Le jeune homme a tiré à deux reprises sur sa petite amie avant de retourner l’arme contre lui. Leurs proches sont sous le choc, mais le mystère plane toujours sur les circonstances exactes de cette tragédie.
Ils s’aimaient, mais nul ne s’attendait que leur relation prenne une tournure aussi dramatique. Mais lundi dernier, le pire s’est produit. Roubesh Boolaky, 27 ans, a tué sa petite amie Nidhi, elle âgée de 15 ans, à coups de fusil, avant de retourner l’arme contre lui.
Une enquête a été ouverte. Mais en attendant les conclusions de la police, les familles des victimes émettent chacune leurs hypothèses concernant ce drame mystérieux et reviennent sur les derniers événements précédant le jour fatidique.
Chez les Puttur, la famille de l’adolescente, l’on s’interroge. «Où est le problème ? Ai-je fait quelque chose de mal ? On était en bons termes avec Roubesh. Il était proche de nous tous. À aucun moment on ne s’est douté de quoi que ce soit entre ma fille et lui. Je précise que personne n’était au courant de leur liaison. Nous sommes dans le flou total», confie Ravin, le père de Nidhi.
Neha, 21 ans, soeur de la victime, étudiante en médecine en Chine depuis deux ans, est très surprise par les événements : «Roubesh ti koz ar mo ser parey kuma li koz ek mwa. Il n’y avait pas de différence. S’il y avait quelque chose entre eux, je l’aurais remarqué. Ma soeur et moi étions très proches. J’étais sa confidente et elle, la mienne. On était également des best friends. Elle ne m’a jamais parlé de sa relation avec Roubesh. Mais une chose m’intriguait. Ma soeur prenait le soin d’effacer les SMS qu’elle envoyait de même que ceux qu’elle recevait. Son registre d’appels entrant et sortant était également vide. Qui plus est, elle n’avait pas de carnet intime contrairement à ce que certains avancent (voir hors-texte).»
Les deux soeurs étaient, en effet, très complices, confirme Ravin : «Elles se parlaient régulièrement à travers Skype. À aucun moment Nidhi n’a cité le nom de Roubesh. Elles parlaient toujours de leurs études respectives. Neha lui parlait de la Chine. Nidhi, elle, parlait souvent de son souhait de poursuivre ses études. Elle avait une préférence pour la comptabilité. Ce que Roubesh a fait nous affecte. Nous n’avons jamais eu de problème avec sa famille, avec laquelle on entretenait de bonnes relations. Nous sommes dans un trou noir. Nous voulons connaître la vérité. Nous attendons impatiemment les conclusions de la police», avoue-t-il.
Le jour du drame, Sunita Boolaky, la mère de Roubesh, avait remarqué quelque chose d’anormal dans le comportement de ce dernier. Mais, dit-elle, à aucun moment elle n’a pensé que son fils voulait en finir avec la vie et tuer sa petite amie. «Il n’était pas parti travailler avançant qu’il ne se sentait pas bien. Il était allé retourner le véhicule de fonction avant d’aller voir un cousin. Ce dernier n’était pas là. Notre mère Sunita nous avait dit qu’il n’avait pas déjeuné. Il est sorti en douce avec le 4x4 de notre père vers 14 heures. Ce dernier dormait à ce moment-là, alors que notre mère regardait la télé», raconte Yogesh, le frère aîné de Roubesh.
Nul ne se doutait que Roubesh avait également pris le fusil de chasse de Yogesh ainsi que trois cartouches de son coffre-fort. Bissoon, le père de famille, se trouvait dans sa chambre et son épouse devant la télévision lorsque Roubesh était rentré à la maison aux alentours de 15h15. Ce dernier se serait rendu, à cet instant-là, dans le garage de son frère.
«Roubesh, ki tonn fer»
Quelques secondes plus tard, Bissoon aurait entendu trois coups assourdissants. «Lorsque notre père est sorti, il a vu le 4x4 dans le garage. Mon frère n’était pas au volant. Il l’a vu sur le sol, avec une carabine sur lui. Il l’a bougé et lui a dit : ‘‘Roubesh, ki tonn fer’’. C’est en voyant une veste dans le véhicule qu’il a aperçu le corps de la jeune fille sur le siège arrière», se souvient Satyam, un autre frère de Roubesh.
Pour sa part, Yogesh fait ressortir que son frère se comportait de façon inhabituelle depuis une semaine : «Il ne parlait et ne mangeait presque pas. Il restait tranquille dans son coin. C’est la raison pour laquelle je lui avais demandé de m’accompagner à un anniversaire à Lallmatie, le samedi 9 février. Sur place, il s’était fait des amis et partageait sa bonne humeur avec les autres convives. On était rentrés à la maison vers 10 heures le lendemain. Un peu plus tard, je lui ai demandé de venir à ma partie de chasse hebdomadaire. Ce qu’il a refusé, arguant qu’il était fatigué. Il y avait une cérémonie de prière chez nous ce jour-là. Nidhi et sa mère étaient présentes. Ma mère a profité de l’occasion pour demander la main de l’adolescente à sa mère. Cette dernière lui aurait dit qu’elle allait considérer cette demande après les études de sa fille.»
Chez les Puttur, c’est un tout autre son de cloche. Ravin maintient qu’aucun membre de sa famille n’était au courant de la liaison de sa fille avec Roubesh : «Si Roubesh ou un autre membre de sa famille avait parlé de mariage avec nous, je les aurais invités à discuter pour trouver une solution. Je précise que nous étions en bons termes avec les Boolaky et que je n’ai rien à reprocher à Roubesh, si ce n’est le fait d’avoir tué ma fille.»
Par ailleurs, d’aucuns avancent que la relation entre Roubesh et Nidhi était vouée d’avance à l’échec. D’abord, en raison de leur différence d’âge. Chez les Boolaky, l’on affirme que cela faisait un an que Roubesh ne vivait que pour Nidhi, ex-étudiante du collège Hindu Girls à Curepipe. Cette dernière devait prendre part aux examens du School Certificate (SC) cette année. Le jeune homme, qui devait fêter ses 28 ans le 10 avril prochain, avait, lui, mis fin à sa scolarité après les examens du SC. Il fréquentait le Curepipe college.
Par la suite, il avait suivi des cours en décoration intérieure à la JR School. Pendant un an, il avait travaillé dans un hôtel avant d’intégrer une compagnie spécialisée dans la décoration d’intérieurs. Mais son contrat n’avait pas été renouvelé. Lorsqu’il avait eu vent qu’une habitante du village qui importe et distribue des produits cosmétiques était à la recherche d’un chauffeur, il avait décidé de postuler en attendant de trouver un autre emploi dans son domaine.
«Il avait rapidement gagné notre confiance», confie Ravin Puttur. Et d’ajouter que Roubesh était le «bras droit et l’homme de confiance» de son épouse Soudevi : «Cela faisait presque trois ans qu’il travaillait pour nous. Il s’occupait des transactions bancaires, de récupérer l’argent auprès des clients, de la distribution des produits et des démarches administratives. Il gardait également la clé de notre store. On ne le considérait pas comme un employé.»
À ce moment-là, Nidhi avait 13 ans. Roubesh l’avait vue grandir. Entre-temps, il se serait épris d’elle. «Il nous avait dit que leur relation avait débuté par des échanges de SMS. Ils auraient commencé à avoir des sentiments l’un pour l’autre. Mon frère ne cachait pas son amour pour Nidhi. Il avait dit à notre mère qu’il était disposé à attendre Nidhi terminer ses études pour se marier avec elle. En attendant, il allait avoir tout le temps voulu pour rénover la demeure familiale dont il allait hériter. Je ne comprends pas comment il a pu commettre l’irréparable», se lamente Satyam.
Roubesh est décrit par ses proches comme un jeune homme très jovial, au sourire facile, mais qui n’aimait pas parler de ses problèmes. Nidhi, elle, était une adolescente ordinaire et «très douce», selon sa famille. Pour tous, ce jeune couple a emporté, avec lui, un lourd secret : leur impossible histoire d’amour…
Tuée de sang-froid
Des indices laissent penser que Nidhi aurait été tuée de sang-froid. En effet, le jour du drame, Roubesh serait parti récupérer l’adolescente à sa descente du bus après l’école, à bord d’un 4x4. Une fois dans le véhicule, Roubesh aurait pris le soin de verrouiller toutes les portes avant de se diriger vers le garage de son frère Yogesh. Sur place, il aurait garé le tout-terrain de façon à ce que Nidhi ne puisse ouvrir les portières arrière. Seule la porte se trouvant à la droite de Roubesh était déverrouillée. Le jeune homme serait descendu du véhicule et aurait tiré à deux reprises sur Nidhi, avant de se donner la mort.
Les Puttur démentent l’existence d’un carnet intime
Ils n’en peuvent plus des «palabres». D’où leur intention de poursuivre tous ceux qui ont sali l’image de leur fille Nidhi. Ravin Puttur s’explique : «J’ai lu que Roubesh aurait aperçu ma fille avec un autre garçon, le vendredi précédant le drame. Or, c’est totalement faux. Ce jour-là, je suis parti au collège pour la récupérer, car elle était fiévreuse. On est rentrés ensemble à la maison dans ma voiture. Dans un autre article de presse, j’ai lu que Nidhi avait un carnet intime. C’est également faux. C’est le carnet d’une amie de collège de ma fille aînée. On peut le prouver, car ce n’est pas l’écriture de Nidhi.»