conférence de presse, Patrick Assirvaden a déclaré qu’il s’agit «d’un moment de recueillement» et que ce n’est pas le moment de faire «de la politique lor la mor dimoun». Il s’agit également, pour l’alliance gouvernementale, de «rendre la fête du travail aux travailleurs».
D’ailleurs, le ministre du Travail, Shakeel Mohamed, a annoncé, en fin de semaine, que durant quelques jours, les travailleurs pourront bénéficier de prix intéressants dans des restaurants, des hôtels, des salles de cinéma et des parcs de loisirs. Des raisons (pour ne pas organiser l’habituel rassemblement des travaillistes) que saluent certains syndicalistes, mais qui ne convainquent pas l’opposition.
Les membres du Remake 2000 estiment qu’il s’agit d’une «fuite» du gouvernement. Et eux ont décidé, disent-ils, de ne pas tomber dans le panneau de l’alliance gouvernementale. Alan Ganoo, leader de l’opposition, avance que Navin Ramgoolam n’organise pas de meeting pour d’autres raisons que celles évoquées : «Le gouvernement sait qu’il n’arrivera pas à mobiliser les gens. Alors, il souhaite éviter ce fiasco».
Celui qui remplace Paul Bérenger à la tête du MMM estime que, dans le passé, d’autres événements tragiques n’ont pas motivé l’alliance gouvernementale à annuler ce rassemblement annuel. Il a cité, en exemple, les inondations de 2008 qui avaient coûté la vie à quatre personnes ou encore l’accident de Beaux-Songes où 11 personnes sont décédées. Le rendez-vous est, donc, maintenu le 1er Mai, à Port-Louis, avec Paul Bérenger présent sur la plate-forme de l’alliance MMM-MSM.
Un rendez-vous préparé activement par les acteurs du Remake 2000 à travers des meetings dans toute l’île, où sont annoncés les sujets que reprendront les orateurs du meeting des Mauves et des Oranges : les inondations meurtrières, les «nombreux scandales» et les affaires de blanchiment d’argent, entre autres. Sans oublier la décision de Navin Ramgoolam de ne pas participer à la guerre des foules…