Mgr Maurice Piat, évêque de Port-Louis, reconnaît le courage du pape Benoît XVI qui a annoncé sa démission le 11 février dernier.
Le père Jean-Maurice Labour a rencontré le pape Benoît XVI lors d’une réunion des oeuvres pontificales missionnaire dont il est le directeur pour l’océan Indien.
Il a étonné plus d’un avec l’annonce, la semaine dernière, de sa démission après huit ans à la tête de l’église catholique. Les Mauriciens qui l’ont rencontré livrent leurs témoignages.
«Un coup de tonnerre dans un ciel serein», selon Mgr Angelo Sodano, doyen des cardinaux. C’était le lundi 11 février, lors d’un consistoire dans le cadre de trois canonisations. Le pape Benoît XVI annonce sa démission pour le 28 février. La nouvelle fait le tour du monde. à Maurice, Mgr Maurice Piat, évêque de Port-Louis, Jean-Maurice Labour, vicaire général, et Tania St-Bertin, jeune engagée dans l’église, témoignent de leur rencontre avec Benoît XVI, et livrent leurs impressions sur sa démission.
«Surpris parce que malgré son grand âge, Benoît XVI témoigne encore d’une profondeur spirituelle et d’une vigueur intellectuelle qui faisaient de lui un grand enseignant dont les messages sont pertinents pour le monde d’aujourd’hui. Mais en même temps, nous sommes touchés par l’humilité et le courage du pape qui reconnaît que ses forces physiques ne lui permettent plus d’exercer son ministère», explique-t-il dans un communiqué.
Pour le père Jean-Maurice Labour, vicaire général, l’annonce de la démission du pape l’a d’abord stupéfait. «Il vient à peine de lancer l’Année de la foi. Mais j’admire son courage. Il donne là un bel exemple d’un homme qui n’a pas peur d’agir à contre-courant. Il a choisi la Journée mondiale des malades pour reconnaître que la vigueur nécessaire à l’accomplissement de son ministère lui manque aujourd’hui», avance-t-il. Tout en admettant que cette décision a choqué l’église catholique à Maurice.
«Beaucoup de personnes ont été bouleversées. Mais il convient de bien comprendre : le pape n’a pas rendu sa robe, comme on le dit couramment. Il a seulement renoncé à sa charge pastorale pontificale, comme les évêques, arrivés à 75 ans, sont tenus de renoncer à leur charge épiscopale. Il peut servir par la prière et l’écriture. Cela m’étonnerait que le cardinal Ratzinger arrête d’écrire», confie Jean-Maurice Labour.
Au-delà de l’effet de surprise, affirme-t-il, les catholiques rendent grâce à Benoît XVI : «Malgré son court pontificat, il se sera battu sur tous les fronts : pédophilie au sein du clergé, désunion ecclésiale, défense de la vie sous toutes ses formes, relecture du concile, soucis autour de l’unité de l’église et du dialogue avec le judaïsme et l’islam notamment.»
Entre-temps, chacun y va de son petit commentaire quant à celui qui succédera à Benoît XVI. Jean-Maurice Labour, lui, a une préférence pour le cardinal africain Peter Kodwo Appiah Turkson, âgé de 64 ans. «En second lieu, je dirais un Asiatique, soit le cardinal philippin et archevêque de Manille, Luis Antonio Tagle, âgé de 56 ans. Ou pourquoi pas un pape jeune ? Je trouve qu’il est temps de sortir de «l’italo-centrisme» et de «l’euro-centrisme», même si l’Europe restera, pendant encore longtemps, un pôle important de l’église. Lorsqu’on regarde l’église de l’Occident, on voit des crises. Quand on regarde celle de l’Orient, on voit un dynamisme extraordinaire. Le saint-esprit agit parfois à contre-courant et fait des merveilles. Mais les Européens les mieux placés sont les cardinaux Angelo Scola, un italien de 71 ans, et Christoph Schonborn, un Autrichien de 67 ans», constate-t-il.
Pour Tania St-Bertin, jeune engagée dans l’église et qui a participé aux Journées mondiales de la jeunesse à Madrid en 2011, la démission du pape est en tout et pour tout un «débalancement total» pour les jeunes. Si elle avoue avoir vu un pape «vieux et malade» lors de ces célébrations, elle se demande, toutefois, si ce dernier aurait dû démissionner pour autant.
«Premièrement, je ne savais pas qu’un pape avait le droit de démissionner. La nouvelle m’a terriblement choquée. Je trouve que Benoît XVI a mis l’église catholique dans une situation bien délicate. Quand je le compare à Jean-Paul II qui, malgré la maladie, a su tenir bon et s’est donné à fond, pourquoi Benoît XVI n’aurait-il pas pu continuer ? Quoi qu’il en soit, je comprends sa décision, mais je me pose des questions», reconnaît Tania St-Bertin.
Les réactions divergent, certes, mais Benoît XVI a déjà pris sa décision : «Après avoir examiné ma conscience devant Dieu à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à me permettre d’exercer adéquatement le ministère pétrinien. Je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m’a été confié.»
Une messe d’action de grâce, présidée par Mgr Maurice Piat, sera célébrée à la cathédrale St-Louis, le mercredi 27 février, à 12h15, soit à la veille de la démission officielle de Benoît XVI.