Entre manifestation devant la Cour suprême et d’autres péripéties, le petit homme et Marianne avaient fait la une des journaux en 2005.
À 5 ans, il s’était retrouvé au cœur d’une véritable bataille juridique. Et neuf années plus tard, il raconte sa fierté et son amour pour celle qui s’est battue pour avoir sa garde…
Son regard n’est plus le même. La fragilité et la douceur de ses 5 ans ont laissé la place à plus d’assurance et à une personnalité quelque peu définie. Mais il y a quelque chose en lui qui n’a toutefois pas changé : c’est toujours avec les mêmes yeux remplis d’amour qu’il regarde celle qu’il a toujours appelée maman.
Certes, neuf années se sont écoulées et Tipo, qui s’était retrouvé en 2005 au cœur d’une sombre histoire d’adoption – tiraillé entre Marianne Alfred, sa mère adoptive, celle qu’il a toujours considérée comme sa mère, et un couple qui avait brandi une décision de la Cour en sa faveur pour avoir sa garde –, a effectivement bien grandi.
Look d’ado à la voix plus prononcée, le petit homme, aujourd’hui âgé de 14 ans, ne ressemble en rien au garçonnet espiègle et très éveillé qui avait, à l’époque, fait la une des journaux. Mais s’il y a une chose qui est indéniable, c’est que la forte complicité qu’il a avec sa «mère» s’est renforcée. Avec des gestes tendres, cherchant le regard de Marianne, mais surtout son soutien avant de se confier, il finit par se livrer : «Je l’aime beaucoup plus qu’avant.»
Son histoire, il la connaît. Il y a quelques épisodes qui se sont effacés de sa mémoire, mais il sait très bien qu’il s’est retrouvé, enfant, au cœur d’une bataille juridique. «Je me souviens avoir été dans les journaux et je sais qu’on voulait m’arracher à ma mère. Même si j’ai oublié certains détails, je sais toutefois que ma maman s’est battue pour me garder et je suis très content du fait qu’elle ne se soit pas laissée faire», avoue l’adolescent qui dit, aujourd’hui, être «quelqu’un de très heureux» dans une famille qui l’aide à grandir et à s’épanouir.
Et il sait que ces moments douloureux l’accompagneront toute sa vie. D’ailleurs, Marianne a pris le soin de regrouper quelques coupures de journaux, qu’elle a gardées précieusement. «Si un jour, je me marie et j’ai des enfants, je veux qu’ils sachent d’où je viens, car je trouve très bien ce que ma maman a fait pour moi…», confie Tipo.
Une existence bouleversée
En effet, les preuves d’amour de Marianne Alfred - également maman de deux adultes – pour Tipo, sont nombreuses. Entre manifestation pacifique et petite escapade pour fuir les policiers qui, raconte-t-elle, voulaient lui prendre son bébé, elle n’a cessé de lutter pour renverser la décision de la Cour afin qu’elle ait la garde définitive de ce fils qui, au fil des années, est devenu le centre de sa vie. En recueillant l’enfant – orphelin de père et de mère -, avec la bénédiction de ses grands-parents, alors qu’il n’était encore qu’un nourrisson, elle était loin de se douter que toute son existence allait en être bouleversée. Un autre couple se battait alors pour avoir sa garde.
Mais aujourd’hui, dit-elle, elle est comblée. Et entre les deux, le courant passe très bien et c’est ainsi qu’ils ont développé beaucoup de passions communes, notamment pour les séries télévisées : «Heureusement, tous ces mauvais souvenirs font désormais partie du passé. Je savais qu’il y avait une justice. Tipo me donne beaucoup d’amour. En Form III au City College, à Port-Louis, c’est un bosseur qui ramène de bons résultats à la maison et je suis fière de lui.» Pour le principal concerné, le travail à l’école est primordial : «Je veux faire plaisir à ma maman et je veux surtout avoir de bonnes notes, car je rêve de devenir vétérinaire. J’aime beaucoup les animaux.»
Et quand il n’est pas à l’école ou à donner un coup de main à Marianne pour les tâches ménagères, c’est sur son skate ou en tapant dans son ballon que Tipo passe son temps libre, tout en sachant que sa maman n’est jamais très loin…