Hergie allègue avoir reçu des coups que les soldats lui ont infligés sur l’avant-bras (photo)
Une soirée d’anniversaire qui vire au pugilat. Des bleus sur plusieurs parties du corps et un bras enflé témoignent du «passage à tabac» dont Hergie Siniska, 17 ans, dit avoir été victime «de membres de la SMF», samedi soir, lors d’une fête à laquelle il s’était rendu. Jeudi dernier, en compagnie de sa mère et de son avocat, Me Shakeel Mohamed, il a porté plainte au ‘Police Complaint Investigation Bureau’ (PCIB) contre ses présumés agresseurs.
Selon une source policière toutefois, les membres de la SMF «incriminés» ont donné une autre version des faits. Ils affirment qu’un des leurs a été agressé par José Siniska, le père d’Hergie, ce samedi-là. Une plainte a en effet été enregistrée au poste de police de Mahébourg vers 00h15 ce soir-là pour agression d’un officier de la SMF par deux hommes. L’officier, qui n’était pas de service, aurait été blessé à la gorge avec une arme tranchante.
Pour sa part, la famille Siniska a retenu les services de Me Shakeel Mohamed pour obtenir réparation. «Mes clients sont des victimes. Les officiers de la SMF essayent d’inventer une histoire pour se défendre de ce qu’ils ont fait. Madame Siniska et son fils ont fait une déposition, jeudi dernier, dans laquelle ils ont raconté comment ils avaient été malmenés par les membres de la SMF. José Siniska fera sa déposition demain, lundi», soutient l’avocat.
D’après José Siniska, le père d’Hergie, c’est vers 23h00 que leur fils accompagné de ses cousins, Olivier et Yannick, ont quitté la maison pour se diriger vers ‘La Maison bleue’ à Mahébourg, lieu où se tenait la fête d’anniversaire qui était, selon eux, payante.
«Il y avait des officiers de la SMF présents à la fête. Certains d’entre eux étaient en uniforme de service et avaient des armes. Ils buvaient aussi», raconte Hergie.
Peu avant 11h00, Hergie, trouvant trop cher le prix d’une canette de bière, qui, selon lui, se vendait à Rs 25 à la fête, est sorti pour s’en procurer dans un bar à l’extérieur. Selon le jeune garçon, c’est en revenant à la fête que les choses ont dégénéré : «Ceux qui étaient à la porte ne voulaient pas me laisser entrer car j’apportais de la boisson de l’extérieur. C’est alors que les officiers de la SMF ont rappliqué». Selon Hergie, ils étaient cinq ou six à l’avoir traîné dehors et battu à coups de pied et de matraque.
Ses parents disent avoir été, entre-temps, avertis de ce qui se passait. «Quand je suis arrivé sur les lieux, j’ai vu mon fils par terre. Je l’ai aidé à se relever et nous avons pris la direction de la maison. Plus loin, une fourgonnette de la SMF nous a rattrapés. Des officiers ont à nouveau frappé mon fils en prétextant que l’un d’entre nous avait blessé un officier de la SMF avec une arme tranchante. Ils s’en sont aussi pris à moi», raconte José Siniska. Il nous montre, lui aussi, des bleus sur son torse et son dos.
Lily-Claude, la mère d’Hergie, qui dit s’être déplacée pour se rendre compte de ce qui se passait, allègue avoir été menacée avec un fusil par les soldats de la SMF.
Du côté de la famille de celui qui avait organisé la fête, on nie que des membres de la SMF en service aient été présents ce soir-là. Une proche de cette famille déclare que ni Hergie ni son père n’ont été tabassés par des officiers mais que ce sont eux qui en ont agressé un qui était à la fête mais qui n’était pas de service. Selon elle, la fête n’était pas payante et on ne vendait pas de bière à l’intérieur de la salle où elle se déroulait
Qui dit vrai ? Difficile à dire avec les récits contradictoires qui courent les rues de Mahébourg depuis dimanche dernier.
Michaëlla Coosnapen et
Christophe Karghoo