En cette période festive, les gens se ruent vers les magasins pour acheter des cadeaux à leurs enfants
Noël pour tous. Au-delà des barrières religieuses et culturelles, ils célèbrent la fête de Noël à leur façon. Eux, ce sont des non-chrétiens - ‘hindi-speaking’, tamouls ou musulmans - qui «ne célèbrent pas vraiment la naissance de Jésus » comme les chrétiens mais qui pourtant, attendent le 25 décembre avec beaucoup d’impatience, envoûtés par la magie de cette fête au charme si particulier où les enfants sont rois et les cadeaux pleuvent.
Les sapins illuminés et décorés de guirlandes les font rêver, comme tout le monde d’ailleurs. Les familles Mukool et Chuttur sont des ‘hindi speaking’ , la famille Khoodaruth est musulmane et la famille Ramsamy tamoule. Mais l’excitation avec l’arrivée de la fête de Noël est la même. Ils sont tous habités par l’esprit de Noël.
Au contraire des chrétiens, pour ces personnes appartenant à d’autres religions, la fête de Noël ne revêt pas un caractère religieux. Elles placent cette fête sous le signe du partage et la considèrent comme un événement festif surtout pour les enfants. Pour certains non-chrétiens, toutefois, Noël est aussi symbolique car ils disent respecter la connotation religieuse qu’a cette fête, faisant ici allusion à la commémoration de la naissance de Jésus par les chrétiens.
Indépendamment de la religion de chacun, l’attente et les préparatifs précédant cette fête sont les mêmes. C’est la ruée vers les magasins pour les achats des cadeaux et le ménage dans la maison. La visite du gros bonhomme tout de rouge vêtu, le père Noël, est aussi très attendue tant par les grands que par les petits.
Jusque-là pas de différence dans la façon dont de nombreuses familles mauriciennes célèbrent la fête de Noël à Maurice mais les choses diffèrent selon les croyances et les différentes traditions.
Chez les Mukool, une famille hindoue de Beau-Bassin, par exemple, une ambiance de fête plane déjà dans l’air à une semaine de la fête. Le petit Yash, 3 ans et demi, ne tient pas en place. Il est impatient «que le jour de Noël arrive une bonne fois». À l’approche de cette fête universelle, c’est la joie qui se lit sur son visage et sur celui de sa grande sœur Ashna. Le garçonnet a commandé «beaucoup de jouets » sans pouvoir dire ce qu’il souhaite précisément.
«Nous avons un grand respect pour cette fête»
Dans cette petite famille de quatre personnes, la fête de Noël a toujours occupé une place importante. «Nous fêtons tous les ans la fête de Noël ; nous installerons le sapin, les décorations et les cadeaux comme il se doit», nous déclare Ravin Mukool, le père de famille, qui travaille dans le milieu hospitalier.
Pour les Mukool, la nuit du 24 au 25 décembre est une nuit sacrée. «Même si nous ne sommes pas de confession catholique, nous avons un grand respect pour cette fête. D’ailleurs, à la veillée, nous faisons une petite prière en mémoire du petit Jésus qui naquit ce soir-là », nous dit Maya, l’épouse de Ravin.
Pour son époux, il n’y a pas de doute : «Noël à Maurice est devenu une fête nationale. La religion hindoue n’empêche pas de croire en Jésus. Nous pensons que toutes les religions se complètent et ont leur importance».
Cette famille envisage d’installer leur sapin le 24 décembre au matin. «Cette année, j’ai commandé un ordinateur pour enfant », nous dit gaîment Ashna, 6 ans, la fille aînée de Ravin et de Maya.
Une autre tradition que les Mukool ont l’habitude d’observer chaque année, c’est de se rendre à la messe la nuit du 24 décembre bien qu’ils ne soient pas catholiques. «Nous avons l’habitude de nous rendre à l’église du Sacré-Cœur ou alors nous nous rendons à une grotte dans le voisinage pour nous recueillir. Après, on fait une petite marche tout en faisant du lèche-vitrine et par la suite, nous rentrons à la maison pour la distribution des cadeaux», nous dit Maya.
«Il n’y a rien de plus beau pour nous que de voir le sourire sur les visages de nos enfants le matin de Noël », ajoute Ravin.
Une autre famille hindoue, la famille Chuttur, de Plaisance, Rose-Hill partage la même excitation ; il règne chez elle la même ambiance de fête qui prévaut chez bon nombre de familles à Maurice en ce moment . «Bien sûr, Noël est une fête religieuse pour les chrétiens. Nous respectons beaucoup cette fête qui est synonyme de rêve, de partage et de convivialité», nous dit Anushka,la fille aînée de Santa et de Oomesh Chuttur.
Comme c’est le cas de la famille Mukool de Beau-Bassin, Santa, Oomesh et leurs deux filles : Anushka, 22 ans, et Jessica, 17 ans, fêtent Noël depuis très longtemps. «Nous célébrons cette fête comme plusieurs familles le font à Maurice. Nous achetons un sapin, les décorations, les cadeaux ; la seule différence, c’est que nous n’allons pas à la messe comme les chrétiens. Toutefois, nous faisons une petite prière pour honorer la naissance de Jésus », nous déclare Santa qui travaille dans un magasin.
Les choses sont différentes chez les Khoodaruth, une famille musulmane de l’avenue Ollier Quatre-Bornes. Dans cette famille, Noël, c’est surtout et uniquement une fête pour les enfants. «Notre religion nous l’imposant, nous n’installons ni sapin ni ne faisons une prière spéciale ce jour-là. La naissance de Jésus n’a pas de signification pour nous. Ce jour-là, nous faisons uniquement un partage de cadeaux et spécialement aux enfants car imaginez la tête que ferait mon petit-fils Wassin devant la joie des autres enfants du quartier s’il ne recevait pas de cadeaux», nous déclare Bibi Khoodaruth.
Son fils Soufian, et sa belle-fille, Parveen, sont aussi d’avis que c’est important de faire plaisir à leur fils ce jour-là. «Il n’est qu’un enfant et veut un cadeau en ce jour spécial pour les enfants», nous dit Soufian. Il est d’accord que la fête de Noël est maintenant une fête que les Mauriciens des différentes communautés ont en commun.
À quelques centaines de mètres de la maison des Khoodaruth habite des tamouls, la famille Ramsamy. Jovana Ramsamy, le père de famille nous déclare que ce jour «est une bonne occasion pour sortir et se retrouver en famille. Des fois, il arrive même que nous allions au temple pour demander des bénédictions, mais nous ne prions pas nécessairement Jésus».
Sa belle-mère, Ambee, quant à elle, place Noël sous le signe du partage des cadeaux, surtout aux enfants et le décrit comme une fête pour tous.
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Des «joujoux» à des prix fous
Rs 20 999 Cela aurait pu être le prix d’un téléviseur mais ce n’est que le prix d’un ‘multiple gym’ qui comprend une balançoire, un toboggan et une échelle destinés aux enfants. «Cela peut paraître cher mais il y a des parents qui investissent pour leurs enfants et qui veulent des jouets qui permettent à ceux-ci de
s’épanouir pleinement et en toute sécurité», nous déclare une responsable des produits dans un magasin de jouets.
À un autre rayon de jouets, une voiture de formule 1 de couleur bleue attire aussi les regards. Dotée d’un système automatique, elle se laisse piloter à l’aide d’une télécommande. Le prix : Rs 1899 Un peu plus loin : une voiture à moteur qui permet à un enfant de 4 à 5 ans de s’y installer et de la piloter coûte Rs 12 999 alors qu’une moto qui peut aussi être conduite par un enfant coûte Rs 7999 Le même prix pour une ‘Holiday House’, une petite maison pour enfant. «Cette année, bon nombre de personnes ont tendance à s’intéresser aux jeux de haute technologie. Ainsi un microscope digital pour enfant coûte Rs 2599 et un mini laptop de Rs 749 à monter. Pour les filles, les Barbies sont toujours très populaires et coûtent en moyenne Rs 2599 Une peluche de 40 cm coûte Rs 13999», nous explique la responsable du magasin.
Barbie cette année vient aussi avec de nouveaux accessoires comme sa voiture ou encore avec des ‘walkies-talkies Barbie’ .
Les prix des accessoires tournent autour de Rs 1499. «Il y a certains joujoux qui coûtent vraiment les yeux de la tête. Il faut vraiment avoir de l’argent pour offrir un cadeau de plus de Rs 10 000 à son enfant », nous dit Jeanine, un parent.
«Mais nous proposons des jouets pour toutes les bourses. Il y a des jouets qui se vendent à partir de Rs 29. Nous offrons le choix aux acheteurs. C’est à eux de voir combien ils sont disposés à dépenser », nous dit toutefois la responsable du magasin. Pour les retardataires, il ne reste plus qu’une semaine avant la fête de Noël. Bon shopping et faites gaffe à votre porte-monnaie.
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Le sapin
D’où vient cette coutume d’installer un arbre couvert de décorations pour la fête de Noël ? Il semblerait que ce fût un moine irlandais, saint Colomban, qui vers l’an 300, était allé en France pour y construire des monastères. Mais en plus de cela, il était aussi missionnaire, c’est-à-dire qu’il voyageait à travers la France et l’Italie pour parler du Christ. Un jour qu’il était dans une ville où personne ne venait écouter l’Évangile, il eut l’idée du sapin, le seul arbre encore vert à cette période de l’année, car on était en hiver. Il monta sur une montagne voisine et garnit les branches d’un gros sapin de torches qu’il alluma toutes à la fois le soir venu. Cela se passait aux alentours de Noël. Les citoyens furent bien intrigués de voir cet arbre illuminé et accoururent pour se rendre compte de ce qui se passait. Ils trouvèrent là le moine Colomban qui leur raconta comment Jésus était né dans une étable.
Pour commémorer cette conversion, les nouveaux chrétiens installèrent chaque année des sapins illuminés à Noël. D’autres ont suivi l’exemple et la coutume est venue jusqu’à nous! ...
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«Petit papa Noël»
Bien qu’aujourd’hui très ancré dans les moeurs, c’est un personnage tout récent. Il a débarqué en France avec les Américains. Il date de la mode des grands sapins illuminés aux carrefours, et dans les rues des villes: le père Noël n’est pas si vieux qu’il le paraît. Malgré l’opposition de l’église à son égard, mais fortement promu par les médias, il s’est vu petit à petit parvenir à la première place, détrônant saint Nicolas. Il a des traits très typiques. Il aime particulièrement pénétrer dans les maisons par la cheminée. C’est un vieillard bien gaillard cependant, à la grande barbe blanche, revêtu d’une longue houppelande rouge bordée de fourrure et coiffé d’un bonnet rouge également agrémenté de fourrure immaculée. Il porte une hotte sur son dos, remplie, et même souvent débordante de jouets. Il se déplace à travers les airs sur un traîneau tiré par des rennes. À une semaine du jour J, beaucoup d’enfants attendent avec impatience que «le petit papa Noël descende enfin du ciel».
Christophe Karghoo et Stéphane Chinnapen