Certes, le nom magique de Gandhi a été, pour elle, un excellent viatique pour se hisser, avec beaucoup de difficultés il est vrai, au faîte du pouvoir après l’assassinat de son mari, alors Premier ministre, dans des conditions épouvantables.
Mais le fait qu’elle est une femme, de surcroît une étrangère dans un pays gigantesque et traditionnel, le fait qu’elle a renoncé à ce même pouvoir – pour des raisons de sécurité ou pour mieux préparer le terrain politique à son fils Rahul, peu importe – font d’elle un personnage quasiment mythique déjà.
C’est une petite Italienne devenue une grande dame qui foulera le sol mauricien demain.
Sonia Gandhi est devenue un ‘role model’ pour les femmes. Les Mauriciennes devraient s’en inspirer afin qu’elles puissent, elles aussi, repousser les limites dans lesquelles la société voudrait bien les cantonner.
La visite de Sonia Gandhi resserre davantage les liens qui unissent l’Inde à Maurice sur les plans culturel et sentimental. Ce qui devrait créer des conditions appropriées pour une coopération économique accrue entre les deux pays. Parce que lorsqu’on se connaît bien, on peut mieux faire des affaires ensemble.
Dans les domaines informatique, textile et culinaire – pour ne citer que ceux-là – les grands pays industrialisés ont validé depuis belle lurette le savoir-faire indien. Pour les exportateurs de la Grande Péninsule, c’est un certificat de passage qui leur permet d’écouler leurs produits dans des pays jusque-là réticents, en grande partie à cause des préjugés, à le faire. À Maurice même, le ‘Made in India’, jusqu’à tout récemment, n’avait pas la cote. Tout cela a changé. La Cybercité est bien là et fait à elle seule du PR pour l’Inde.
Bien sûr, l’Inde produit pratiquement de tout. Maurice ne sait pas très bien ce qu’elle pourrait lui exporter. Ce qu’on pourrait faire, c’est importer davantage de matières grises indiennes, relativement bon marché, qui sont déjà présentes, par exemple, dans les secteurs informatique et médical.
Sonia Gandhi vient inaugurer le Rajiv Gandhi Science Center. Or, la science chez nous périclite. C’est dramatique. La coopération entre les deux pays devrait porter sur l’impulsion à donner à Maurice aux sciences dites dures.
Des capitaux en provenance des Non Resident Indians transitent dans l’offshore mauricien avant d’atterrir en Inde. Ils contribuent à faire vivre ce secteur.
L’Inde pourrait nous aider dans la surveillance de nos eaux territoriales, dans l’encadrement de nos forces de l’ordre. Elle pourrait aussi faire cause commune avec nous sur certains dossiers sur le plan international.
C’est pourquoi, en donnant à la venue du chef du Congrès indien l’allure d’une visite de chef d’État, le gouvernement a été bien inspiré.
Sonia Gandhi, même si elle est en retrait par rapport à l’exercice du pouvoir, inspire son parti et a une grande influence sur celui-ci. Le Mahatma, qui n’a jamais eu aucun poste officiel en Inde, a pourtant pesé grandement sur les événements qui ont façonné son pays. Ce serait abusif de comparer Sonia Gandhi à cette grande âme. Elle pourrait, toutefois, avec son regard ‘extérieur’, tenter de secouer les conservatismes, les archaïsmes dont est pétrie l’Inde.
Sonia Gandhi ne restera que vingt-quatre heures sur notre sol. Gageons que cette visite éclair ne passera pas inaperçue parce qu’elle sera remplie d’émotion. Parce que c’est l’Inde, parce que c’est Maurice.