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Madame Télé

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Loin de la MBC, l’ex-speakerine s’adonne au travail social. Celles qui quittent les maisons de redressement trouvent en l’ex-animatrice une oreille et un coeur attentifs

C’est une histoire d’amour comme on l’aime. La télé et Marie-Josée Baudot n’en ont fait qu’une. Après 36 ans à la station de la rue Pasteur, elle est partie en l’an 2000 sur la pointe des pieds. Sans jamais avoir eu la grosse tête.

Elle touche déjà la pension de vieillesse. Si ce n’était les quelques plis du cou qui trahissent le poids de l’âge, on lui donnerait volontiers la cinquantaine. Notre Marie-Josée nationale, faut le dire, est restée jeune, physiquement et dans la tête.

Longiligne, tirée à quatre épingles, son débit est impec. À croire que c’est sa marque de fabrique. En fouillant dans son passé, on devine que ce sont les cours de diction de Yves Forget qui en sont à la base.

Avec une telle aisance dans le parler, c’est tout naturellement qu’elle est attirée par la radio au départ. À l’époque déjà, elle prêtait sa voix aux émissions radiophoniques concoctées par Marcel Cabon, André Masson, Pierre Renaud, Madeleine Mamet et diffusées à la MBC. Elle travaillait à la pige et touchait Rs35 par soirée. En même temps, elle enseignait au Couvent de Lorette de Rose-Hill.

C’était en 1964. Marie-Josée Baudot sera derrière le micro durant quatre ans seulement. Son dada, c’est la cause des femmes : «J’ai animé des magazines pour les femmes pour faire prendre conscience des problèmes que cette catégorie de citoyens rencontraient dans leur quotidien. J’ai aussi animé ‘Avis de Recherche’ en collaboration avec Jean-Claude Gébert».

Puis, c’est le coup de foudre. Après la radio, c’est la télé à plein temps : «La direction m’avait approchée en 1968 pour faire de la télé. J’ai dû, alors, abandonner le professorat».

Ainsi, commence une passion à la télévision noir et blanc. Ses collègues d’alors se nomment Monique Bellepeau, Padma Gubhurrun, Manda Bolell, Nella Rivière.

Avec une rémunération de Rs 75 par soirée de présentation, elle se devait d’assurer elle-même les frais de sa coiffeuse, de ses vêtements et de son taxi qui la ramène chez elle à Rose-Hill après le boulot.

En direct sans script

Sa première apparition sur le petit écran ? «C’était le 1er novembre 1968. Un dimanche. J’avais fait la radio le matin et l’après-midi, j’étais à la maison quand le téléphone a sonné. Yacoob Bahemia m’a demandé de revenir à la MBC pour faire la télé car il n’y avait personne ce jour-là pour assurer l’émission télé. Je l’ai fait sans trac ; c’est le lendemain que j’ai commencé à bafouiller».

Il faut dire qu’à cette époque, le script n’existait pas à la MBC, «il fallait lire sur des bouts de papier, parfois improviser et en direct». Les années passent. De simple speakerine, elle devient réalisatrice de documentaires, animatrice de directs jusqu’à ce qu’elle disparaisse du petit écran pour se consacrer à la programmation en général et ce, jusqu’à ses adieux à la MBC en 2000.

La promotion tant attendue n’est venue que le jour où elle a soumis sa démission pour aller voir ailleurs. «J’ai attendu une douzaine d’années pour être titularisée responsable de la radio», dit-elle avec dépit. Est-elle quelque peu aigrie ? Elle hésite avant de lâcher : «Il y a eu certaines déceptions, des trahisons, mais je ne me suis jamais attardée sur des petitesses. La gloire, les titres m’importent peu».

Quel regard Marie-Josée Baudot jette-t-elle sur la libéralisation des ondes ? «Il y a du bon et du moins bon. Je constate un goût pour la facilité et la course à l’audimat et à l’argent. On ne réfléchit pas à l’importance de son auditoire. On propose des émissions trop commerciales », répond-elle. Le public semble aimer, pourtant ? Elle a ceci à dire : «On prend l’auditoire pour des gens bêtes. Est-on obligé de gueuler et de lancer des injures à son auditoire ? Je constate aussi que le vedettariat a pris le dessus sur la qualité et qu’il existe quelques tonneaux vides derrière les micros. Heureusement, il y a des exceptions.»

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Politicienne manquée

Petite anecdote : alors qu’elle vient de mettre au monde François, son premier enfant âgé aujourd’hui de 31 ans, un parti politique l’approche et lui offre un ticket pour les élections de 1976. «J’ai refusé, car je n’étais pas prête pour la chose politique», dit Marie-Josée Baudot, née Hervel. Par contre, son mari, José a été conseiller municipal de Curepipe pour le MSM.

Elle restera donc solidement ancrée à la MBC à animer, préparer des émissions, tout en étant mère de famille. Après François, sont venus Charles, 28 ans, et Odile, 27 ans. Elle n’est pas encore grand-mère à 60 ans. «Cela ne saurait tarder», dit-elle en nous gratifiant de son rire contagieux.

Si elle est une politicienne ratée, Marie-Josée Baudot se devait se consacrer à l’enseignement. Après des études primaires, elle fait ses classes au Couvent de Lorette de Rose-Hill jusqu’à son HSC : «Je suis revenue à ce collège pour enseigner les langues dont le latin et la géographie». Jusqu’à ce qu’elle attrape le virus de la radio. Après son passage à la MBC, elle se consacre maintenant aux jeunes filles qui quittent les maisons de redressement et qui ne savent où aller. «Au Foyer Duponsel à Curepipe, nous accueillons une soixantaine de filles majeures, nous les hébergeons, nous leur trouvons du travail jusqu’à ce qu’elles puissent voler de leurs propres ailes», explique cette femme encore pleine de vie.

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