Paul Bérenger estime que le projet de CT Power n’est pas «viable».
Somduth Dulthumun se demande pourquoi il y autant de polémiques autour de la mise en place de la centrale à charbon.
Le projet de centrale à charbon, dont le but est de produire de l’électricité, fait toujours parler de lui. Cette semaine, c’est Paul Bérenger et Somduth Dulthumun qui ont alimenté la polémique.
Une lueur à travers les nuages du… charbon. Un espoir pour ceux qui ne veulent pas voir la construction et la mise en opération du coal power de CT Power ? Peut-être. Peut-être pas. Les détracteurs de ce projet ne se prononcent pas… pour l’instant.
Si de nombreux développements ont eu lieu ces derniers jours, dans le sillage de la grève de la faim menée par l’activiste écolo, Jeff Lingaya (à laquelle il a mis fin le mardi 5 février), rien n’est encore certain : le combat continue, estiment les activistes anti-charbon. Et en cette fin de semaine, le mouvement écologique a dû faire face à deux types de réaction : un soutien et une critique.
Paul Bérenger, de retour au pays le jeudi 7 février, après des examens médicaux en France, a animé une conférence de presse le lendemain. Tout en faisant le point sur sa maladie – il souffre d’un cancer à l’amygdale gauche – le politicien a tenu à commenter l’affaire CT Power. L’homme estime que ce projet ne tient pas la route. Catégorique, il a affirmé que «le projet ne se fera pas» : «D’abord à cause des conditions que le tribunal de l’environnement a attachées à ce projet. Il n’est plus viable. Ensuite, trop de temps a passé. D’autres projets ont déjà été réalisés ou sont en voie de l’être. Le gouvernement a mal agi sur ce dossier.»
Il a également tenu à mettre en garde ceux qui veulent donner «une couleur communale» à ce dossier. La veille, c’est Somduth Dulthumun qui a donné son point de vue sur la question alors qu’il animait, lui aussi, un point de presse sur ce qu’il estime être du «harcèlement contre des membres de la communauté hindoue» de la part de la presse (voir horstexte). Porte-parole d’un Hindu Common Front, regroupant différentes associations socioculturelles, le président de la Mauritius Sanatan Dharma Temples Federation (MSDTF) dit ne pas comprendre la polémique entourant ce projet.
«En otage»
Il y a quelques mois, l’homme s’était exprimé contre la Plateforme citoyenne (composée de l’Action civique d’Albion Plage et du Mouvement civique de Pointe-aux-Sables) qui se bat contre la construction de la centrale à charbon à Pointe-aux-Caves. Il déclarait en octobre 2012 : «Un groupe de personnes ne peut prendre le pays en otage.»
Cette semaine, c’est dans la même veine que l’homme s’est exprimé, faisant écho aux propos de Navin Ramgoolam qui se demandait, il y a quelques jours : «Mais pourquoi sous l’ancien gouvernement, personne n’avait protesté contre l’utilisation du charbon ? Y a-t-il deux types de charbon ? Charbon noir et charbon blanc ?» Somduth Dulthumun, lui, a fait part de ses interrogations : «Pourquoi autant de polémiques ? Où étaient les écologistes quand les cinq centrales ont été construites dans d’autres régions de l’île ? En quoi le projet de CT Power est-il spécial ? Quel message envoyons-nous aux investisseurs étrangers ? La centrale de CT Power n’est pas plus polluante que les autres. Les émissions de carbone peuvent être contrôlées. Cette centrale serait bénéfique pour toute la population.»
Également présent, Navin Unoop, vice-président de la Voice of Hindu, qui a tenu à répondre à ceux qui accusent le front commun de sectarisme : «Nous ne sommes ni sectaires, ni racistes, ni communalistes, et encore moins extrémistes. Comme la presse, nous avons droit à la liberté d’expression.»
Si CT Power a désormais en sa possession son permis Environment Impact Assessment (EIA) et peut aller de l’avant avec son projet, le mouvement de contestation ne faiblit pas pour autant. Demande de Judicial Review, décision de la National Energy Audit Commission (NEAC) de se pencher sur ce dossier et campagnes de sensibilisation menées à travers l’île par la Plateforme citoyenne et Jeff Lingaya, élan de solidarité national envers les militants écologistes… Les activités prévues sont donc multiples et laissent à penser que l’espoir est toujours permis.
La National Energy Commission ne chôme pas
La deuxième demande de Jeff Lingaya sera approuvée le 12 février. Après la mise en place de la National Energy Commission (une requête du gréviste de la faim), les contrats des Independent Power Producers (IPP), y compris celui de CT Power, seront rendus publics le 13 février.
C’est la commission, qui s’est réunie le vendredi 8 février, qui l’a décidé. Une prochaine réunion de cette instance est prévue pour le mardi 12 février. De plus, la National Energy Commission a décidé de lancer bientôt une invitation aux Mauriciens pour que ces derniers se prononcent sur la politique énergétique de l’île et fassent des propositions.
Les «anti-charbon» poursuivent le combat
Le mot d’ordre : conscientiser. C’est pour cela que les militants anti-charbon ont organisé différentes activités dans la capitale, hier. Un programme ludique pour sensibiliser le maximum de personnes aux dangers du charbon.
De plus, en cour, la Plateforme citoyenne, qui réclame une Judicial Review de la décision de l’Environment Appeal Tribunal en faveur de CT Power, a mis en lumière un cas de conflit d’intérêts présumé : l’un des assesseurs de l’Environment Appeal Tribunal fait partie des conseils légaux du CEB, principal partenaire de CT Power.
Jeff Lingaya : toujours au front
Treize jours sans manger pour dire «non» au projet de centrale à charbon. C’est le mardi 5 février que Jeff Lingaya a mis fin à sa grève de la faim. Néanmoins, même si son action est terminée, le jeune homme continue son combat, de concert avec la Plateforme citoyenne. Il estime que «cette lutte est celle de tous les Mauriciens» : «Chaque individu peut apporter sa contribution pour une politique énergétique. Je dois dire qu’il n’y aura pas de CT Power.»
Patrick Assirvaden fait un appel à l’opposition
Le président du Labour Party demande des offres d’alternative au projet CT Power. C’est ce qu’il a déclaré, hier, lors du point de presse du Parti travailliste. Il a également demandé au MMM de préciser sa position quant au projet de centrale à charbon. Position qui ne serait pas claire, selon lui. «Paul Bérenger avait déclaré, à l’Assemblée nationale, que le pays n’avait pas d’autre choix que d’avoir recours à une coal clean technology pour répondre à ses besoins en énergie», rappelle Patrick Assirvaden, tout en précisant qu’Alan Ganoo et Pravind Jugnauth avaient pris position contre le projet, il y a une semaine.