Les hommes conduisent-ils plus dangereusement que les femmes ? Dans l’entretien qui suit, le président de l’association Prévention Routière Avant Tout (PRAT), nous expose sa théorie.
95 % des personnes responsables d’accidents sont des hommes. Quel est votre avis à ce sujet ?
Il faut savoir que les hommes sont plus nombreux aux commandes des véhicules à Maurice. Entre 2002 et 2011, 75 % des permis de conduire étaient obtenus par des hommes. Mais le ratio est sans appel : 75 % des hommes sont impliqués dans 95 % des cas d’accidents contre 25 % des femmes impliquées dans 5 % des cas d’accidents.
Même constat à l’étranger. En 2009, en Grande-Bretagne, deux conducteurs sur trois impliqués dans un accident étaient de sexe masculin. À Paris, en 2012, les conductrices ne représentaient que 25 % des personnes responsables d’accidents. Ces constats sont, depuis quelques
années, étudiés et exploités à l’étranger, à des fins de sensibilisation routière.
Il y a même des compagnies d’assurances qui y ont porté un intérêt. Je pense que c’est un fait pertinent qui mérite une considération tout aussi sérieuse à Maurice. Tout d’abord pour un changement d’attitude envers les femmes au volant. Elles méritent non seulement notre confiance, mais pourraient tout aussi bien être des exemples de responsabilité et de prudence.
Les hommes sont-ils, selon vous, moins vigilants que les femmes ?
Ce sont les chiffres qui trahissent ce fait. Voici deux exemples : en France, 92 % des conducteurs impliqués dans des accidents fatals avec alcoolémie positive sont des hommes. En 2011, 89 % des Français dont les permis ont été invalidés pour des infractions tombant sous le permis à points étaient des hommes. De plus, les hommes sont moins enclins à s’assurer du port de la ceinture de sécurité et sont beaucoup plus séduits par la vitesse que les femmes.
D’ailleurs, contrairement aux femmes, les hommes ont tendance à choisir des véhicules puissants. Ils ont un goût inné pour la prise de risques et ils sont conditionnés culturellement à entretenir ce penchant. Par contre, la femme qui porte la vie et qui la donne connaît encore mieux sa valeur. Elle est conditionnée à être vigilante et attentionnée envers les autres. Par exemple, les petites filles s’occupent de leurs poupées, tandis que les garçons jouent aux pilotes automobiles ou aux soldats.
Que faudrait-il faire, à votre avis, pour faire reculer ces chiffres ?
Il faudrait continuer à dénoncer les dangers de la route. Soit l’alcool au volant, la vitesse, la fatigue, la distraction et le non-respect des codes de la route, entre autres imprudences. Il faudrait aussi appeler les femmes à la rescousse et les impliquer beaucoup plus dans la protection des vies.
Les femmes ont une influence incommensurable sur les hommes. Elles peuvent s’en servir pour les décourager à conduire lorsqu’ils boivent ou lorsqu’ils sont fatigués. Bref, elles doivent être encouragées à être plus sûres d’elles, car elles le méritent, et à imposer leurs points de vue sur la route. De plus, elles pourraient également promouvoir davantage la sécurité routière au sein de leur famille, en faisant d’elle un sujet de conversation régulier et faire de «bonne route» une formule de politesse incontournable, car elle cache aussi un avertissement important et protecteur. Sur la route, la femme est plus que jamais l’avenir de l’homme !