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Sale by levy : les présumées victimes parlent d’acte d’intimidation

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Sir Victor Glover (au milieu) et ses deux assesseurs écoutant attentivement Clarel Tuyau qui est venu témoigner contre l’avoué d’une banque.

Côté pile : elles ont témoigné devant la commission d’enquête sur la vente à la barre (sale by levy) contre les avoués qu’elles accusent d’être responsables de tous leurs maux. Côté face : les avoués contre-attaquent à coups de poursuite au civil. Les présumées victimes parlent d’intimidation de la part de ces hommes en noir. Mais elles peuvent se rassurer. Sir Victor Glover, président de la commission d’enquête, a expliqué que ceux qui ont témoigné devant la commission d’enquête ne pourront être poursuivis par, entre autres, les avoués dont les noms ont été cités.

Le mardi 14 septembre dernier, un avoué, Me Afzal Agowan, a été arrêté par la Commission anti-corruption (ICAC). Six chefs d’accusation pèsent sur lui sous la section 6(4) de la Prevention of Corruption Act’. L’homme de loi a été libéré après avoir fourni une caution et signé une reconnaissance de dettes.

L’avoué Iqbal Dauhoo a été arrêté le 20 septembre. Il a été libéré après avoir fourni une caution et signé une reconnaissance de dettes.

Me Iqbal Dauhoo réclame, pour sa part, Rs 50 millions à deux personnes qui ont témoigné contre lui devant l’ICAC.

«Bane victimes pé per pu vine dépozé devant commission d’enquête aster. Mardi dernier, quatre personnes ti absent. Sa pé montré ene la per ki pé installé parmi bane victimes. Li dan zot l’intérêt ki zot vine dépozé».

C’est la déclaration que nous a faite Hassenjee Ahmod, porte-parole des victimes du système de la vente à la barre, après avoir eu vent que les avoués dont les noms ont été balancés par des victimes devant la commission d’enquête allaient entamer des poursuites contre ces dernières.

Un homme révolté

Hassenjee Ahmod a, lui, aussi témoigné devant la commission d’enquête. Il avait pris un emprunt de Rs 5 millions pour ouvrir une boulangerie. Il devait rembourser la somme empruntée sur une période de cinq ans. Mais, à un certain moment, il a éprouvé des difficultés à rembourser. Ses biens ont été vendus à la barre. Il a blâmé un avoué devant la commission «C’est une honte que les avoués envisagent des poursuites contre les victimes qui ont déposé contre eux. Les victimes ont déjà tout perdu. S’il y a une justice dans ce pays, elle ne doit pas être ‘only one-sided’. »

Hassenjee Ahmod va plus loin dans ses déclarations : «Mo met en garde la ‘Law Society’ (Ndlr : association regroupant les avoués) si zot continié servi langaz menaçant li pu bien chagrinant pu zot en mem temps mo fer ene appel pressant au commissaire de Police et à l’ICAC pu ki zot alle fer l’enquête lor bane lezot avoué ki zot nom fine cité devant commission».

Jeudi dernier, les noms d’autres avoués et casseurs ont été cités devant la commission. Des huit témoignages entendus ce jour-là, celui de Christianne Rousseau, une habitante de Mont-Roches, a ému plus d’un. Les larmes de cette veuve ont fait frissonner. Elle explique que son époux avait pris un emprunt de Rs 6,6 millions pour lancer un atelier à Pailles. Son mari, dit-elle, éprouvait des difficultés à rembourser au début. La dette s’élevait à Rs 9 millions.

Quand son époux meurt d’un cancer en 1997 c’est le drame, dit-elle. L’atelier est mis en vente à la barre même si elle a tenté de négocier avec la banque de laquelle son époux avait contracté l’emprunt : «Le jour de la vente, un acheteur a proposé Rs 5 millions mais un avoué a fait une surenchère de Rs 500 000.»

C’est la banque, dit-elle, qui est cependant devenue acquéreur de l’atelier. L’épreuve, déjà douloureuse de Christianne Rousseau, devient insoutenable quand les employés de son époux lui intentent un procès pour réclamer des indemnités : «J’ai tout perdu. Il y a des jours où j’ai dû me nourrir de pain rassis. J’ai vécu sept années de souffrance.»

Le témoignage de Rajcoomaree Sham, une habitante de Goodlands, a aussi ému ceux présents jeudi dernier. Cette veuve a relaté le calvaire qu’elle a vécu quand son terrain fut hypothéqué pour un emprunt de Rs 100 000, somme qu’elle n’a jamais touchée, précise-t-elle.

La commission reprend ses travaux mardi prochain.

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La ‘Law Society’ ouvre une antenne

Les avoués vont faire dans le bénévolat. Une antenne spéciale sera ouverte bientôt pour indiquer gratuitement aux gens toutes les procédures concernant les emprunts. Cette décision a été prise vendredi dernier. Me Theyvarajen Ponamballum avait présenté une motion dans ce sens lors d’une réunion de la ‘Law Society’.

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Les avoués écrivent au DPP

La ‘Law Society’, association regroupant les avoués, réplique. Elle a écrit au Directeur des Poursuites Publiques (DPP) mercredi dernier pour savoir s’il n’y a pas de cas de ‘misreporting’ dans la presse. Les avoués ont eu l’assurance de sir Victor Glover qu’il n’y a pas de ‘prima facie case’ contre ceux dont les noms ont été cités devant la Commission d’enquête. À vendredi dernier et ce, depuis le début des travaux de la commission d’enquête sur la vente à la barre, deux avoués - Mes Afzal Agowan et Iqbal Dauhoo - ont été arrêtés. Nous n’avons pu avoir une déclaration de ces deux avoués. A chacun de nos appels, leurs secrétaires, nous ont affirmé qu’ils n’étaient pas à leurs cabinets respectifs. . Les noms d’autres avoués, dont ceux de Mes Ayesha Jeewa, secrétaire de la ‘Law Society’, et Kader Rajah, ont été cités devant la commission. Ils jouent, eux aussi, aux abonnés absents.

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Pourquoi les enchères le jeudi ?

Depuis plus d’une centaine d’années, les enchères à la Master’s Court se font le jeudi. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’à l’époque, les commerçants fermaient boutique à midi le jeudi, ce qui leur permettait d’aller ‘en ville’ pour régler les affaires courantes les concernant. Ainsi, ils arrivaient dans la capitale aux alentours de 13h30 ; c’est pourquoi la vente aux enchères avait lieu chaque jeudi à cette heure, nous a déclaré Me Theyvarajen Ponambalum.

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Harish Boodhoo va à Rodrigues

La vente à la barre fait aussi, semble-t-il, des victimes à Rodrigues. C’est pour cette raison qu’Harish Boodhoo se rend, dit-il dans l’ile demain pour faire un constat. Il rentre au pays ce jeudi. «Exploitation pli grand la bas. Mo espéré bane frer rodriguais pa per pu cozé». L’homme de Belle Terre a fait la déclaration suivante vendredi dernier lors d’une conférence de presse. Il a aussi déclaré qu’il organisera un grand meeting devant la Cour suprême quand le rapport de la commission d’enquête sera rendu public.

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