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Le début de la reconstruction

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Luxmee Apajee, ici en compagnie de deux de ses fils, revient sur les minutes douloureuses du samedi 30 mars.

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Harry Poonoosamy et ses proches font le tri des dons qui les aideront à remonter la pente.

Les habitants de la localité ont vécu des heures cauchemardesques. Désormais, grâce à l’aide des Mauriciens, ils refont surface…

Sur une table, des photos. Anciennes, aux couleurs passées et aux visages presque effacés. Des clichés que la famille Ponoosawmy a étalés pour que le soleil efface les dégâts des averses. Une tentative de reprendre sa vie, une tentative de se reconstruire. Car la pluie a emporté les meubles, la nourriture, les appareils électroménagers, mais aussi les souvenirs. Dans leur jardin, à Canal Dayot, des dons sont entassés. La sœur et la mère d’Harry s’activent et essaient de mettre un peu d’ordre dans ces cadeaux offerts par des Mauriciens pour les aider à avancer, à faire face à ces dures journées sans rien.

Harry a tout perdu. Il balaie du regard la maison familiale. Elle est vide. Et sur les murs, une ligne de boue indique jusqu’où est montée l’eau. Un rappel douloureux de ce jour noir. Il n’était pas chez lui, ce samedi 30 mars. Il travaillait. Mais les témoignages de sa mère et de son père résonnent encore dans sa tête : «Ils sont traumatisés. Ce n’est qu’aujourd’hui que ma mère revient à la maison.» Il a failli les perdre ce jour-là : «En cinq minutes, l’eau a envahi la maison. Ils ont dû s’accrocher aux barreaux des fenêtres. Ils ont même bu la tasse». Imaginer ses proches dans une telle détresse n’est pas facile pour le jeune homme : «J’espère que ça n’arrivera plus jamais.»

Comme Armond et Meenakshi, nombreux sont les habitants de Canal Dayot à avoir trouvé refuge chez des proches : pour le bien-être des enfants principalement. Une mère de famille revenue nettoyer sa maison confie : «La vie continue. Ils ne peuvent pas manquer l’école.» Petit à petit, la vie reprend ses droits dans cette région affectée par les récentes pluies. En ce début de soirée de jeudi, tout le monde s’affaire. Nettoyage et discussions sont au programme. Des volontaires proposent du briani pour le dîner. La bonne odeur épicée se répand dans les rues de la localité. Les pompiers, eux, continuent à évacuer l’eau des maisons. Les traces du drame ne sont pas encore effacées.

Au détour d’une roue boueuse, Nathalie Ericsson prend l’air. Derrière la jeune femme, une pièce qui était, avant les inondations, un salon. Le rez-de-chaussée de la maison qu’elle occupe avec sa famille est dévasté. Pour l’instant, la petite tribu se contente de vivre au premier étage : «Heureusement que j’ai eu la possibilité de monter», confie Nathalie. Elle se trouvait dans la salle de séjour lorsque l’eau a envahi la maison : «J’étais avec mon fils de quatre ans et mon bébé de deux mois. Je me suis précipitée à l’étage.»

Une sortie in extremis avant que l’eau ne se transforme en un torrent. Luxmee Apajee, elle, n’a pu s’enfuir. Prise au piège, elle ne pouvait ouvrir la porte d’entrée, à cause de la pression de l’eau, pour rejoindre son fils qui habite à l’étage. C’est encore sous le coup de l’émotion qu’elle revient sur ses minutes atroces : «L’eau a dépassé mon menton. Je n’arrêtais pas de hurler : «Sap moi ! Sap mo la vie ! Mo pe mort». Je ne savais plus quoi faire». Un de ses fils qui rentre à la maison entend ses cris et essaie de la sauver… en vain. C’est finalement les voisins qui couperont les barreaux des antivols afin de sortir Luxmee de sa prison d’eau : «Le soir, quand je m’endors, j’ai l’impression que l’eau coule sur moi. Je fais des cauchemars. Rien ne sera plus jamais comme avant.» Partagée entre le désir de quitter sa maison et le besoin de rester là où elle a tous ses repères, la vieille dame est un peu perdue. La vie n’a pas encore repris ses droits pour elle. Comme pour beaucoup d’autres à Canal Dayot. Il y a un deuil à faire. Un deuil de tout ce qui a été perdu. Il y a aussi un travail sur soi à faire : pour arriver à vivre et continuer à avancer malgré les expériences terrifiantes vécues. Jean Marie Bautus puise sa force en un «miracle» : «Nous avons tous été protégés. La vierge dans sa grotte est toujours là malgré les inondations.»

Il s’estime heureux d’être encore en vie. Et de laisser place à la reconstruction…

«Merci»

Les dons. Les témoignages de sympathie. Les visites. Les habitants de Canal Dayot tiennent à remercier tous ceux qui les ont aidés à surmonter les moments difficiles après les inondations.

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