L’entrepreneure espère que ce projet va sortir les femmes de Cité Patate de la misère.
Il était une fois, une petite idée. Toute petite mais sympathique, soufflée par une amie lors d’un voyage en Inde, elle se trouvait enfouie dans un coin du cerveau d’une femme entrepreneure, engagée dans le social. Brillante, elle voulait se frayer un chemin vers la réalité. Elle voulait exister, elle voulait faire du bien autour d’elle. Et c’est ainsi, qu’un jour, Anooradah Pooran devait lui donner sa chance. Depuis, la présidente de l’Association pour l’éducation des enfants défavorisés (APEDED) qui œuvre dans le sud de l’île, se bat pour lui donner un avenir !
Et c’est à Cité Patate, à Rodrigues, qu’Anooradah Pooran, qui aide également des femmes au chômage à produire des tisanes aux vertus thérapeutiques, à Chemin-Grenier, a lancé son tout nouveau projet. C’est grâce à l’aide du Decentralised Cooperation Programme de l’Union européenne et du Commissaire de Rodrigues, qu’une petite usine a vu le jour dans un centre délabré. Là, quinze femmes, anciennes piqueuses d’ourites, travaillent à la confection de serviettes hygiéniques pour le marché local. Une aubaine pour ces dernières : «Quand il n’y a plus d’ourites, elles n’ont rien à faire. Et c’est dommage, car sans argent, ce n’est pas facile d’élever ses enfants», confie Anooradah.
C’est en répondant à des demandes d’aide pour les petits de cette région – son association s’occupe de 65 enfants scolarisés dans l’île–, qu’elle a découvert la situation difficile dans laquelle vivent ces femmes : «C’est l’extrême pauvreté, ici. Et c’était impossible pour moi de rester insensible et de ne rien faire.» La vente des serviettes représente, donc, un certain revenu pour ces femmes : «Pour l’instant, nous nous concentrons sur les besoins locaux. Peut-être que dans l’avenir nous pourrons voir plus grand.» Un soulagement – financier - pour la plupart d’entre elles, mais aussi une façon de faire l’éducation des jeunes filles : «Nous comptons distribuer les serviettes gratuitement aux collégiennes. Beaucoup d’entre elles utilisent encore des morceaux de tissu, ce qui rend difficile leur scolarité lorsqu’elles ont leurs règles.»
De plus, l’aménagement du centre est au programme : «Nous remercions le commissaire de l’Infrastructure qui nous aide dans chacune de nos étapes.» Un aménagement nécessaire qui permettra aux confectionneuses de pad d’évoluer dans un environnement plus agréable et plus adéquat. Et dans un mois, pour augmenter la visibilité du produit, les serviettes Made in Rodrigues auront droit à un «branding» : «On va trouver un nom. Ce sera un bon début». Dans le futur, Anooradah espère pouvoir aider plus de femmes… grâce à sa lumineuse idée.