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La dame aux nombreuses arnaques

Ce n’est pas la première fois qu’elle est sous les feux des projecteurs. Cette habitante de Palmar compte plusieurs cas d’escroquerie à son actif. Dernier en date : elle aurait arnaqué un habitant de Fond-du-Sac à hauteur de Rs 1 million.

Elle trouve toujours les bons mots pour convaincre. Et, elle aurait l’art d’amadouer les gens, disent ceux qui ont croisé sa route. Marjorie Bazerque, 50 ans, directrice de la compagnie Je T’aime Marketing Co. Ltd, sise à la Sterling House, à Port-Louis, a été arrêtée le mardi 9 avril, pour fraudes fiscales en lien avec l’enquête policière concernant l’arnaque de plus de Rs 700 millions impliquant White Dot International Consultancy Ltd et Sunkai Ltd.

Un habitant de Fond-du-Sac a porté plainte contre elle. Selon ses dires, il aurait remis la somme de Rs 1 million à Marjorie Bazerque, avec la promesse de dividende de Rs 1 million en retour dans 90 jours. L’avocat Zakir Mohamed aurait même apposé sa signature sur ce contrat. Celui-ci a été arrêté puis libéré sous caution (voir hors-texte). Marjorie Bazerque, elle, a recouvré la liberté après avoir fourni une caution de Rs 100 000.

Cette affaire a marqué son retour sur la scène fiscale. En effet, ses démêlés avec la justice ne datent pas d’hier. En 2008, le nom de la cinquantenaire a été associé à la fraude de Rs 11 millions au préjudice de la Barclay’s Bank. Selon les recoupements de la police, elle aurait bénéficié de deux virements bancaires d’un montant de Rs 5 millions.

Après quoi, Marjorie Bazerque et ses proches auraient mis sur pied une compagnie d’import-export spécialisée dans les produits de base, notamment le riz. Elle aurait également ouvert une parfumerie dans un shopping centre à Centre-de-Flacq.

Après avoir échappé à la justice pendant quelques années, Marjorie Bazerque avait été condamnée à six semaines de prison le 11 juillet 2012, par la Cour suprême. Cela, pour avoir émis un chèque en bois de Rs 500 000 à l’achat d’un bungalow à Flic-en-Flac.

Comment opérait la directrice de Je T’aime Marketing ? Selon un document remis à un «client», Marjorie Bazerque leur promettait de grosses sommes d’argent en termes de dividende, pour un investissement de six mois seulement. La femme d’affaires laissait entendre qu’elle travaillait en étroite collaboration avec des banques à l’étranger, et que la maison mère de la compagnie Je T’aime Marketing se trouvait au Maroc.

L’une de ses victimes a accepté de faire une déclaration sous le couvert de l’anonymat : «Elle m’a fait vendre mon 4x4 et m’a fait croire que je recevrais des dividendes de Rs 10 millions en quelques mois seulement. Lorsque j’ai su qu’elle m’avait arnaquée, elle m’a remboursé la somme de Rs 600 000 pour ne pas ébruiter l’affaire.»

Businesswoman, elle l’est, mais appréciée, elle ne l’est pas, surtout dans sa localité. D’aucuns avancent que Marjorie Bazerque a d’abord travaillé comme représentante d’une compagnie qui commercialisait des ustensiles de cuisine haut de gamme. Elle proposait alors à ses clients de lui remettre de l’argent sous forme de dépôt pour les ventes à crédit.

En retour, elle leur donnait des reçus. Le hic : la compagnie qu’elle disait représenter ne reconnaissait pas les reçus en question et réclamait de l’argent aux clients pour les produits achetés. Elle aurait alors remboursé les clients pour éviter des poursuites.

Après cet épisode, Marjorie Bazerque, mariée et maman d’une fille, s’est convertie en agent d’assurance. Trouvant toujours les mots pour convaincre ses victimes, elle leur vendait des produits avec de grosses primes à la clé. Sauf que les clients n’obtenaient pas d’argent après réclamations. D’où sa décision d’engager un garde du corps qui habiterait également à Palmar.

Dans cette région, il se chuchote que Marjorie Bazerque n’aurait d’ailleurs pas hésité à escroquer un proche. Elle lui aurait demandé de contracter un emprunt à la banque pour financer la construction de sa maison. Mais elle n’aurait pas respecté ses engagements financiers. Sa belle-mère aurait eu la charge de rembourser cette dette.

Depuis son arrestation, la voiture de Marjorie Bazerque a mystérieusement disparu. Celle de sa fille, un hybride, a également disparu. En voilà une femme d’affaires qui sait faire parler d’elle.

18 arrestations à ce jour

Le CCID a eu du pain sur la planche ces derniers temps. Il a procédé à l’arrestation de 18 personnes dans le cadre de l’enquête sur les compagnies White Dot International Consultancy Ltd, Sunkai Ltd et Je T’aime Marketing Co. Ltd. Parmi : l’avoué Rajendra Appajala, conseiller légal de Sunkai Ltd, et l’inspecteur Bhugun, qui aurait agi comme canvasser auprès des victimes de White Dot International Consultancy Ltd.

Cangayen Pillay, de l’Association Sale by levy & Justice, également porte-parole des victimes dans l’affaire d’arnaque de plus de Rs 700 millions, demande au gouvernement et à l’opposition de voter une nouvelle loi pour obliger les banques commerciales à dévoiler les noms des clients qui ont fait des transferts d’argent d’au moins Rs 50 millions à l’étranger. Il requiert également que les banques commerciales arrêtent temporairement de prendre les intérêts de ceux qui ont pris des emprunts pour investir dans les compagnies White Dot International Consultancy Ltd, Sunkai Ltd et Je T’aime Marketing Co. Ltd, en attendant qu’ils soient remboursés.

Me Zakir Mohamed : «La police aurait dû chercher l’avis du DPP»

L’homme de loi est très remonté contre la police : «Je me suis rendu volontairement à la police. Il n’y a rien contre moi. Je n’ai fait que mon travail d’avocat. La police aurait dû chercher l’avis du DPP avant de procéder à mon arrestation. Ma famille souffre beaucoup. Ma femme, qui est enceinte, est traumatisée. Pe zet labou lor mo repitasion.» Selon lui, ses services ont été retenus par Marjorie Bazerque à deux reprises. «La première fois, elle m’avait demandé de viser un document légal. En mars 2007, elle m’a demandé d’être témoin d’un accord entre sa compagnie et une personne», explique Zakir Mohamed.

Et de poursuivre : «Je ne pouvais pas savoir qu’elle allait arnaquer cette personne. Je précise d’ailleurs que je ne suis pas son partenaire en affaires comme elle veut le faire croire. C’est une arnaqueuse. Elle s’est servie du nom de notre cabinet pour avoir de la crédibilité vis-à-vis de ses clients. Je précise qu’elle n’a pas encore réglé mes honoraires à ce jour.»

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