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Harish Boodhoo s’attaque aux prescriptions de terrains

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Défendre les victimes de vol de terrains. C’est le nouveau combat d’Harish Boodhoo

Les malhonnêtes qui cherchent à s’approprier le bien de leur prochain n’ont qu’à bien se tenir. Harish Boodhoo les attend au tournant. En effet, après avoir mis à jour le scandale lié à la vente à la barre (voir texte en page 13), l’homme de Belle-Terre s’attaque aux prescriptions de terrains .

C’est ce qu’il a déclaré vendredi dernier lors d’une conférence de presse. Quatre membres de la famille Labavarde étaient présents à ses côtés. «Sa système la fine fer beaucoup victime qui pena couraz pu alle get avoué et avocat. Gouvernement bizin prend tou en main et donne bane victimes avocat et avoué», a-t-il dit.

On a du mal à comprendre la présence des Labavarde aux côtés d’Harish Boodhoo au moment même où il annonce qu’il défend les victimes de prescription de terrain. Vu que les Labavarde ont cherché à prescrire un terrain dont Jean-Denis Nam Cam affirme être le propriétaire, c’est plûtot ce dernier qui aurait du être aux côtés d’Harish Boodhoo.

Toutefois, les Labavarde allèguent que ce sont eux qui ont été victimes du vol de leur terrain. Ils ont été expulsés de ce terrain à Arsenal il y a deux semaines suite à un ordre de la Cour. Jean-Denis Nam Cam a eu gain de cause devant la justice.

Alors que les Labavarde affirment que ce terrain appartient à leur famille depuis 122 ans, Jean-Denis Nam Cam soutient le contraire: «Document à l’appui, un jugement en ma faveur, le terrain est à moi». Il nous a déclaré la semaine dernière que le terrain d’Arsenal appartenait à son grand-père, Wung Kee Nam Cam, depuis 1942: «À sa mort, mon grand-père a légué le terrain à mon père qui me l’a légué à sa mort en 1984».

Jean-Denis Nam Cam affirme que c’est à son retour d’Australie en 1989 où il s’était rendu en 1987 pour «des raisons personnelles» qu’il a constaté que des maisonnettes avaient été construites sur son terrain.

Les Labavarde soutiennent, pour leur part, que le titre de propriété de «leur» terrain a avait été mis en gage par leur arrière grand-mère et n’a jamais été récupéré. «C’est pour cela que nous avons décidé de precrire il y a 15 ans», déclare Jean-Claude Labavarde.

C’est en faisant la demande de prescription que la famille Labavarde s’est heurtée à la contestation de Jean-Denis Nan Cam.

Les Labavarde ont entré une affaire en Cour pour demander la réouverture du dossier concernant le terrain car ils estiment avoir été privés de leur droit constitutionnel d’être représentés par un avocat lors du procès en appel du jugement en faveur de Jean-Denis Nam Cam. L’affaire sera entendue le 15 novembre prochain.

«Nous ne sommes pas des voleurs»

Cela fait maintenant deux semaines que les Labavarde sont à la rue. Ils refusent le terrain que l’État leur a proposé et réclament une commission d’enquête sur leur cas.

«Le gouvernement, par l’intermédiaire du ‘Trust Fund for the Integration of Vulnerable Groups’ ,a proposé à la famille Labavarde un terrain de l’État à 50 yards de l’endroit où ils habitaient. Mais ils ont refusé catégoriquement. Le Trust Fund était même prêt à y faire construire quatre solides maisons en tôle et en bois. Ce n’était qu’une solution temporaire en attendant le jugement de la Cour», explique Darma Mootien, président du Trust Fund.

Pourquoi avoir refusé l’aide du gouvernement ? «Nous n’allons pas bouger de là. Si le gouvernement ne peut pas casser une décision de justice, il peut au moins mettre sur pied une commission d’enquête pour faire la lumière sur cette affaire et nous permettre, entre-temps, de réintégrer nos maisons», déclare Mireille Rioux, née Labavarde.

Pour elle et pour les autres membres de la famille, accepter le terrain et les maisons proposés par le gouvernement pour les reloger équivaut à accepter qu’ils sont des voleurs. «Nous ne sommes pas des voleurs. Le terrain d’où nous avons été expulsés est bien le nôtre et nous allons le prouver par tous les moyens», affirme Mireille en haussant le ton.

Toutefois, elle déclare que la famille souhaiterait occuper le terrain de 50 perches qui se trouve à côté du lopin de terre d’où elle a été expulsée: «C’est le seul endroit où nous accepterons d’habiter jusqu’à ce que nous obtenions justice. Nous ne voulons pas d’un autre terrain ou d’appartements NHDC».

Une pelle sur la tête

Pendant que sa tante se lamente sur le sort des cinq familles Labavarde expulsées de leurs maisons à Arsenal il y a deux semaines, David, 2 ans, le petit dernier de la famille Labavarde affiche une insouciance propre aux gosses de son âge. Il trottine entre les meubles et les appareils électroménagers éparpillés dans la rue, pieds nus et une pelle sur la tête. Il quitte la rue où la boue et les flaques d’eau se sont accumulées à cause du temps pluvieux des derniers jours, traverse des buissons, pénètre sur le terrain où se trouve la maison où il habitait.

Là aussi, la terre est détrempée et des détritus jonchent le sol çà et là. Cela n’arrête pas David. Il erre parmi les poules en liberté dans la cour et va taquiner les trois chiens qui paressent à l’ombre d’un jacquier. Le petit garçon doit bien s’occuper. Les huit autres enfants des familles Labavarde ont repris le chemin de l’école lundi dernier.

«Ils ont reçu des sacs à dos, du matériel scolaire et des uniformes de Cehl Meeah. Nous avons aussi essayé de récupérer quelques livres et cahiers qui ont été épargnés par la pluie. Pour le reste, les enseignants sont très coopératifs», soutient Mireille.

Dans l’air humide flotte une odeur de moisi et de terre mouillée. Les meubles et équipements électroménagers s’abîment à force d’être exposés aux intempéries. Les matelas sont mouillés. Le prélart censé protéger la famille des humeurs du temps ne suffit pas. Mais les Labavarde ne veulent toujours pas bouger. Ils préfèrent demeurer à la belle étoile «en attendant d’obtenir justice».

Et David, gai et pétillant de malice, s’approche avec un grand sourire. Mais il est clair qu’il serait mieux avec un toit sur la tête.

Par Michaëllla Coosnapen/Christophe Karghoo

et jean Marie gangaram

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