Le travail commence ! Pour les contestataires du projet de centrale à charbon à Pointe-aux-Caves, le moment est venu de décortiquer le contrat de CT Power. Un travail de longue haleine qui a débuté dès ce vendredi, 15 février, date à laquelle la National Energy Commission a rendu publics les contrats des Independent Power Producers (IPP), y compris celui de CT Power. Une demande qui a été faite par Jeff Lingaya, l’activiste écologiste qui avait observé une grève de la faim pour dire «non» au projet.
Et la tâche n’est pas aisée pour les anti-charbon. Car selon le contrat entre CT Power et les autorités locales, la centrale utiliserait 20 % de charbon de moins que les Independent Power Producers’ (IPP). De plus, c’est au CEB de fournir le charbon à l’entreprise malaisienne alors qu’actuellement, les IPP s’approvisionnent, eux-mêmes, en charbon. Une façon pour le corps paraétatique, qui sera actionnaire de la centrale à charbon de CT Power, d’avoir un certain contrôle sur le coût de production.
Nombreux sont ceux qui considèrent le contrat de CT Power comme étant «avantageux» pour le CEB et qui tiquent en ayant pris connaissance des avantages dont bénéficient les différents IPP (par exemple la nécessité pour la CEB de payer l’électricité qu’il n’achète même pas). Néanmoins, le projet de centrale à charbon de CT Power dans une zone résidentielle ne fait pas l’unanimité. Dev Manraj, le président de la National Energy Commission, a, pour sa part, fait la déclaration suivante lors d’un point de presse. «Nous allons étudier tous les dossiers de même que les aspects financiers et écologiques dans le secteur énergétique. Cela, dans la transparence. Nous allons ensuite faire des recommandations au gouvernement. S’il faut prendre des actions, il incombera au gouvernement de le faire.»
Un petit pas dans la bonne direction selon les anti-charbon qui ne comptent pas rester les bras croisés. Ils attendent toujours que l’identité des promoteurs de ce projet énergétique soit dévoilée. Et le soutien dans leurs différentes démarches viendra, peut-être de l’étranger. Il y a quelques jours une émission francophone, diffusée sur TV5 Monde, «Coup de pouce pour la planète» a alloué le carton rouge de la semaine à notre île pour le projet de centrale et «l’obstination du gouvernement mauricien par rapport à ce projet, pourtant rejeté par la population». Dans le même souffle, des étudiants mauriciens à Paris ont également prévu une marche de protestation afin d’informer le plus grand nombre de la situation à Maurice.
Une marche qui précède celle qui se tiendra le samedi 23 février à la place Margéot, à Rose-Hill.
Sir Anerood Jugnauth, leader du Remake 2000 :
«Le gouvernement a eu tort de procéder comme il l’a fait pour le projet de CT Power. Les procédures n’ont pas été suivies. Les choses ont été faites en catimini. C’est pourquoi l’opposition a toujours dénoncé et condamné l’opacité autour de ce projet. S’il y avait eu un appel d’offres et que CT Power avait été choisi, il n’y aurait pas eu de problème.»
Alan Ganoo, leader du MMM :
«La meilleure décision que le gouvernement puisse prendre c’est d’abandonner le projet ou de le délocaliser (…).Des promoteurs de l’énergie solaire et photovoltaïque, sélectionnés dans le cadre d’un appel d’offres, attendent depuis des mois que le CEB leur octroie un contrat.»
Patrick Assirvaden, président du Parti travailliste :
«Trop de choses ont changé avec les 31 nouvelles conditions mais aussi au cours des sept années de procédure. Il faudra renégocier le contrat de CT Power ( ). Le contrat signé avec CT Power est définitivement le plus avantageux pour le pays que n’importe quel autre contrat signé dans le passé.»