Lequel sera plus éclaboussé que l’autre ? Qui révélera la plus grosse nouvelle, le scandale le plus révoltant ? En début de semaine, nous apprenions donc d’un journal indien que le MMM avait l’intention de faire un coup d’État en 83, que l’Inde allait venir à la rescousse de Maurice au travers d’une intervention militaire. Bien malin celui qui pourra prouver cette révélation alors que SAJ et Alan Ganoo nient catégoriquement et que Indira Gandhi, Premier ministre d’alors, n’est plus. N’empêche, la source (mauricienne ?) tente de jeter un pavé soupçonneux dans la mare paisible – jusqu’ici – mauve-orange, instillant un doute – ou un rappel ? – entre les leaders de l’alliance du remake, soit les ennemis de 1983, de 2010, devenus les nouveaux amis du jour, l’amitié étant conjoncturelle en politique.
Trente ans plus tard, est-ce que cette affaire qui donne au MMM un visage plutôt sombre avec la soi-disant tentative de renverser le pouvoir de SAJ, aura une répercussion sur le plan politique ? C’est lors des prochaines législatives qu’on saura si le doute semé aujourd’hui aura une récolte profitable. En attendant, SAJ, au centre du viseur, qui «suspecte une manœuvre du PTr» n’est pas resté les bras croisés et a riposté par une autre révélation : des conditions troubles entoureraient l’acquisition d’une maison à Floréal par l’activiste rouge Nandanee Soornack. Est-ce que la mèche qu’il a allumée vendredi dernier, aura – avec la reprise des travaux parlementaires bientôt – l’effet de la fameuse bombe dont la bande-annonce avait été faite il y a deux semaines ?
Pour l’heure en tout cas, bien que cette nouvelle, si toutefois elle s’avère, semble sérieuse, elle n’a provoqué aucun frisson chez le citoyen lambda. Normal quand celui-ci, à force d’assister chaque semaine à un lot de scandales, voit ces révélations comme étant banales. Si le Mauricien a aussi des doutes devant cette volée de dénonciations, c’est parce qu’il sait qu’il assiste au lavage de linge sale d’anciens frères d’armes, motivés, après les cassures politiques, à déballer des secrets qui autrefois scellaient leurs accords politiques. D’où les questions que tout le monde se pose sur les confidences de SAJ : depuis combien de temps le leader du remake détenait-il ces informations qui le troublent aujourd’hui ? Et si SAJ était toujours dans le confort de la State House ou si le MSM était toujours au pouvoir, est-ce qu’il y aurait eu ces grands déballages?
Ce qui rend perplexes les Mauriciens, ce sont les raisons pour lesquelles ces dénonciations ne sont pas faites à la police et à l’ICAC. Car pour l’heure il ne s’agit que d’allégations sur toile de fond de règlements de compte. Ce qui explique l’indifférence face aux accusations de SAJ, les citoyens étant persuadés qu’il ne s’agit que d’une guerre de pouvoir qui n’a rien à voir avec leurs préoccupations quotidiennes. L’augmentation du prix de l’essence ? Le pouvoir d’achat ? Le chômage ? La question de l’insécurité – la dernière affaire en date étant le kidnappeur de Gokhoola, coupable d’avoir voulu s’en prendre à une fillette de 8 ans, et décédé hier matin dans des circonstances opaques ? C’aurait pu être le souci du leader du remake qui a l’ambition de redevenir Premier ministre. Mais il préfère d’autres affaires…