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Tranquebar… en attente

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Satish Gunjutsingh et son fils Anush ont assisté, impuissants, à la montée des eaux.

Un flot de paroles. Pour partager sa douleur, partager son désarroi. À Bangladesh, un quartier de Tranquebar, les fortes pluies du samedi 30 mars ont laissé des traces indélébiles. Dans les maisons, dans les cours, mais aussi dans les cœurs et les esprits. Ceux qui ont subi des pertes matériels se disent «oubliés» par les autorités, les organisations et les volontaires. Depuis le drame de samedi, ils s’enlisent dans leur malheur, ne sachant pas vers qui ils doivent se tourner. Alors, quand on leur donne la possibilité de s’exprimer et de partager leur douleur, ils ont du mal à se contenir…

Anush, cinq ans, ne quitte plus son papa, Satish Gunjutsingh, d’une semelle. Il a peur. Peur que les eaux n’envahissent sa modeste maison, construite en tôle, et qu’ils aient besoin de s’enfuir sous les averses, ne comprenant pas pourquoi son monde s’est transformé, en quelques minutes, en une rivière dangereuse. «Il n’arrêtait pas de pleurer», confie son père. L’homme a perdu vêtements et électroménager. Le peu qu’il possédait a été détruit par les flots : «Le canal qui passe derrière la maison a débordé. C’est la première fois que ça arrive», confie-t-il. Il a bravé le courant en tenant près de son cœur son fils, afin de rejoindre le domicile de sa sœur, qui est lui en dur. Ses voisins ont également dû trouver refuge ailleurs.

S’enfuir, abandonner tout ce qu’on a : une expérience traumatisante pour Paul Perrine. Las d’attendre de l’aide, il se dit résolu à se débrouiller tout seul : «Nu depann par nu». Dans ce quartier, où tout le monde se connaît, chacun a essayé de venir en aide à son prochain. Que ce soit pour la nourriture ou pour le nettoyage.

Le fils de Paul, Stéphano, a vécu, lui, des heures difficiles… loin de chez lui. Il travaillait lorsqu’il a appris que les eaux envahissaient sa maison où se trouvaient ses deux enfants. Recueillis par sa sœur, ils n’ont pas été blessés. Mais en plus des pertes matérielles (une machine à laver neuve qu’il n’a pas encore payée notamment) et les heures passées à nettoyer les pièces remplies de boue, il vit un drame personnel : «Leur maman ne veut plus que mes enfants viennent à la maison.» Des histoires à raconter, chacune de ces familles en a une.

Chez les Chatardaree, l’un des fils de la famille est alité : «Après les pluies, il a développé une forte fièvre». Maladif depuis son enfance, sujet à des allergies, il ne se sent pas bien. De quoi rendre Devi encore plus soucieuse. Elle l’était déjà depuis samedi. Jour où elle a passé de longues et effroyables minutes accrochée aux antivols d’une de ses fenêtres et d’où elle a vu son jardin, où elle plantait ses légumes, disparaître et les matériaux pour la consolidation de sa maison – un don de Caritas – emportés par l’eau boueuse. Un cauchemar : «Je pensais que j’allais mourir.»

Sa voisine, Monique Prévost, se rappelle ces scènes d’horreur. Comme sa maison est bâtie en hauteur, elle n’a rien perdu. Elle a, juste, assisté, impuissante, aux événements : «Je ne pouvais pas sortir. Je devais rester avec mes petits enfants», confie-t-elle. Giandath Mohun a, lui, vu sa voiture défoncer la porte d’un garage de fortune et s’écraser contre le mur de la maison. À cause de la pluie, il a même été blessé au pied. Depuis, comme d’autres habitants, il ne trouve pas facilement le sommeil. Ses nuits sont remplies d’images d’eau dangereuse… Et il s’attend, parfois, au pire.

Alors, pour tourner la page de cet événement dramatique, il espère que les autorités vont s’intéresser à eux et creuser un canal digne de ce nom afin de protéger leurs habitations. Il souhaite également, comme ses voisins, qu’on leur tende la main, afin qu’ils puissent tous reprendre une vie normale.

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