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La reconstruction après un abus sexuel

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Mélanie Vigier de Latour-Bérenger, psychosociologue et présidente de Pédostop.

Ne pas sombrer, se relever, avancer… Le chemin de la reconstruction est long pour les victimes d’abus sexuels. Car, les conséquences sont nombreuses. «Les conséquences des abus sexuels varient chez les enfants victimes, selon plusieurs facteurs. L’âge de l’abus : plus l’enfant abusé est jeune, plus c’est dangereux, car il est en pleine construction et cet abus ne permet pas une construction saine et harmonieuse. Le plaisir qu’a pu ressentir la victime : les abus sexuels auraient des effets plus graves et durables si l’enfant abusé a ressenti du plaisir. La durée de l’abus : plus la durée est longue, plus les symptômes post-traumatiques sont importants. Et le fait de croire l’enfant : qu’il soit cru par le parent non abuseur ou l’entourage», explique Mélanie Vigier de Latour-Bérenger, psychosociologue et présidente de Pédostop, ONG qui lutte contre les abus sexuels sur les enfants, la pédophilie et l’inceste.

Il est impératif, dit-elle, de croire un enfant qui dit être ou avoir été victime d’abus sexuel : «Eviter de minimiser ce qu’il dit. L’abus sexuel est grave, c’est un crime. Parfois l’enfant essaie d’exprimer ou de montrer ce qu’il subit quand il dit ‘‘je ne veux pas aller chez tel tonton’’, ‘‘Je n’aime pas qu’il m’embrasse...’’ ou par ses comportements très sexualisés avec des personnes ou objets. Il importe de se renseigner sur les signes d’abus sexuels pour les détecter le plus rapidement possible. Un enfant victime doit être protégé de son agresseur. Le croire et le protéger vont avoir un impact direct sur les conséquences dans sa vie.»

Et la reconstruction passe par plusieurs étapes, explique Mélanie Vigier de Latour-Bérenger: «Briser le silence qui entoure l’inceste ou la pédocriminalité est précieux, tant pour la personne victime que pour la famille. L’abus sexuel ne doit pas rester secret. C’est une source de grande souffrance, très lourde à porter. Que la personne victime puisse mettre des mots sur ce qu’elle ressent est une première étape cruciale. Une prise en charge psychologique doit être faite par un professionnel qualifié, qui connaît et comprend cette problématique.» À l’âge adulte, les groupes de parole entre ex-victimes ont aussi un effet bénéfique. Et la mise en mots est capitale pour toute personne victime, elle assainit aussi la famille et les générations futures chassant les effets du non-dit et du secret, toxiques pour la famille.

Et qu’en est-il de l’aide médicale : «Sur le plan médical, c’est important qu’un médecin expérimenté et de préférence de sexe opposé à celui de l’agresseur, examine l’enfant pour le soigner si nécessaire. La prise en charge sociale consistera en la protection de l’enfant, en éloignant son agresseur. La prise en charge légale est primordiale pour resituer la victime dans la loi qui régit la société. La personne victime n’est ni coupable, ni complice de ce qu’il/elle a subi. Seul l’agresseur est responsable et coupable de ses actes. L’agresseur qui exerce sa toute-puissance et son emprise sur sa victime et son environnement, se croit au-dessus de toute loi. Or, ses actes commis sur l’enfant sont illégaux et doivent être condamnés. C’est important qu’il soit jugé. Ces prises en charge : psychologique, médicale, sociale et légale sont très importantes dans la reconstruction de la personne victime.» 

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