Shyam Seebaluck derrière les barreaux, c’est sa mère Mista qui s’attelle à dépoussiérer les trophées remportés par l’ex-kick boxeur
Elle ne sait plus à quel saint se vouer. Depuis l’arrestation, le 15 janvier dernier, de son fils Shyam et de son mari Sundarlall, pour tentative de vente d’héroïne, Mista Seebaluck vit les moments les plus pénibles de sa vie. Le verdict est tombé lundi. L’ancienne gloire du kick boxing mauricien a écopé d’une peine de trois ans de prison et d’une amende de Rs 10 000. Quant à son père, il a été condamné à cinq ans de prison et Rs 25 000 d’amende. L’ex-tireur compte faire appel du jugement.
«J’ai eu un choc en entendant le verdict car Me Raouf Gulbul m’avait assuré que mon fils Shyam allait être libéré», affirme la mère, Mista, âgée de 49 ans, après avoir pris connaissance du verdict de la magistrate Renuka Guness-Dabee de la cour de Bambous. Elle ajoute : «Je ne comprends pas pourquoi on tient absolument à impliquer Shyam dans cette histoire. La police n’a jamais trouvé le moindre gramme de drogue sur lui, ni dans sa chambre ni dans son sac».
Elle croit dur comme fer qu’on a volontairement mis des bâtons dans les roues pour nuire à la carrière de son fils, car celui-ci était promis à un bel avenir de kick boxer. Âgé de 20 ans, Shyam Seebaluck devait effectuer un stage de préparation en Inde avant de participer à une compétition au Maroc en Tunisie, mais il fut arrêté peu de temps avant son départ : «J’étais confiante qu’il allait ramener une médaille, comme à son habitude», nous dit sa mère.
À Bambous, le 15 janvier dernier, Shyam et Sundarlall Seebaluck sont pris en flagrant délit par deux hommes de l’ADSU, déguisés en civil, qui s’étaient fait passer pour des consommateurs de drogue. Selon le témoignage de ces derniers en Cour, les Seebaluck avaient proposé de leur vendre 20 grammes d’héroïne.
Grandeur et décadence
Avec ses démêlés avec la justice Shyam connaît la déchéance. Après avoir été médaillé de bronze au Championnat du Monde 2001, il va purger sa peine en prison.
Solidaire de son fils, Mista Seebaluck entame, avec le soutien de ses proches, les démarches afin de faire appel du jugement de la Cour intermédiaire de Bambous. «J’ai dû solliciter l’aide financière de ma belle-sœur, la sœur de mon mari, pour payer les Rs 400, frais de papier pour l’appel»
Sans aucun revenu depuis l’arrestation de son mari Sundarlall qui était le seul gagne-pain de la famille, Mista a du mal à joindre les deux bouts. «Je ne vis plus, je ne fais que survivre. L’aide de mes proches m’a été d’un grand secours jusqu’ici ».
Un malheur ne vient jamais seul, dit-on. Déjà accablée par les problèmes de son fils et de son époux, elle risque bientôt de se retrouver sans toit car, dit-elle, elle est incapable de payer les Rs 4 000 mensuelles dues à la Mauritius Housing Corporation (MHC. En effet, en cas de non-paiement, la MHC se verra dans l’obligation de saisir la maison sise à Cité Bambous.
«Je ne sais comment faire. Où trouver un travail qui me permettra de payer mensuellement Rs 4 000 à la MHC en sus de ma nourriture, des factures d’eau et d’électricité. C’est d’autant plus difficile que ma santé ne me permet pas de travailler». Elle ajoute : «J’avais grand espoir que mon fils serait libéré pour venir me soutenir dans mes moments de peine, mais malheureusement, la poisse nous poursuit, Shyam a écopé de 3 ans».
L’accumulation des problèmes de son fils et de son mari a fragilisé cette mère de famille. «Je suis en traitement à l’hôpital Brown Séquard et j’ai été admise à maintes reprises à l’hôpital. Ce sont les moments les plus durs auxquels je dois faire face seule».
«L’aide divine pour libérer mon fils»
Très pieuse, la famille Seebaluck se consacre à la prière. Adeptes des Témoins de Jehovah, Mista ainsi que son fils et son mari avaient observé le carême du ramadan, de Durga Puja, et du Govinden. «J’ai observé le carême du ramadan, du Durga Puja, du Govinden pour demander l’aide divine pour libérer mon fils», dit Mista.
Sundarlall Seebaluck était bar manager avant de changer de métier pour se rapprocher de ses enfants. «Mon mari a travaillé très dur, surtout le soir pendant vingt ans. À cause de son travail, il passait très peu de temps avec les enfants. C’est pour cette raison qu’il s’est reconverti en courtier et s’est mis à son propre compte. Il allait souvent dans les ventes à l’encan pour acheter des marchandises qu’il revendait par la suite. D’ailleurs, nous avons encore un stock de fil qui avait été acheté suite à la vente d’une usine», nous relate Mista.
«Mon mari est quelqu’un qui aime beaucoup les animaux. Il soignait des poules, des lapins et des hamsters. Les gens aimaient venir le voir ainsi que ses animaux et je ne vois pas comment, il se serait impliqué dans une affaire de drogue», ajoute-t-elle.
Sanjay Seebaluck, frère de Shyam, est du même avis que sa mère; il croit que son frère est innocent dans cette affaire. «J’étais très proche de Shyam et je suis confiant qu’il est innocent. Il n’a rien à voir dans cette affaire. Il compte faire appel et j’espère que la justice triomphera ».
Vikash Greedharry et Steve How