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Une trêve pour méditer

Bientôt, ce sera la trêve politique. Elle est imposée par les fêtes de fin d’année. Elle ressemblera, toutefois, à une veillée d’armes car les hostilités entre les adversaires reprendront de plus belle l’année prochaine qui verra la tenue des élections générales.

Si c’est le calme avant la tempête, profitons-en pour faire le point. Surtout sur le plan économique. 2005 ne s’annonce pas brillante à cet égard. Nous assisterons, par exemple, au démantèlement de l’Accord multifibre. Autrement dit, à la fin des quotas imposés aux grands producteurs textiles mondiaux, notamment la Chine. Les effets se feront sentir à brève échéance en termes de fermetures d’usines au sein de la zone franche, provoquant, de ce fait, une contraction des effectifs dans ce secteur. Un chômage accru risque de freiner la consommation. Une telle situation est un handicap pour l’épanouissement de l’économie en général. Elle est aussi source de problèmes sociaux.

La fin des quotas textiles pèsera lourd dans le débat politique au tournant de l’année parce que l’on mesurera l’ampleur des dégâts assez vite. Les problèmes en termes de chômage, de manque de formation et d’inventivité ne sont pas derrière nous mais bien devant. Il va falloir faire preuve de beaucoup d’imagination pour les surmonter. Une année électorale n’offre pas les meilleures conditions pour un tel exercice.

Sauf miracle, c’est peu dire que le deuxième Budget de Pravind Jugnauth n’obéira pas qu’aux impératifs économiques. Il comportera des doses électoralistes. Et puis, l’Opposition ne donnera aucun répit au gouvernement. Le pays risque d’être mis, dans une telle ambiance, en danger économique. Alors que la situation est préoccupante.

Dans le Mauritius Times en date du 17 décembre dernier, l’économiste Éric Ng Ping Cheun déclare : «  Le plus tôt on organise les élections générales, le mieux ce sera pour notre économie. Beaucoup de projets sont gelés et beaucoup de décisions restent en suspens en raison de l’incertitude politique ». Il poursuit : «  Pourquoi n’y a-t-il pas suffisamment de projets ? Il y a certainement un manque de confiance dans l’économie mauricienne. Plusieurs facteurs expliquent cela : une roupie instable, des procédures administratives trop longues, la perception que le gouvernement favorise certaines personnes et le dysfonctionnement des règles du jeu. Et puis, l’esprit d’entrepreneur est en déclin. Nos capitaines d’industries sont davantage des chercheurs de rentes que des entrepreneurs. Ils préfèrent faire du lobbying auprès du gouvernement pour obtenir des faveurs ».

Le gouvernement a promis qu’il complètera son mandat de cinq ans. Les législatives auront lieu, sauf revirement de situation, aux alentours de septembre 2005. D’ici là, la campagne électorale fera rage. Si pour Éric Ng Ping Cheun «beaucoup de projets sont gelés» actuellement, ils devraient être surgelés l’année prochaine à l’approche des élections. Ce serait de mauvais augure.

La petite trêve de fin d’année est une occasion de nous ressaisir pour tenter de distinguer l’essentiel de l’accessoire. Vu le contexte, elle devrait être une période de méditation. Et l’essentiel, c’est l’économie. Et quand l’économie va, le social va aussi.

Bien sûr, les élections générales sont un des fondements de la démocratie. Mais les adversaires dans l’arène devraient savoir jusqu’où ne pas aller trop loin pour ne pas mettre en péril le pays.

La fin de 2004, c’est la fin de l’insouciance. 2005 ouvre une ère de tous les dangers. On veut remettre en question le Protocole Sucre avec la libéralisation du commerce mondial.

Pour l’heure, le père Noël est une ordure. Il nous offre en 2005, la fin des quotas textiles. Le 1er janvier, on risque de se réveiller avec une bonne gueule de bois.

naeck@5plus.mu

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