Dany, le visage tuméfié, montrant ses blessures à l’épaule
Jamais deux sans trois, dit-on. Dany Bayaram, 23 ans, frère cadet de Josian Bayaram décédé dans une cellule du poste de police de Pointe-aux-Cannoniers le 21 juillet 2001, allègue qu’à deux reprises des policiers l’ont agressé à Péreybère et à Pamplemousses. C’est la troisième fois en trois ans qu’il est brutalisé par des policiers, dit-il.
Selon Dany Bayaram, les faits remontent à dimanche dernier. Ce jour-là, raconte-t-il, un couple français était invité à dîner chez lui. Le dîner terminé, il a accompagné le couple français à leur bungalow en compagnie de son beau-frère Vishal. Le couple français a quitté le pays jeudi dernier.
C’est sur le chemin du retour qu’il a été, selon lui, une première fois agressé : «Il était aux alentours de 22h30. Nous étions partis acheter des cigarettes à Péreybère après avoir pris congé de nos amis français quand un 4x4 de la police s’est arrêté à notre hauteur. L’un des occupants nous a demandé ce que nous faisions sur la route à cette heure de la nuit. Je lui ai dit qu’on rentrait chez nous».
Dany explique qu’un autre policier leur a alors demandé leurs noms. Après que son beau-frère et lui eurent décliné leur identité, un troisième homme est descendu du 4x4 et Dany lui a demandé s’ils n’avaient pas le droit de marcher à cette heure : «Nous étions à proximité d’un arrêt d’autobus. Le policier est venu vers moi et m’a bousculé. J’ai perdu mon équilibre et j’ai heurté le poteau indiquant l’arrêt d’autobus. Quand je suis tombé, ma tête a touché le sol».
Vishal, qui a assisté à toute la scène, a profité pour prendre la fuite : «Le chauffeur du 4x4 s’est mis à ma poursuite», nous dit Vishal. Dany soutient qu’il a alors, lui aussi, profité pour prendre la fuite. Les deux se sont retrouvés chez eux. Dany et Vishal habitent la même maison.
Peu de temps après, Dany et Vishal sont allés à l’hôpital car Dany souffrait, selon Vishal, de douleurs à la tête. Après avoir été examiné par un membre du personnel hospitalier, Dany est allé à la rencontre d’un policier qui était dans les couloirs du ‘casualty’ pour pouvoir récupérer un formulaire 58.
Les trois hommes se sont alors rendus au poste de police de l’hôpital : «Le policier avait commencé à remplir le formulaire en y inscrivant la date. Quand je lui ai dit que je m’appelle Dany Bayaram, il a déchiré le formulaire».
Lise Bayaram révoltée
Dany et Vishal expliquent que la situation s’est empirée. «Le policier n’a rien voulu me dire lorsque je lui ai demandé des explications. Il s’était d’ailleurs mis en colère», soutient Dany. Il ajoute que le policier lui a «donné un coup de ceinture et deux coups de poing au visage» lorsqu’il a insisté pour avoir des explications et pour rentrer chez lui en ambulance. «Nous sommes rentrés chez nous à pied aux alentours de 06h30», relate Vishal.
L’un des préposés du ‘Police Press Office’ (PPO) nous donne la version de la police : «Dany Bayaram n’a pas été brutalisé par des policiers. Il était déjà blessé en arrivant à l’hôpital. Il faisait du bruit. S’il n’avait pas été blessé, les policiers de l’hôpital l’auraient arrêté pour ‘disturbance’. On lui a alors donné un warning». Dany Bayaram récuse la version du PPO : «Ce sont deux policiers qui m’ont agressé et non d’autres personnes».
Lise Bayaram, la mère de Dany, est révoltée : «Ça fait trois ans que nous vivons le martyre après la mort de Josian. Les policiers ne peuvent pas continuer à nous harceler. Je vais demander une rencontre avec le Premier ministre et le Commissaire de police à ce sujet car c’est la troisième fois que Dany se fait agresser par des policiers depuis la mort de Josian».
La mère du défunt a intenté un procès à l’État et à la police après la mort de Josian. Lise Bayaram croit dur comme fer que son fils ne s’est pas suicidé mais qu’il a été brutalisé en cellule avant de rendre l’âme. L’affaire est entendue en Cour suprême.